samedi 27 février 2010 par Fraternité Matin

Depuis décembre 2009, l'Etat de Côte d'Ivoire est devenu l'actionnaire majoritaire (plus de 50% du capital, soit 2,8 milliards de Fcfa) de la Banque de l'habitat à l'issue d'une recapitalisation qui s'est avérée nécessaire pour porter, comme l'exige la Commission bancaire de l'Uemoa pour toutes les institutions bancaires et financières, le capital à 5 milliards de Fcfa. A sa création le 12 février 1993, avec un capital de 1,030 milliards de Fcfa, cette banque s'est vu confier les missions de financement de l'immobilier et du logement social en Côte d'Ivoire, de recherche et de mise en place des ressources financières nécessaires à la réalisation des programmes de construction de logements économiques et sociaux mais aussi d'octroi des prêts aux promoteurs immobiliers et aux particuliers pour l'acquisition et/ou l'aménagement de leur logement. Mais face à l'insuffisance du capital comparativement à l'ampleur de la mission et des besoins de logements des populations ivoiriennes, estimés par les spécialistes de la question à plus de 40 000 logements par an, les actionnaires (des privés) avaient pris la décision, à l'issue de leur assemblée générale tenue le 7 avril 1995, d'augmenter le capital à 1,755 milliard de francs Cfa. La deuxième recapitalisation intervenue en 2009 est d'autant importante qu'elle évite à la banque sa fermeture mais mieux, étant devenue une banque à participation majoritaire de l'Etat, elle pourrait mieux jouer son rôle de financement de l'immobilier et du logement en Côte d'Ivoire. Ce qui pourrait impacter positivement le coût des acquisitions de logements. Certes, en certains domaines, l'intervention de l'Etat n'a pas toujours été porteuse, mais dans le domaine de l'immobilier et du logement, l'Etat ivoirien y a laissé de bons souvenirs au point que de nombreuses couches sociales de la population regrettent son désengagement dans les années 1980-1990, de ce secteur. En fait, les coûts excessifs pour accéder aux propriétés immobilières, acquérir des terrains ou pour se loger font aussi regretter le retrait de la puissance publique. Aussi, l'entrée dans le capital de la banque de l'habitat, et surtout sa position d'actionnaire majoritaire dans cet établissement bancaire créent-elles l'espoir d'un changement positif dans le financement de l'habitat et ce faisant, une disponibilité de plus en plus accrue de logements accessibles au plus grand nombre de citoyens. Attente que les propos du directeur général de la Bhci, Souleymane Dogoni, confortent lorsqu'il déclare ceci: "Nous avons élaboré un plan stratégique quinquennal qui prévoit la réalisation d'un programme de 750 logements sociaux nécessitant un financement total de 15,850 milliards de Fcfa", révèle-t-il dans le tout dernier bulletin d'information interne de la banque. En entendant la concrétisation de programmes immobiliers, il convient de savoir que depuis sa création, la Bhci a contribué au financement en amont de la production de logements à la demande des promoteurs.

Globalement, 18 promoteurs immobiliers ont bénéficié au cours des dix-sept dernières années de crédits promoteurs d'un montant cumulé de 6,533 milliards de Fcfa pour réaliser des opérations immobilières dans le district d'Abidjan, mais aussi à San-Pedro. Au niveau du volet acquisition de logements, elle a permis à 2000 salariés environ de devenir propriétaires de maisons. Et ce, à travers des crédits acquéreurs évalués à 13,7 milliards de Fcfa. A ces actions vient se greffer le cofinancement de certains grands marchés de la place pour une enveloppe s'élevant à 700 millions de Fcfa environ. Le directeur général de la Bhci fait remarquer que d'autres financements ont été faits en faveur d'autres secteurs que l'immobilier. Il s'agit notamment des secteurs de l'industrie dont seize grandes entreprises ont pu bénéficier de 106,558 milliards de Fcfa de financement, douze entreprises de services, 37,193 milliards de Fcfa. Elle a également joué le rôle d'investisseur institutionnel, en souscrivant de 2005 à 2007 aux emprunts obligataires du Trésor public ivoirien (4,5 milliards de Fcfa) et d'une société publique (200 millions de Fcfa). La banque a également fait d'autres prêts qui s'élèvent à 14,2 milliards.

Au total, la contribution de la banque au financement de l'économie au cours des huit dernières années s'élève à 245,136 milliards de Fcfa. Mais comme le dit son directeur général, avec l'entrée de l'Etat dans le capital de la banque, le financement de l'immobilier, une des missions principales, va retrouver ses lettres de noblesse. Surtout que cette banque projette, en partenariat avec le ministère de la Construction, de l'Urbanisme et de l'Habitat, de produire des terrains viabilisés/équipés à mettre à la disposition des populations aussi bien à Abidjan que dans les autres villes de l'intérieur du pays.

Gooré Bi Hué

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