mercredi 24 février 2010 par Nord-Sud

Tout ça pour ça ! Toutes ces destructions, ces morts, ces blessures, ces souffrances pour ce gouvernement ! Il faut le dire, l'équipe gouvernementale que le Premier ministre Guillaume Soro a présenté hier à la Nation a déçu énormément d'Ivoiriens, dont nous-mêmes. On s'attendait à une équipe différente, plus jeune, moins politique, avec une plus grande participation de la société civile et du secteur privé. C'est quasiment le même gouvernement qui est en fonction depuis 2003 qui a été reconduit. C'est vrai, en certains postes, il y a eu un léger mouvement de chaises musicales, mais pour l'essentiel, il n'était pas besoin de dissoudre le gouvernement, si c'était pour aboutir à ce résultat-là. Les deux ex-belligérants ont coupé la poire en deux en s'octroyant, chacun, un ministère d'Etat. Et chacun d'entre eux a fait entrer un proche au gouvernement. En réalité, c'est l'opposition, le Rhdp notamment, qui s'en tire à bon compte. Elle garde les ministères les plus importants, hors l'Economie et les Finances, à savoir l'Agriculture, le Commerce, les Transports, les Infrastructures économiques, les Ntic, l'Enseignement supérieur et la Santé publique. On peut dire que son bras de fer a payé, puisqu'elle n'a été dépossédée d'aucun ministère stratégique pour les élections. Mieux, il y a fort à parier qu'elle gagnera encore la deuxième partie du bras de fer qu'elle a engagé avec le couple exécutif depuis la double dissolution du gouvernement et de la Cei. A savoir la reconduction pure et simple de l'ensemble de ses cadres ministériels. Et ce serait un scandale si l'on ne faisait pas droit à cette requête. Laurent Gbagbo en effet, a gardé 90% de ses ministres, y compris les plus controversés. Soro également a gardé quasiment l'ensemble de ses ministres, à leurs postes d'origine, exceptés ceux dont les ministères ont été supprimés. Alassane Ouattara, Henri Konan Bédié, Mabri Toikeusse, Anaky Kobenan et leur nouvel allié Francis Wodié sont fondés à exiger le maintien de leurs cadres à leurs anciens portefeuilles.

Ainsi donc, après près de deux semaines de guérilla urbaine, près de dix morts, et tous les risques que font peser sur une démocratie l'irruption de l'armée sur la scène politique, nous sommes revenus au point de départ. Rien n'a changé. Rien n'a bougé. Les rêves de changements ont été étouffés. Vraiment, tout ça pour ça!

Touré Moussa

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