mardi 13 avril 2010 par Nord-Sud

Le commissaire du gouvernement, Ange Kessy, persiste et signe : Alphonse Djédjé Mady, même civil et secrétaire général du Parti démocratique de Côte d'Ivoire, passera devant le tribunal militaire. Pour répondre du mot d'ordre de marche qu'il a lancé en février et qui s'est soldé par des morts. Ange Kessy l'a réitéré hier à l'antenne de l'Onuci-Fm.


La gendarmerie de Yamoussoukro a saisi récemment des marchandises que transportaient des éléments de l'Onuci ; marchandises qualifiées à l'époque de prohibées, de quoi s'agissait-il exactement ?

Ces marchandises prohibées sont effectivement des cartouches de cigarettes, couteaux, des machettes désignés par eux-mêmes comme des objets d'ornements ou qu'ils devaient offrir en cadeau à leurs familles. Maintenant, en ce qui concerne l'arrestation, la situation était telle que la gendarmerie a ouvert une enquête au cours de laquelle six militaires de l'Onuci, d'origine jordanienne, ont été interpellés. Contrairement aux règles de l'art, ils ont été arrêtés, entendus et remis à leurs autorités respectives.


En définitive, ces marchandises ont été remises à l'Onuci ?

Ces marchandises ont été remises à l'Onuci conformément aux dispositions prévues par les accords qui régissent l'Onuci en Côte d'Ivoire.


Que répondez-vous, commissaire, à ceux qui ont parlé à l'époque d'excès de zèle des éléments des Forces de défense et de sécurité dans cette affaire ?

Dans cette affaire, il n'y a pas eu de zèle. Les enquêteurs que j'ai moi-même surveillés et contrôlés ont mené leurs actes dans les règles de l'art.


Tout est bien qui finit bien ; comment éviter dans l'avenir de telles incompréhensions ?

Devant le représentant du commandant général de l'Onuci, j'ai fait comprendre toutes les dispositions afin d'éviter ce genre de chose.


Sur le rebondissement dans l'affaire du bombardement du camp français de Bouaké, le magistrat Jean Ehui du tribunal militaire veut entendre l'ex-Premier ministre Dominique de Villepin et Michèle Aliot Marie, qui était à l'époque ministre de la Défense. Pourquoi maintenant et où en est la procédure ?

La procédure suit son cours. Cela fait cinq ou six ans que les deux procédures ont été initiées ; souvent elles sont en berne, souvent elles reviennent. Cela est dû au fait qu'elles sont des procédures très sensibles, névralgiques au niveau de la France, et lorsqu'ils (les enquêteurs) ont des possibilités de qualification avec les informations tirées des pièces déclassifiées, ils avancent. Et nous également, lorsque nous avons la collaboration, nous avançons.


Suite aux évènements de Gagnoa ayant occasionné, récemment, officiellement cinq morts, vous avez décidé d'entendre le professeur Alphonse Djédjé Mady. Là encore où en est la procédure ?

Le professeur Djédjé Mady sera entendu en même temps que les officiers de police judiciaire qui ont désigné les personnes sur les lieux. Les gens doivent savoir que nous sommes dans un pays de droit. Les militaires qui ont désigné des hommes sur les lieux et qui sont suspectés, seront entendus. C'est une enquête dont les gens pensent qu'elle sera courte, mais elle sera longue. Le médecin légiste a refusé les corps, et n'a pas fait l'autopsie parce que les corps ont été traités au formole. Donc, on ne peut plus les autopsier. Et, dès lors qu'on ne peut plus les autopsier, nous sommes obligés de rechercher la vérité ailleurs. Nous allons entendre tout le monde.


Le Pr Alphonse Djédjé Mady est un civil, que vient-il faire dans une affaire militaire ?

Le tribunal n'est pas compétent pour juger un civil. Mais il est compétent pour entendre un civil comme témoin. Il (Djédjé Mady) sera entendu comme témoin.


Autre affaire qui a également défrayé la chronique en Côte d'Ivoire ces derniers temps, c'est l'affaire qui a failli tourner au vinaigre c'est-à-dire ce meurtre de deux gendarmes par un policier à Yopougon récemment.

Cela n'est pas une situation qui attend une réponse judiciaire. Si vous posez des questions, je vous réponds avec des arguments de droit, de loi. C'est une question dont la réponse va nécessairement contenir de la passion. Je ne sais rien du tout. Et puis, je crois que c'est un dossier qui est très névralgique ; les autorités administratives sont en train de le traiter pendant que les autorités judiciaires, le procureur de Yopougon, par exemple, s'en chargent.


Au-delà de la sensibilité de ce dossier, quel texte règlemente le port d'arme à feu, parce que, de plus en plus, on constate ce genre de bavure ?

Il y a des textes de chaque côté. Mais pour être précis, les gendarmes n'ont pas le droit de porter des armes en dehors du service. Et les policiers, c'est tout à fait le contraire. Il faut respecter les textes.


Où est-on avec la lutte contre le racket, ce fléau qui fait perdre beaucoup d'argent à l'économie ivoirienne ?

144 milliards de Fcfa selon la Banque mondiale. Une somme complètement délirante. Il faut que tout le monde soit interpellé : arrêtons le racket pour que la population nous respecte ().

Propos recueillis par Bidi Ignace

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