lundi 12 avril 2010 par Nord-Sud

Cinq mois après son arrivée sur nos routes, la brigade motorisée de circulation et de régulation (Bmcr) suscite beaucoup d'interrogation. Efficace, inutile ou simplement à revoir?...

Sa présentation officielle, le 23 décembre 2009, par le président de la République, à Yopougon, Toits-Rouges, a été fortement saluée. En effet, cette nouvelle unité policière, placée sous la direction du commissaire de police, Abi épouse Baroan Yao Lydie, a pour objectif principal de lutter contre les embouteillages, de plus en plus ennuyeux, sur les principales artères de la capitale économique. C'est un effectif de 494 policières, équipées de cent motos scooters et de cent radios émetteurs / récepteurs portables, qui ont subi une formation adéquate pendant environ trois mois. Conscient de leur rôle, Laurent Gbagbo n'a pas manqué d'éloges envers les recrues: () Je (vous) dis félicitation pour avoir été choisies; félicitations pour avoir réussi à tous les tests. Nous sommes fiers de voir toutes ces jeunes dames qui sont dans la police et qui donnent le meilleur d'elles-mêmes. Vous savez, le débat n'est pas fini en Côte d'Ivoire. Il y a nous autres, qui voulons l'égalité ; qui voulons que les femmes, les hommes travaillent dans la police, travaillent dans l'armée ; mais, il y a d'autres qui ne sont pas d'accord. C'est à vous, par votre travail, de nous donner raison, de montrer qu'une femme est égale à un homme dans le travail de la police. Je compte sur vous. Près de quatre mois après l'arrivée de ces jeunes dames, l'ambiance sur les routes d'Abidjan n'est plus la même. Et, c'est peu de le dire. Les automobilistes ont le sourire aux lèvres quand ils les voient passer, en file indienne, sur leurs scooters neufs, vêtues de leurs uniformes kaki, bien moulants et leur casque de protection, pour aller intervenir à quelque carrefour où le bouchon commence à irriter les usager de la route. Sur les voies obstruées par l'embouteillage, on les voit, le sifflet aux lèvres, défiant les véhicules, pour faire régner l'ordre. C'est beau à voir. Mais, au-delà de la fluidité routière qu'elles tentent tant bien que mal d'imposer sur les voies, on se pose des questions. Qu'elle est l'impact réel de ces filles sur nos artères? Quels sont leurs rapports avec les automobilistes, habitués à voir les hommes jouer ce rôle de régulation de la circulation ? Eh bien, le constat est qu'elles sont pour le moment les premières victimes de cette égalité entre homme et femme, dont parle le président de la République. Une source policière annonce qu'une vingtaine d'entre elles ont déjà été victimes d'accident sur la chaussée. Il arrive parfois que l'usager les cogne, volontairement, à la suite d'une dispute. On se souvient, parmi ces accidents, de celui qui s'est produit devant l'Ecole de police, à Cocody, début janvier. Partie de la Riviera 2 pour intervenir dans les environs du carrefour Chu , l'une d'entre les motardes a été violemment percutée au feu de l'Ecole de police, par l'ex-footballeur international, Lucien Kassi Kouadio. De plus, il leur est difficile de s'imposer aux chauffeurs de wôrô-wôrô qui, ayant déjà mailles à partir avec les hommes, refusent de se laisser guider par les jeunes filles en uniforme. Dans des cas, les simples contrôles de pièce tournent souvent au vinaigre... Et, l'affaire arrive parfois au tribunal. Notamment aux flagrants délits du Plateau. Les faits de coups et blessures volontaires, violence et voies de faits sur ces jeunes dames y sont de plus en plus fréquents. Qui plus est, quelques usagers de la route les traitent de racketteuses, comme les hommes , et, même de dragueuses sur les voies. En tout cas, ce ne sont pas les commentaires qui manquent sur la Bmrc du ministre de l'Intérieur, Désiré Tagro. Micro trottoir.

Raphaël Tanoh

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