mardi 13 avril 2010 par Le Patriote

On le sait conseiller sportif du chef de l'Etat de Côte d'Ivoire. Mais de là, à appeler les Ivoiriens à soutenir le candidat Laurent Gbagbo à la prochaine élection présidentielle, c'est un fait inédit. Me Roger Ouégnin a franchi le grand pas, vendredi dernier à Yamoussoukro lors de la création officielle de l'Union des Houphouëtistes pour le Dialogue (UHD). Un rassemblement d'opportunistes, de personnes sans conviction baptisés vrais Houphouëtistes. Occasion pour l'avocat-président de l'Asec Mimosas d'ôter son masque de dirigeant sportif pour ne laisser que le visage du militant politique. Et comme l'un des sbires du refondateur en chef, il a tronqué sa toge d'avocat pour enfiler celle du politique avec tous les attributs qui l'accompagnent. Dans la logique de ceux qu'il a décidé de suivre dorénavant, il n'a pas manqué de lancer des diatribes à l'endroit des Forces nouvelles (FN). Celles-là même qui, selon lui, ont empêché son candidat Gbagbo de réaliser son programme de société pour la Côte d'Ivoire. A partir de cet instant, a soutenu le vrai houphouëtiste, on ne peut pas évaluer Gbagbo. D'où son soutien à une réélection du candidat du FPI. Ce soutien, il ne le fait pas seul. Il appelle les Ivoiriens à accorder un nouveau bail à Gbagbo. Cette incursion de Roger Maurice Désiré Ouégnin, citoyen ivoirien, dans le giron politique se serait passée de commentaires si l'homme n'était pas le président d'un club sportif. Et pas n'importe lequel. L'Asec Mimosas d'Abidjan. Patron du club jaune et noir depuis le 19 novembre 1989, l'avocat est respecté dans le monde sportif par sa vision. En 21 ans de présidence, il a fait de l'Asec Mimosas l'un des meilleurs clubs du continent. Quadruple demi-finaliste de la Ligue des Champions d'Afrique (1992, 1993, 2002, 2006) et finaliste en 1995, Roger Ouégnin offre le trophée continental à la Côte d'Ivoire en 1998. Il ajoute la Super Coupe d'Afrique à son palmarès en 1999 et une Coupe UFOA (1990). Au niveau national, l'avocat a embelli la vitrine du club jaune et noir de 16 titres de champion de Côte d'Ivoire (1990, 1991, 1992, 1993, 1994, 1995, 1997, 1998, 2000, 2001, 2002, 2003, 2004, 2005, 2006, 2009), de 8 trophées de Coupe nationale (1990, 1995, 1997, 1999, 2003, 2005, 2007, 2008, 10 titres de la Coupe Houphouët-Boigny (1990, 1995, 1996, 1998, 1999, 2005, 2007, 2008 , 2009, 2010), d'une Coupe de la FIF (1995) et de la Coupe Nationale de l'Excellence de la meilleure association sportive (1999). Des performances liées à la politique et vision futuriste de l'avocat-président. Les Actionnaires (supporters de l'Asec) ne se font pas prier pour vanter les qualités de leur formation.

Militantisme politique
et mauvais résultats sportifs
Même quand tout n'est pas rose. Mais ces honneurs et ce prestige acquis avec l'Asec ne semblent pas suffire qui a fini par dévoiler sa vraie face : le militant FPI. Pour montrer à tous que son heure est arrivée, il a pris la résolution de s'afficher au grand jour aux côtés de vrais charognards politiques, initiateurs de l'UHD. Si en homme averti, l'avocat a mesuré les conséquences de son acte, les contre-performances du club qui l'a fait trouvent leur explication. Préoccupé à servir la cause politique de Gbagbo Laurent, Roger Ouégnin a placé le club au second plan de ses préoccupations. Normal que les Mimos ne fleurissent plus au niveau continental. Club de prestige, l'Asec s'affiche depuis deux saisons comme une formation quelconque dans les compétitions africaines. Eliminés en 8e de finale de la Ligue des Champions en 2009 par les Zimbabwéens de Monomotapa, les Mimos sont sortis, cette saison, au stade des 16e de finale. En chute libre qui ne va pas sans incidence. Puisqu'il l'a reconnu, le week-end dernier, lors de l'AGO du club à la Bourse du Travail à Treichville. L'Asec a enregistré une perte de 300 millions due à l'élimination avant la phase de poule de la Ligue des Champions en 2009. L'année suivante sera encore plus dramatique après avec l'élimination en 16e de finale par les Zambiens de Zanaco FC. Une situation qui n'émeut pas le président du club qui a trouvé le moyen de narguer les Actionnaires (supporters du club) en s'affichant publiquement aux côtés des Fologo, Malick Coulibaly, Anoï Castro, N'Dri Appolinaire, Ganin et autres. Des suppôts du candidat du FPI.

Estime entachée des Actionnaires
Cette prise de position du patron de Sol Béni n'est pas pour ramener la sérénité et la cohésion au sein de la maison jaune et noir. Déjà divisés devant les résultats révoltants du club, les Actionnaires ne se reconnaissent pas dans le combat de leur président. Une lutte que Roger Ouégnin a décidé de mener en âme et conscience. L'homme qu'il soutient a fait de l'adage : Diviser pour mieux régner son leitmotiv. En agissant ainsi, il veut mesurer son aura auprès des actionnaires. Mais ces derniers le lui ont parfaitement rendu lors de l'assemblée générale. Et cela, 24 heures après sa sortie politique. Ces derniers ne se sont pas faits prier pour boycotter les assisses. L'Asec était le club du peuple et ce peuple était là dans les moments heureux comme malheureux. Aujourd'hui, les données ont changé, ce n'est qu'une poignée de sympathisants qui soutiennent encore le club. Il n'a pas tort. Mais ce qu'il a oublié, c'est que ce peuple ne se reconnaît plus en lui. Parce le peuple dont il parle n'a pas de coloration politique. Parmi les Actionnaires, ce peuple qui vibre au rythme de l'Asec, on y trouve des militants ou sympathisants du FPI, du RDR, du PDCI, du MFA, de l'UDPCI, de l'UDCY, du PPS, du Parti Ecologique, du RPP, du Parti Communiste et plus encore. Tout ce peuple ne saurait soutenir un individu qui se galvaude au rythme de ses ambitions.
OUATTARA Gaoussou

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