samedi 27 février 2010 par Le Nouveau Réveil

Victor Aka Boua, directeur général de la Société d'exploitation agricole (Era), a eu récemment le "Prix panafricain Ics 2008-2009 du meilleur manager des structures hévéicoles de Côte d'Ivoire. Il parle de son prix et présente la situation actuelle de la filière de l'hévéa.

M. Aka, on vous a récemment décerné un prix. Comment l'avez-vous obtenu ?
Le prix m'a été décerné par le cabinet icf interafricaine de communication et de sondage. Il m'a été officiellement remis le 15 janvier dernier à la salle Emmanuel Dioulo du District d'Abidjan en présence de nombreuses personnalités dont les Ambassadeurs Georges Ouégnin, Eugène Allou, le Pr. Constant Roux, la ministre Constance Yaï et bien d'autres personnalités que je remercie pour avoir rehaussé la cérémonie de leur présence. Je remercie également Mme Véronique Bra Kanon qui a présidé en personne la cérémonie et Paul Koua. Le prix a trait à mon domaine d'activité, l'hévéaculture. Je suis directeur général d'une société spécialiste dans l'hévéaculture. Les initiateurs du prix ont estimé, depuis la création 2004 de notre entreprise, donc en pleine crise militaro-politique en Côte d'Ivoire, lorsque les capitaux se faisaient rares. Qu'il y a eu des Ivoiriens qui ont cru en leur pays et qui ont fait preuve de patriotisme en investissant dans leur pays. Ils m'ont fait confiance, en me confiant la direction de cette entreprise. Les initiateurs ont mené, selon eux-mêmes, leurs enquêtes et ont pu constater le travail abattu pendant plus de cinq (5) ans.

Vous étiez certainement en concurrence avec d'autres structures dans le même secteur. Qu'est-ce qui a fait la différence ?
Le cabinet Icf a sa méthode de travail. D'après le courrier qu'ils m'ont adressé, ils ont mené des investigations et leur conseil d'administration a pris des décisions. Ils ont mené des investigations et au vu de nos résultats, de notre parcours, ils ont estimé que pour l'année 2009, nous avons brillé par nos résultats, à savoir investir plus d'un milliard six millions F dans l'hévéaculture, créer près de mille hectares de plantations d'hévéa, dont cinq cents hectares en propre et quatre cents pour les planteurs villageois ; nous avons distribué des salaires, nous avons fait vivre environ deux cents personnes. Je crois que ce sont des éléments qui ont dû peser dans la balance de choix des organisateurs

Qu'est-ce qui favorise ces bons résultats ?
Era arrive à faire de bons résultats parce qu'elle a les personnes qu'il faut. Nous avons l'expertise. J'ai 22 ans de carrière. J'ai commencé d'abord par la Saph où j'ai fait 15 années et quand je suis rentré dans cette entreprise, j'ai beaucoup voyagé et rencontré beaucoup de personnes. J'ai des collaborateurs qui ont passé plus de vingt ans dans des structures d'hévéa. Disons donc que Era regorge de compétences avérées.

Le prix va-t-il changer quelque chose dans la prestation d'Era ?
C'est sûr qu'après vingt deux ans de carrière, un prix est toujours bon à recevoir. C'est la reconnaissance de notre mérite. C'est un encouragement à mieux faire parce qu'on ne finit jamais d'apprendre et il faut toujours tendre vers la perfection. Ce prix a permis de faire connaître notre structure.

Comment va votre filière ?
La filière hévéa se porte très bien et à juger par l'engouement qu'il y a autour de nous. Parce qu'on entend autour de nous que tout le monde veut faire de l'hévéa. Cela est révélateur du bon état de santé de l'hévéaculture. Aujourd'hui, la Côte d'Ivoire est le 1er producteur africain et 7ème mondial. Cette filière produit plus de cent milliards de devises à notre pays. Dans l'économie, l'hévéa occupe la 3e place après le café, cacao et le palmier à L'hévéaculture est un puissant levier de réduction de la pauvreté parce qu'elle produit des revenus réguliers, substantiels et mensuels. Si vous êtes producteur de caoutchouc, vous devenez automatiquement salarié, c'est tentant. Il se démarque des autres cultures agricoles qui ont un caractère saisonnier.

D'aucuns disent que l'hévéaculture est l'affaire de personnes ayant un niveau social élevé. Qu'en pensez-vous ?
C'est vrai que pour faire la culture d'hévéa, il faut beaucoup de moyens parce que les 1ères années, il faut d'abord défricher le terrain et les pépinières sont chères. Mais, il y a des structures qui existent déjà et qui sont prêtes à accompagner les paysans.

Quelles sont les dispositions que vous prenez justement pour inciter les jeunes à la culture de l'hévéa ?
Nous procédons d'abord par la formation parce que l'agriculture elle-même est un métier comme tous les autres. Donc vous ne pouvez pas venir à l'agriculture sans apprendre le métier. Nous formons les jeunes. Pour créer les plantations, nous les assistons, nous leur donnons les conseils techniques qu'il faut et nous les encadrons.

Combien en avez-vous déjà encadrés ?
Nous avons déjà formé les hévéaculteurs des régions de Tiassalé, Sikensi, d'Akoupé, Daoukro. Cette année, nous avons commencé à former les jeunes hévéaculteurs d'Issia, Daloa et Alépé.

Ces derniers sont-ils présents sur le terrain?
Ceux que nous avons déjà formés sont effectivement sur le terrain. Mais, il faut dire que nous les formons et les promoteurs sont chargés de les installer parce que cela demande des moyens. Pour l'instant, Era n'a pas encore ce financement. Donc nous formons les jeunes en partenariat avec les promoteurs. Nous cherchons les moyens pour les accompagner.

Quelles sont les difficultés des producteurs d'hévéa ?
L'hévéaculture connaît des difficultés dont entre autres la formation. C'est une culture très critique qui passe par le dressage et la saignée. Ce sont des opérations très pointues qui demandent une technicité pointue. Aussi, après la formation, faut-il aider les gens à s'installer. Il y a le problème de financement et le problème de terre parce qu'ils sont parfois confrontés à des conflits fonciers. Il faut aussi se pencher sur la production des matières végétales, les pépinières qui ne sont pas toujours de bonne qualité. Nous occupons la 1ère place en Afrique, mais nous sommes encore à la 1ère transformation. Donc je souhaite qu'on réfléchisse aux méthodes de transformation du caoutchouc en produits finis pour y apporter la valeur ajoutée. Nous pouvons faire les préservatifs, des bottes, des pneumatiques
Interview réalisée par Morgan Ekra

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