mercredi 14 avril 2010 par Le Nouveau Réveil

Après la soirée de distinction des artistes, appelée Summum 2010, l'humoriste Zongo félicite ici les initiateurs. Mais déplore aussi le contenu du prix qui lui a été décerné, à savoir la somme de 200 000 francs Cfa.

M. Zongo, vous avez été lauréat de Summum 2010 dans la catégorie humoriste. Quels sont les sentiments qui vous animent après avoir reçu ce prix ?
C'est un sentiment de joie, de fierté. C'est pour moi, une façon de réaliser que le travail que j'abats est observé par les uns et les autres et cela me fait beaucoup plaisir

Est-ce que le contenu de ce prix qui est de 200 000 francs vous satisfait?
Je ne sais pas si la responsabilité revient aux organisateurs ou aux sponsors. Je commencerai d'abord par dire que j'apprécie l'initiative, le fait qu'ils aient eu l'idée de penser à un prix pour récompenser les artistes et les amener à travailler davantage. Le seul fait de se voir distinguer, c'est déjà une bonne chose. Mais la Côte d'Ivoire mérite d'avoir un prix qui a du prestige. Le pays mérite des prix qui peuvent changer la vie des artistes. On voit des événements comme Miss-ci où les lauréats reçoivent des véhicules, des maisons, des lots beaucoup plus importants. Je pense que pour les artistes qui ont la capacité de soigner, de réconcilier les populations, on mérite un peu plus que ça.

Avez-vous constaté des faiblesses dans l'organisation de cette cérémonie ? Qu'est-ce qui n'a pas marché?
Je tire mon chapeau à Serges Fatoh, l'animateur de cette cérémonie qui a usé de son savoir-faire pour sauver beaucoup de situations dans cette cérémonie. C'est une ?uvre humaine, elle ne peut pas être parfaite. Il y a eu beaucoup de ratés mais je pense aussi qu'il y a eu des ratés qu'on pouvait éviter. J'étais peiné de voir que des gens qui devraient remettre des prix à des lauréats n'étaient pas présents et les organisateurs ne savaient pas cela. C'est un peu choquant pour une émission qui passe en direct à la télévision, sur plusieurs chaînes du monde.

On vous a récompensé pour le métier que vous faites. Mais est-ce que ce grand talent que vous avez, vous permet de vivre aisément ? Est-ce que c'est un métier à conseiller ?
Je pense que le bonheur, ce n'est pas de tout avoir. Le bonheur, c'est d'avoir le minimum qui puisse nous empêcher de tomber dans le camp de la mendicité. Aujourd'hui, par la Grâce de Dieu, mon métier me permet de scolariser mes enfants, d'avoir le minimum dont j'ai besoin pour vivre. Je peux dire que c'est un métier noble. Mais le métier vous revoie ce que vous lui envoyez comme considération, comme engagement, comme respect et comme sérieux. Je ne suis pas venu à l'humour parce que j'ai tout raté dans ma vie. Je suis venu par conviction. Donc, s'il y a des jeunes qui veulent s'engager dans ce métier, qu'ils viennent par conviction

Qu'est-ce que vous, humoristes, attendez de l'Etat ?
Moi, je pense que la première des choses que, moi, j'attends, c'est des humoristes. Qu'ils prennent leur métier au sérieux. Il faut qu'on s'organise, qu'on se mette dans une position qui oblige les gens qui sont en face de nous, à nous respecter. A ce moment, on pourra faire des revendications. S'il y a des choses à demander à l'Etat, c'est au niveau de l'ensemble des artistes qu'il faut le faire. Je demande à l'Etat de Côte d'Ivoire de signer un décret contre la piraterie pour que nous puissions vivre dignement de ce qu'on fait.

Que pensez-vous des artistes qui mettent leur art au service du politique ?
Chacun a sa mission. Aujourd'hui, certains pour des raisons qui leur sont propres décident de s'engager dans des raisonnements politiques. Chacun encaissera les conséquences des actes qu'il pose. Un artiste dans un pays, se doit de se mettre au-dessus de tout cela. Un artiste doit avoir l'honnêteté de dire ce qu'il a dire à tout moment. Un artiste engagé n'est pas quelqu'un qui a été payé pour dénigrer l'image des autres. Que les artistes s'engagent du côté des populations. La politique, ça tourne. L'idéal n'est pas de s'engager pour la cause d'un politicien. Je suis malheureux qu'il y ait la crise du carburant et que les Ivoiriens ne réagissent pas. Les gens ne s'engagent pas pour leur propre cause.
Interview réalisée par François Konan
Coll DJE KM



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