mardi 13 avril 2010 par Le Mandat

Au sortir d'une réunion avec ses avocats, le président du Directoire du Rhdp, Pr. Alphonse Djédjé Mady, s'est prononcé hier sur la convocation que lui a adressée le Commissaire du Gouvernement, Ange Kessy, l'invitant à se présenter ce mercredi au tribunal militaire pour témoigner de certains faits. Notamment, dans le cadre de la manifestation des militants de l'opposition qui a enregistré cinq morts à Gagnoa. Ces derniers ayant été tués par balles par une répression de l'armée ivoirienne. Le Pr Alphonse Djédjé Mady donne également les dispositions arrêtées par ses avocats dans cette affaire, avant de se prononcer sur l'actualité politique.


Vous sortez d'une réunion avec les membres du Rhdp concernant la convocation que vous avez reçue du Commissaire Ange Kessy. Que pouvons-nous retenir de cette rencontre ?

Les avocats du Rhdp ont le dossier entre les mains ; ils, font le distinguo entre convocation et invitation. Selon les papiers qu'ils ont je suis invité par M.Ange Kessy à porter témoignage sur certains faits. Mais il y a des dispositions de la loi en vigueur par rapport au tribunal militaire, puisque je ne suis pas militaire, par rapport aux attitudes qu'on doit tenir vis-à-vis des membres du gouvernement ou des anciens membres du gouvernement. Par rapport à cela, nos avocats ont écrit à M.Ange Kessy. Ils attendent donc la réponse que M.Ange Kessy leur donnera pour savoir si on répond ou on ne répond. Donc les avocats vont rencontrer Ange Kessy et de la réponse qui leur sera faite, ils nous diront la conduite à tenir.


En clair, cela veut dire que Mercredi prochain, vous ne serez pas chez Monsieur Ange Kessy ?

Ce mercredi, nous ne serons pas chez Monsieur Ange Kessy jusqu'à ce qu'il réponde à la démarche des avocats que nous avons commis. Et comme lui-même a mentionné sur son invitation que nous avons le droit de nous faire assister par des avocats alors, ces avocats sont en train de s'acquitter de leur mission. On attend que la loi soit respectée.


Avez-vous l'impression que Monsieur Ange Kessy respecte les consignes qui lui ont été données par le chef d'Etat major des Armées qui, recevant les femmes du Rhdp, a tenu des propos durs à votre encontre ?

Ecoutez, cela est un autre chapitre. Pour le moment, nous parlons de la réponse à faire à l'invitation de la Monsieur Ange Kessy. Le resteVoyez, il y a tellement d'écrits ; il y a des militaires comme lui, qui lui répondent, je préfère pour l'instant, rester dans le domaine qui est le mien. Je le laisse à ses cogitations.


Dans quel état d'esprit êtes-vous ?

Je suis serein. Pourquoi voulez-vous que je sois perturbé ? Il n'y a vraiment pas de problème à mon niveau. J'attends que les avocats nous disent la conduite à tenir.


Nous sommes face à un avocat militaire qui interpelle un civil, comment expliquez- vous cela ?

Je viens de vous le dire. Dans la démarche de nos avocats, c'est l'une des questions qu'ils lui (Ange Kessy) posent pour savoir pourquoi il veut m'entendre lui en tant que procureur militaire. Suis-je militaire ou qu'es-ce qu'il attend de moi? C'est à tout cela qu'il doit répondre, conformément aux textes en vigueur. Puisqu'il a un champ de compétence. Donc, entre les hommes de loi, ils se mettront d'accord sur la conduite à tenir. Mais moi, je suis serein en tout cas.


Il ne vous a pas encore reçu, mais selon certaines indiscrétions, il dit que vous avez envoyé les enfants des Ivoiriens à l'abattoir et que vous aurez appelé à l'insurrection. Qu'est-ce que vous en pensez ?

Ecoutez, cela n'engage que lui. Parce que je crois que l'insurrection dont il parle, elle est un droit constitutionnel aux partis politiques de manifester leur mécontentement. Maintenant, si c'est un droit constitutionnel pour l'armée de tirer à balles réelles sur la foule, nous verrons. Mais on n'est pas encore à ce stade.


Comment réagit le Rhdp à la réunion du Premier ministre et du président à l'issue de laquelle des déclarations ont été faites. Quelle réaction? Avez-vous adopté une position commune ?

Pour le moment, aucune réaction ! Parce que le texte officiel que nous avons lu dans la presse qui est une déclaration faite par le premier ministre, ne porte sur aucun point précis, aucune attitude pratique à tenir. Ils ont simplement dit qu'ils allaient contacter les uns et les autres, quand ils les auront contactés et qu'on saura ce qu'ils veulent exactement, à partir de ce moment, il y aura une réaction. Mais ce qu'il a dit officiellement ne peut nous permettre de prendre position. On attend venir. Pour le moment, nous nous en tenons à la conclusion que nous avons eue au moment où le président Blaise Compaoré, facilitateur de la crise est passé ici pour mettre fin à la crise de dissolution de la Cei et du gouvernement.


Le premier ministre a souligné que le président souhaitait la mise en place d'experts pour se pencher sur la liste électorale. Quelle est la position du Rhdp sur ce point-là? Est-ce la liste des 5,3 millions qu'il faut revoir ?

Pour nous, la liste des 5,3 inscrits est une liste fiable qui devra être revue conformément au protocole en vigueur. Il y a un protocole établi souverainement par l'Etat de Côte d'Ivoire, qui permet de contester des gens sur la liste blanche en apportant les preuves. Et c'est en fonction des preuves qu'ils apportent qu'une suite est donnée à leur requête. Alors comme nous ne voyons pas concrètement ce que les experts feront et sur quelle base ils vont travailler, nous n'allons pas plus vite que la musique. Nous attendons de savoir quel est le mandat réel qui sera donné à ces experts-là, en fonction de quel élément ils vont agir, qui ne ressortent pas du mode opératoire officiel que nous avons. Nous ne pouvons pas nous prononcer parce que, comme je le dis, il n'y a encore rien de précis. Tout est flou. On attend des précisions.


Monsieur le président, la situation s'effrite, le contentieux n'a pas repris, les élections sont au point mort. Que dites-vous au Rhdp ?

C'est un malheur pour la Côte d'Ivoire, c'est vraiment regrettable que la situation soit ce qu'elle soit et qu'on ne prenne pas en compte les préoccupations de la population. Mais, je pense que quand ils vont être un plus précis, peut-être, ça nous permettra d'avancer. Mais nous aviserons.

Propos recueillis par Lance Touré

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