lundi 12 avril 2010 par Nord-Sud

Certaines denrées alimentaires connaissent une hausse brutale des prix. Au point que les ménages ne savent plus à quel saint se vouer.

Les vendeurs parlent d'une rareté de la tomate observée dans les régions d'approvisionnement. Les ménagères ne savent plus à quel saint se vouer. Outre les spéculations sur les prix du gaz butane, ces dernières semaines, c'est au tour du prix de la tomate dans les différents marchés. Nous ne savons plus ce qui se passe avec les prix des aliments dans les marchés, s'indigne Aline, une ménagère devant un étal de tomates au marché de Yopougon. Aline n'est visiblement pas la seule ménagère surprise par cette hausse de prix. Depuis quelques semaines, la tomate est devenue un luxe. Il faut débourser au minimum 200 Fcfa pour avoir un tas de quatre petites tomates, se plaint Henriette, une autre ménagère. En effet, les tomates sont de plus en plus chères dans les marchés de la capitale économique. Vendues, il y a quelques semaines, à 50 Fcfa, 100 Fcfa et 150 Fcfa, elles coûtent aujourd'hui 200 Fcfa, voire 300 Fcfa, le tas. Un prix qui varie en fonction de la variété du potager et de sa grosseur. C'est le tas de quatre olivettes (petite tomate oblongue et ferme) qui coûte 200 Fcfa. Tandis que les grosses tomates juteuses coûtent 300 Fcfa, explique une vendeuse de tomates au marché d'Adjamé-Extension.

Les détaillants rencontrés dans ces marchés indiquent acheter ces fruits à des prix "exorbitants", soit 13.000 Fcfa le grand cajou de tomates au lieu de 8.000 Fca comme à l'accoutumée. Un tour effectué, au marché de Yopougon-carrefour zone, marché de gros et détail de vivres frais, permet de constater que le camp de tomates est presque vide. Quelques commerçants seulement sont présents. Je dois retourner cet après-midi pour me ravitailler. Car, demain (aujourd'hui), c'est le jour du grand marché, rapporte Olivier, un commerçant. Il propose en effet un grand panier de tomates à 10.000 Fcfa au lieu de 13.000 Fcfa, tel que vendu, la veille.

Pluviométrie ou surenchère !

Des prix qui ne vont malheureusement pas se stabiliser de si tôt. Ils vont encore augmenter. Car, tout le district vient faire ses emplettes ici. C'est de là que viennent nos gros clients, confie un commerçant. Cette augmentation du prix de tomates dans les marchés serait due, selon les commerçants, au manque de pluies dans les régions productrices et dans les principales zones d'approvisionnement. Il ne pleut pas ces derniers jours à l'Ouest. Les cultures ont séché dans cette zone, explique Carlos, un commerçant. Nous sommes obligés d'inclure nos frais de transport dans la vente afin de rentrer dans nos frais et espérer réaliser des bénéfices, ajoute-t-il. Les ménagères et restauratrices ont toutefois trouvé le moyen de contourner cette inflation de prix. Les bouillons et autres sauces sont davantage au menu. Nous utilisons désormais la tomate en fruit et en conserve pour la sauce tomate, explique Michelle, une ménagère. En cause également, les flambées successives des prix du carburant. Ces augmentations se répercutent sur l'ensemble des produits alimentaires. Un phénomène face auquel le gouvernement montre des signes d'impuissance. Depuis 2005, les prix du riz et de l'huile de palme ont presque doublé, les huiles raffinées, les pâtes alimentaires, la farine, le sucre, le poisson, le savon... ont augmenté de 15 à 35 % voire plus dans certaines boutiques. Les autres produits vivriers grimpent au même rythme. Maïs, haricots, banane, arachides, oignons, avocats, patates, tout a augmenté sur le marché. Le prix de la farine de blé a aussi bondi amenant les vendeurs de beignets et certains boulangers à diminuer d'environ un quart le poids des produits pour arriver à maintenir leurs prix. A l'issue d'une rencontre avec les acteurs sociaux à la Chambre d'industrie, le directeur général du commerce intérieur, Mamadouba Kamissoko, envisage de prendre des mesures fortes. Les produits de première nécessité qui constituent le panier de la ménagère, vont faire l'objet d'une observation et d'une surveillance permanente, avertit le ministre du commerce. Le gouvernement qui soupçonne les opérateurs économiques de faire de la spéculation, met en garde contre ces pratiques qui ont pour conséquence une diminution du pouvoir d'achat des populations. Selon le Programme alimentaire mondial (Pam), comme l'alimentation représente plus de la moitié de l'indice des prix à la consommation, la hausse des prix des céréales et de la viande se traduit aussitôt, par une poussée de l'inflation. Pour sa part, l'Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture (Fao) privilégie, en faveur des petits paysans, des actions urgentes visant à améliorer l'accès aux engrais, semences et autres intrants destinés aux principales cultures vivrières locales.

Lanciné Bakayoko

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