samedi 27 février 2010 par Le Nouveau Réveil

Après deux semaines de tension, d'affrontements entre les populations et les forces de l'ordre, de tractations et de jeux politiques, la classe politique ivoirienne a fini par doter la Commission électorale indépendante d'un nouveau président et de nouveaux vice-présidents. L'ex-ministre des Affaires Etrangères, qui dirige désormais la Cei, ne cache pas son optimisme. Beaucoup d'appelés, un seul élu pour diriger la Cei au centre de toutes les passions. Plusieurs personnalités avaient été, en effet, présentées et récusées, pour des raisons qu'on connaitra un jour certainement. D'ici là, le président Bakayoko qui a suivi comme tous les Ivoiriens les tractations autour de la mise en place de la Commission électorale indépendante (Cei), et qui s'est même impliqué auprès des autorités habilitées dans la recherche de personnalités capables d'assumer cette fonction de président de la Cei, explique sa désignation : "C'est vrai, plusieurs noms ont été proposés et nous étions tous dans l'attente d'un dénouement lorsque je reçus un coup de fil du Secrétaire général du Pdci-Rda, Pr DJEDJE MADY ce jour même, jeudi 25 aux environs de 16 heures, m'annonçant la décision de ma candidature, information que devait confirmer le Président BEDIE plus tard. Voilà comment je me suis retrouvé là. Je tiens à préciser que je n'ai pas été demandeur, d'ailleurs, j'ai dit que je ne voulais pas, je suis un homme indépendant". Mais en bon patriote, (au vrai sens du mot) le député Pdci de Séguéla ne pouvait résister longtemps à l'appel de la Nation qui mettait ainsi toute sa confiance en lui : "La confiance placée en moi vise que le pays retrouve la paix et la stabilité. Que la confiance rétablie entre les filles et fils, le pays reparte. Mais une fois la mission terminée, je suis libre de partir". Quand le nom de Youssouf Bakayoko est sorti enfin comme celui appelé à diriger la Cei et à conduire le processus électoral à terme, bien d'Ivoiriens se sont demandés si l'homme, bien que député puis ministre Pdci-Rda, n'est pas aussi très proche de Laurent Gbagbo, vu son inactivisme au sein de son parti. Le président Bakayoko réagit en ces termes : "Je lis sans grand intérêt dans la presse que ma candidature a été retenue au même titre que celle de Madame Jeanne Peuhmond dans le cadre des consultations pour la formation du nouveau gouvernement, mon cas, contrairement à celui de Mme Peuhmond, a donné libre cours à toutes sortes de commentaires Ce n'est pas la première fois. J'ai également lu, en son temps, que le chef de l'Etat, en visite d'Etat à Séguéla, a été très bien reçu à Séguéla, grâce notamment aux dispositions spéciales prises par Youssouf BAKAYOKO, ministre des Affaires étrangères, président de la commission Protocole du comité national d'organisation de la visite, élu et fils de la région du Worodougou. Et pourtant, le chef de l'Etat n'était pas à sa première visite, il avait déjà visité et avec succès également plusieurs autres régions comme Katiola, et bien d'autres régions où d'éminents membres du Rhdp ont toujours su satisfaire aux civilités d'usage. Et pourtant ceux qui font écrire ces rigolades étaient bien là quand nous avions pris nos responsabilités à l'époque (pour créer à l'Assemblée nationale pour servir la Côte d'Ivoire), la mouvance parlementaire avec d'autres collègues. C'est le même sens de responsabilité et d'honnêteté qui nous a toujours guidé, ce n'est ni une défiance ni une allégeance encore moins un reniement. Je dois aussi vous dire que, quand vous êtes ministre des Affaires étrangères (ministère de souveraineté), vous traduisez la volonté du président et du gouvernement. De ce point de vue, un ministre des Affaires étrangères ne peut pas critiquer son propre pays". L'inquiétude de chacun des Ivoiriens et même des observateurs est de ne pas voir se répéter ce que d'aucuns appellent déjà le syndrome Guié Honoré et Mambé Robert. Ces deux présidents de Commission électorale choisis unanimement pour être par la suite traînés dans la boue par une seule partie. Après les enthousiasmes de fait et les civilités politiciennes, il est à craindre que la prochaine cible de ceux qui sont experts dans la destruction des structures, ne soit Youssouf Bakayoko. Faut-il avoir peur avec le nouvel élu à la tête de la Cei ? Le président Bakayoko semble ne pas partager l'appréhension, même s'il est prudent. Mieux, il affiche un optimisme mesuré : " J'ai conscience que la fonction de président de la Cei est une fonction à risques. Mais ce n'est pas parce que c'est une fonction à risques qu'on y échoue inévitablement. Ce qui est arrivé à monsieur MAMBE, je le regrette, tout comme je regrette le cas Honoré GUIE, dont la situation a été, à mon avis, plus sévère que risquée. Je regrette que la mission de Monsieur MAMBE, qui est d'ailleurs mon ami, soit arrêtée de cette façon. La mission de Président de la Cei fait appel à l'honneur, à l'intégrité et à la responsabilité. Je tenterai de tirer leçon de cette situation et ferai en sorte qu'elle ne se répète pas. Cette situation est arrivée non pas que MAMBE l'ait tant souhaitée. Les cas de Mambé et de Guié, je ne veux pas être de tout cela. Mon souhait, et il doit être le même pour tous, c'est d'organiser des élections justes et transparentes mais je n'ignore pas le poids de la passion qui vous assaille en ces circonstances. Il y a des Cei dans plusieurs pays, mais, ce ne sont pas tous les présidents de Cei qui finissent en prison ou sous les coups de crosse.". N'empêche, la Cei a la lourde responsabilité de gérer le processus électoral et surtout de proclamer les résultats d'élections que tout le monde entier attend dans un pays défiguré depuis près de 10 ans. Une telle tâche n'est pas aisée si l'on se fonde sur les appétits autocratiques qui ont créé la crise ayant débouché sur l'élection du nouveau président de la Cei. Mais le président Bakayoko préfère relativer les choses : "Laissez-moi vous dire d'abord que les résultats ne dépendent pas des membres de la Cei. La Cei a des démembrements locaux qui font le travail sur le terrain. C'est la somme de ce que nous aurons reçu comme délibérés, bien entendu, qui ne dépendent pas d'aucun dirigeant de la Cei que nous proclamerons les résultats. Pour vous dire que la Cei proclamera les résultats qui seront le reflet de la volonté de l'ensemble des électeurs, c'est-à-dire les résultats des urnes, et rien d'autre", explique-t-il. La CEI sera bientôt de nouveau fonctionnelle sur toute l'étendue du territoire national. Et elle devra se mettre rapidement au travail pour achever ce qui a été si bien fait par l'équipe sortie. Le challenge est grand, mais Youssouf Bakayoko en a le profil.
Eddy PEHE



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