mercredi 24 février 2010 par Le nouveau navire

M. Zoro Bi Nangoné est le directeur général de l'Agetu (Agence des transports urbains). Récemment, il a plaidé pour l'instauration du Brt (Bus rapid transit) à Abidjan pour résoudre le problème de l'encombrement des sites propres de la Sotra.

Aujourd'hui à Abidjan, l'on constate un encombrement des voies. Ceci pose un véritable problème à l'Agetu censé régler la situation. Interrogé sur la question, le Dg de l'Agetu, M. Zoro Bi Niangoné, répond que l'encombrement des voies a plusieurs origines. Il y a des origines techniques qui dépendent de la capacité de la voie, de la relation entre le débit et la vitesse. Selon lui, plus le débit est élevé et cela dépend de la capacité des voies, plus la vitesse est faible. Plus, il y a des véhicules, moins ça roule. Mais le véritable problème à Abidjan, c'est l'utilisation de la route par des gens à qui la route n'est pas destinée. Et d'ajouter que la route sert de marché, la route sert de poubelle et à autre chose qu'aux véhicules pour circuler. Cela ne relève pas de la responsabilité de l'Agetu, c'est plutôt de la responsabilité des collectivités locales. Avant de préciser que l'Agetu a un mandat de régulation, qui est contesté par des collectivités qui ne font leur travail.
Rôle et mission

Dévolue à l'agetu
Selon le premier responsable de cette structure, l'Agetu a une mission de régulation et cette mission a deux composantes essentielles. Il y a une régulation purement administrative, par les textes. C'est la notion de débit qui consiste à mettre des véhicules dans la circulation. L'Agetu l'a fait également pour les véhicules de transport public urbain. En fonction de la situation du marché, à en croire le Dg, l'Agetu délivre un certain nombre de licences pour mettre les véhicules sur le marché. Cela à travers les tests techniques et administratifs. "On a dit que c'est l'Agetu qui assure cela mais les collectivités le contestent", a-t-il indiqué. La mise sur le marché de véhicules n'est pas actuellement de la compétence exclusive de l'Agetu, car les collectivités ont une interprétation très large de la décentralisation. Elles se disent que, parce que l'Etat leur a transféré un certain nombre de missions et compétences, alors il leur revient d'exercer ce rôle. Mais en ce qui les concerne, cela se résume seulement à délivrer des autorisations de transport.
L'impuissance de l'agetu face à ce problème

Nous n'avons pas la puissance mais est-ce que nous avons besoin d'être rétablis dans nos droits dès lors qu'il y a des textes légaux et réglementaires qui nous confèrent un certain nombre de compétences, déplore M. Zoro Bi Nangoné. Et d'ajouter que "moi je dois travailler, je ne dois pas passer mon temps à me battre sur le terrain institutionnelce n'est pas notre mission, s'il y a des gens qui contestent les textes pris par l'Etat, ce n'est pas à moi d'en juger. Moi j'ai un travail à faire, je le fais là où l'environnement le permet, a-t-il indiqué.
Une nouvelle politique de transport s'impose

Il faut à la Côte d'Ivoire des infrastructures autonomes car c'est un leurre de développer le système de transport en commun tant qu'il n'y a pas d'infrastructures autonomes. A Abidjan, il y a plusieurs possibilités et tout dépend de la solution qu'on veut. D'abord, dit-il, nous avons un plan d'eau magnifique qui est faiblement exploité et qui nous donne une solution durable : moins de pollution, moins d'encombrements etc. la Sotra a fait des efforts dans ce sens, mais il faut aller plus en avant. Je crois que la Sotra est en train d'investiguer parce que les bateaux qu'on exploite actuellement sont inadaptés. On a des bateaux d'à peine 150 places, ce qui est insuffisant par rapport à la demande et à la capacité de la lagune. Il nous faut des bateaux de 500 places parce que la lagune est trop polluée. Et il faut qu'on imagine des bateaux qui prennent en même temps des personnes et des voitures, a-t-il expliqué. A l'Agetu, nous avons mené des réflexions avec la Sotra et si on a un système articulé autour d'un axe lourd, Est-Ouest (Yopougon-Bingerville) et Nord-Sud (Anyama - Vridi), on a déjà les infrastructures, il suffit d'avoir la volonté politique parce qu'à partir de là, tout le reste se projette. Actuellement, Abidjan est une ville où les infrastructures sont conçues essentiellement pour les voitures. Il n'y a pas de places pour les piétons encore moins des cyclistes. A Abidjan, 0,03% du réseau est réservé aux couloirs, mais 0,03% ce n'est pas un site propre puisque c'est discontinu. Un véritable site propre continue, c'est un couloir réservé. Nous avons un problème d'infrastructures, d'affectations d'infrastructures et un problème de stationnement.

Le site propre et le brt

Le Brt est un système de transport en site propre, comme le métro est un site propre donc le Brt est un système d'autobus à haut rendement. La différence avec le métro c'est que le Brt circule sur la route mais la route lui est réservée, il y a des métros qui sont en surface mais ce n'est pas exactement la même chose. Le Brt circule sur la route comme les voitures, mais la route lui est exclusivement réservée. Donc c'est un système d'autobus en site propre. Vous voyez Abidjan : on décide de diviser en deux tout le boulevard Vge avec une partie exclusivement réservée aux autobus et sur cet axe on fait un Brt. Cela nécessite des investissements complémentaires d'exploitation, de l'ordre de 1 à 7 millions de dollars le kilomètre, le tram coûte trois (3) fois plus, le métro 10 fois plus. Ce qui est intéressant avec le Brt, c'est qu'il a pratiquement le même rendement que le tram, sinon un rendement supérieur et le Tram coûte 5 fois plus cher que le Brt. Le Tram n'est pas notre solution parce que nous sommes limités dans les investissements et le tram n'est pas un site propre.

Edmond Kouadio
Source : Sotra Magazine

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