samedi 27 février 2010 par Le Patriote

Nous avons interrogé des responsables des partis politiques, suite à la réinstallation de la nouvelle Commission électorale indépendante (CEI), dans la nuit de jeudi à vendredi dernier.

Mme Anne Ouloto (RDR):
Faisons confiance
à la CEI
Le Patriote: Quels sont vos sentiments après l'élection du ministre Youssouf Bakayoko à la présidence de la CEI?
Anne Ouloto: Au-delà de l'élection du président, c'est surtout la réinstallation de la CEI que nous saluons avec beaucoup de satisfaction. C'est une réinstallation de cette commission dans ses droits. C'est donc pour nous le gage de l'organisation très prochaine des élections justes et transparentes. Nous souhaitons donc que M. Youssouf Bakayoko travaille en parfaite intelligence avec tous les membres de la CEI. Et qu'il fasse véritablement de cet instrument, un instrument transparent et juste.

LP: Est-ce à dire que cette nouvelle organisation au niveau de la CEI est conforme à vos exigences?
A.O: Absolument ! Elle est conforme en ce sens qu'elle respecte l'Accord politique de Pretoria. Et c'est ce que nous revendiquions. Nous sommes donc globalement satisfaits du respect de la composition de la CEI et du respect de la composition du bureau de la CEI.

LP: Pensez-vous que cette nouvelle CEI pourra donner des élections à la Côte d'Ivoire au plus tard en main prochain?
A.O: Nous le pensons honnêtement, à condition que le FPI et la minorité présidentielle arrêtent de faire des immixtions intempestives dans le processus de sortie de crise et laissent la CEI travailler en toute quiétude. Il ne s'agit pour aucun camp, ni pour l'opposition avec le RHDP ni pour la minorité présidentielle, de contrôler la CEI. Il faut que nous fassions confiance à cette institution et qu'on lui permette de travailler en toute quiétude.

LP: Du côté du gouvernement, êtes-vous prêts à y prendre part, après le règlement du problème de la CEI?
AO: Les présidents du RHDP et du PIT après une réunion d'analyse de la situation sociopolitique (hier, ndlr) ont décidé de reconsidérer leur position. Bien sûr, après avoir obtenu gain de cause au niveau de la CEI, le RHDP et le PIT peuvent maintenant entrer au gouvernement. Un gouvernement qui, comme l'a souligné le Premier ministre Guillaume Soro, est un gouvernement de mission qui devra permettre à la Côte d'Ivoire d'aller à des élections justes, transparentes et équitables. Ce, afin de sortir définitivement de la crise. Le RHDP qui est une coalition de partis houphouétistes s'est toujours inscrit dans une logique de paix. En tout état de cause, nous restons mobilisés et vigilants. C'est pourquoi nous disons que le Président Laurent Gbagbo et le camp présidentiel doivent arrêter de s'immiscer dans le processus de sortie de crise et surtout dans les affaires de la CEI.
D'ores et déjà, nous disons qu'il faut être très regardant du côté de ce gouvernement. Parce que le maintien d'un monsieur comme Désiré Tagro au ministère de l'Intérieur n'est pas du tout rassurant. En effet, nous avons constaté ces derniers temps que l'homme a tenté de s'approprier les attributions de la CEI. Chose qui, naturellement, n'a pas été de notre goût. Nous estimons qu'il n'a pas à s'immiscer dans les affaires de la CEI. Qu'il joue son rôle en tant que ministre de l'Intérieur, sans donc chercher à contrôler ou à interférer dans les attributions de la CEI.
Légré Philippe (MFA)

Nous faisons confiance à Youssouf Bakayoko
Il s'agit pour nous d'un sentiment de joie. Nous pouvons maintenant dire que nous allons vers les élections, donc vers la fin de la crise. C'est aussi une victoire pour le RHDP, car la CEI a été réinstallée comme nous le voulions. Nous faisons confiance au nouveau président Youssouf Bakayoko. Nous savons que c'est un monsieur qui est sérieux et vu son expérience de la chose politique, nous sommes confiants. Nous pensons qu'il pourra nous donner des élections justes et transparentes. Alors, il faut que tout le monde s'implique pour que nous ayons des élections le plus tôt possible.

Pr. Alassane Salif N'Diaye (UDPCI)

L'UDPCI se félicite
de ce résultat
Je crois que tout le RHDP doit se féliciter de l'issue de cette élection à la CEI. Car, en fait, une affaire cousue de fil blanc a été montée depuis quelques semaines pour empêcher que nous allions aux élections. Des arguments, des uns et des autres ont été avancées. Des nouvelles élections au niveau de la CEI ont été exigées. Et le résultat est là. Il indique que fondamentalement l'organisation et la mission de la CEI n'ont pas changé. Nous aurions pu épargner du temps. Mais nous sommes dans le processus de sortie de crise. Nous oeuvrons donc pour que nous sortions de la crise. L'UDPCI, comme tous ces partenaires du RHDP, du PIT et même du G7, ont contribué aux résultats sortis de cette élection à la CEI. Nous pensons que le nouveau président, avec la compétence, la rigueur et l'esprit houphouétiste qui l'animent, travaillera comme son prédécesseur, le président Mambé, dans la clarté et la transparence. Cela, pour que nous ayons des élections libres, ouvertes et dont les résultats seront acceptés de tous. L'UDPCI est donc fière d'avoir contribué à sa manière à ce résultat. Nous souhaitons à tous les nouveaux commissaires, beaucoup de chance et que Dieu les garde.

Kouablan François (PIT)

On aurait
pu faire l'économie
de cette crise
C'est une victoire de l'opposition, quand on sait dans quelle mesure cette décision a été prise. Vous avez vu la mobilisation qui a été faite contre cette décision du chef de l'Etat qui consistait à dissoudre la CEI et le gouvernement. Aujourd'hui, le PIT est très heureux de voir que sa proposition a été prise en compte. Si on nous avait écouté dès le début, on pourrait faire l'économie de cette crise. Cependant, mieux vaut tard que jamais. C'est pourquoi, nous félicitons tous ceux qui ont véritablement pensé à l'intérêt national. Nous espérons que le président Youssouf Bakayoko et ses collaborateurs pourront faire librement leur travail et nous amener très prochainement à une élection présidentielle.
Propos recueillis par Diawara Samou

Djédjé Mady à propos de l'entrée au gouvernement du RHDP et du PIT:
Des détails restent à régler
Les responsables du RHDP et du PIT ont fait, hier, au cours d'une rencontre à la résidence du président Bédié le point de la situation actuelle du pays. Le président du directoire s'est adressé à la presse après plus de 45 minutes d'entretien

Question: Monsieur le Président vous sortez d'une rencontre du RHDP et du PIT. De quoi a-t-il été question?
Alphonse Djédjé Mady : Les présidents des différents partis du RHDP et du PIT viennent de se concerter pour faire le point de la crise créée par les dernières décisions du Président Gbagbo. Nous avions décidé de régler en priorité le problème de la Commission électorale indépendante qui devrait être réinstallée dans ses fonctions comme convenues par l'Accord de Pretoria II et secondairement, le problème du gouvernement. Comme vous le savez, très tôt ce matin, (hier matin, ndlr) s'est terminé la rencontre qui a réinstallé la Commission électorale indépendante dans ses fonctions et dans son format de Pretoria. Et qui a vu l'élection de tous les responsables que vous connaissez. C'est le moment pour les responsables du RHDP et du PIT de remercier tous ceux qui ont apporté leur contribution à la réinstauration de la CEI dans sa forme première et qui ont pu organiser le scrutin qui a vu l'élection du Président et des quatre vices présidents dans l'atmosphère que nous connaissons. Nous sommes satisfaits de cette première étape de réinstallation de la CEI qui, nous en sommes certains, dès la semaine prochaine, va se mettre au travail pour suivre le chronogramme indiqué par le facilitateur lors de son dernier passage à savoir : l'ouverture de trois semaines de contentieux sur la liste électorale, selon le mode opératoire établi. Huit jours de règlement de contentieux par les juges pour que, avant fin mars, nous ayons la liste définitive, une date pour le premier tour de l'élection présidentielle à fin avril-début mai au plus tard. Cela est pour nous une satisfaction. C'est la victoire non pas d'un camp mais la victoire de la Côte d'Ivoire pour aller résolument vers la paix.

Q.: Allez-vous rentrer au gouvernement dans ces conditions?
ADM : Cela dit, le deuxième problème que nous avons posé était que si la Commission électorale indépendante était réinstallée dans ses droits alors à partir de ce moment seulement, le RHDP et le PIT se prononceraient sur le problème du gouvernement qui était pour nous un problème secondaire. Au jour d'aujourd'hui, le RHDP et le PIT ont donc décidé de faire leur entrée au gouvernement. Il reste quelques petites questions à régler avec le Premier ministre. Mais le principe de rentrer au gouvernement est acquis. Nous voulons également dire que nous remercions et félicitons tous les militants et toutes les militantes, toutes les Ivoiriennes et tous les Ivoiriens, toutes les femmes et tous les hommes épris de paix qui se sont associés à ce que nous avons organisé pour que la mobilisation soit totale. Et que les Ivoiriens fassent connaître leurs positions vis-à-vis de ce qui s'est passé après les décisions de M. Gbagbo. C'est pourquoi, nous voulons ici présenter notre compassion aux familles qui ont perdu des membres et souhaiter un prompt rétablissement à tous les blessés. C'est également le lieu de dire que le PIT et le RHDP s'étaient engagés à régler ensemble le dossier de la CEI et de la nouvelle formation du gouvernement Soro II. Cette étape, nous l'avons parcourue ensemble avec beaucoup de bonheur. Nous remercions nos frères et s?urs du PIT qui eux aussi remercient leurs frères et s?urs du RHDP. Et que pour cette phase notre collaboration s'arrête. Nous continuons à garder de bons rapports sur d'autres dossiers. Mais pour ce dossier précis qui arrive à son terme, nous nous serrons la main et nous allons continuer dans l'intérêt de la Côte d'Ivoire. Chaque partie avec ses spécificités.
Q.: Quand vous parlez des détails à régler avec le Premier ministre. Est-ce que ces détails concernent les noms des ministrables?
ADM : Il s'agira de se mettre d'accord sur les noms des ministrables. Ce sont des détails qu'il n'est pas besoin de vous exposer. Le Premier ministre et les différents présidents sont en contact pour résoudre ce problème dans les jours qui viennent.

Q: Président, est-ce que vous appelez vos militants à arrêter les manifestations?
ADM: Concernant la mobilisation et les mots d'ordre qui ont été donnés, le PIT et le RHDP appellent leurs militants et leurs sympathisants à demeurer mobilisés mais à suspendre toutes les manifestations compte tenu des résultats auxquels nous sommes parvenus. Nous leur demandons de rester mobilisés pour les batailles à venir parce que le processus n'est pas encore terminé. Nous devons rester vigilants. Mais les manifestations doivent être suspendues. Parce que le RHDP aura, avant de voir s'il lève le mot d'ordre de manifestation ou pas, un bureau politique conjoint des partis RHDP le mercredi à 11 h. Et c'est ce bureau politique qui prendra la dernière décision.

Q.: Le Premier ministre dit que le gouvernement est en place pour trois ou quatre mois. Avez-vous un commentaire?
ADM: Ce n'est pas moi qui ai dissous le gouvernement. Le jour où le gouvernement sera dissout comme vous avez l'habitude de l'entendre. Cela n'est pas important. Ce qui est important pour nous, c'est d'aller avant trois mois aux élections présidentielles.

Q.: Dans l'entourage du Président Gbagbo, on annonce que la liste des 5.300.000 électeurs est truffée de fraudeurs. Est-ce que cela vous inquiète qu'on remette en cause cet acquis?
ADM: Il faut peut-être qu'on rappelle assez brièvement le mode opératoire. Selon les méthodes qui ont été utilisées, 5.300.000 personnes ont été croisées positives. C'est-à-dire ont été reconnues comme Ivoiriens et 1.300.000 croisés négativement. C'est-à-dire des personnes dont la nationalité n'a pas été prouvée. Le mode opératoire ne dit pas qu'on ne peu pas contester quelqu'un sur la liste des 5.300.000 personnes. Mais le mode opératoire dit que celui qui conteste quelqu'un qui est parmi les 5.300.000 doit apporter la preuve de la contestation. Et que ceux qui sont sur la liste des 1.300.000 doivent apporter la preuve de leur nationalité pour pouvoir être reversés dans le lot des Ivoiriens. Nous ne sommes donc pas inquiets. C'est celui qui conteste une nationalité qui doit en apporter la preuve. On ne peut donc pas, sans preuve, remettre en cause la nationalité d'une personne qui a été reconnue ivoirienne par les méthodes que nous avons nous-mêmes arrêtées.

Q. : Qu'en est-il des radiations qui ont été faites?
ADM: Vous avez suivi le passage du Président Blaise Compaoré, tout cela est nul et de nul effet. C'est pourquoi on redonne trois semaines pour que selon le mode opératoire établi, ceux qui veulent contester, viennent contester selon le mode opératoire. Tout ce qui a été en dehors du mode opératoire est nul et de nul effet.
Recueillis par Thiery Latt

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