mercredi 14 avril 2010 par Le Nouveau Réveil

Cela fait trois jours que les chauffeurs de transport en commun observent un arrêt de travail et donc trois jours que les commerçants grincent des dents, tant leurs activités sombrent. Dans la matinée du 13 avril au marché Gouro à Adjamé, l'espace est moins grouillant et animé que de coutume. Martine, une vendeuse de banane, assise sur un banc de fortune, devise avec sa collègue. Les deux femmes ne sont pas rentrées la veille - le premier jour de la grève des chauffeurs de taxis en commun- à leur domicile. Et pour cause, la première citée n'a pas pu atteindre son domicile situé à Abobo derrière rails, un quartier populaire, en raison de la grève des chauffeurs de transport en commun et surtout de la distance à pied qui relie le marché à son domicile. " Hier, je n'ai pas pu rentrer à la maison parce que j'ai reçu ma marchandise (Ndlr : les régimes de banane). Comme il n'y avait pas de transport, j'ai appelé mes enfants et j'ai rangé ici mes bananes avant de me coucher sur le banc que vous voyez ". En termes clairs, Martine a passé la nuit au marché Gouro, à la belle étoile en confiant sa sécurité au Bon Dieu. " Moi, j'ai marché de Yopougon au sable jusqu'ici. Donc quand j'ai fini de travailler, hier (Ndlr 12 avril) vers 18 heures, j'ai préféré dormir ici ", renchérit sa collègue, avant d'ajouter avoir vendu que pour six mille francs.

Pas de clients
Au niveau de la clientèle, le constat est très amer pour les commerçants toutes tendances confondues. Bakayoko Mariam, vendeuse de poisson fumé en fait les frais des journées sans transport. " J'ai pu acheminer mon poisson au marché en venant par le bus. Mais les clients se font rares. Vous voyez, tous ces poissons risquent de pourrir dans mes mains si je ne les écoule pas ", s'inquiète-t-elle. A l'en croire, avant la grève, elle pouvait avoir un bénéfice de quarante mille francs par jour dans son commerce. " Hier, j'ai vendu pour dix mille francs " nous a-t-elle confié en priant pour que tout revienne à la normale. Avant de rentrer par le bus à son lieu d'habitation sis à Treichville, Martine négocie avec un vendeur possédant un magasin pour y déposer la marchandise invendue. Elle aussi s'en remet aux forces divines afin que tout rentre dans l'ordre. Ibrahim, boucher de son état, n'est guère à l'abri des conséquences de ces journées. Raison pour laquelle, il a réduit le ratio de viande à vendre par jour. Car sa marchandise ne s'écoule plus aussi facilement depuis quelques jours. Selon lui, les principaux clients viennent depuis quelques jours au compte-gouttes. Ils sont essentiellement composés de ceux qui empruntent le bus marqué Tb (Taxi bagage) ou qui vivent dans les quartiers environnant le marché. En attendant qu'un compromis définitif soit trouvé entre le comité de crise des syndicats de transport et la tutelle, les commerçants subissent en silence les affres de l'augmentation du prix du carburant et de la grève des chauffeurs de transport en commun.
Cinthia R Aka






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