mercredi 24 février 2010 par Nord-Sud

L'augmentation des coûts de traversée sur la plate-forme portuaire abidjanaise crée la panique chez les opérateurs du secteur. Ils dénoncent une décision unilatérale des armateurs.

En mai 2007, l'étude lancée à Grand-Bassam sur la desserte maritime ivoirienne a révélé que les coûts de passage trop élevés constituaient un handicap majeur à la compétitivité de la plate-forme portuaire d'Abidjan. Malheureusement, les mesures initiées n'ont pas été mises en application et sont demeurées au stade de simples effets d'annonces. Conséquence, les problèmes liés la circulation des marchandises restent entiers sur les quais. Beaucoup de personnes estiment même qu'ils s'aggravent. En effet, les compagnies maritimes et les consignataires ont décidé d'augmenter les tarifs de passage. Cette hausse est comprise entre 5 % pour les navires à passagers et environ 8 % pour les pétroliers. Pour les opérateurs import-export du secteur, l'impact n'est pas négligeable sur leurs activités. Les compagnies maritimes et consignataires, quant à elles, leur opposent les conséquences de la crise sociopolitique interminable. Mais, elles l'ont fait de façon unilatérale, peste le directeur général de l'Office ivoirien des chargeurs (Oic). Selon Abdoul Dramane Bakayoko, cette mesure prise par les armateurs déroge aux procédures en vigueur au plan national. En vue de préserver les intérêts de toutes les parties, sa structure a saisi la Direction générale des affaires maritimes et portuaires (Dgamp) ainsi que celle du Port autonome d'Abidjan pour une médiation. Apparemment en vain d'autant que les coûts de passage portuaire n'ont pas été ramenés à la proportion escomptée par les opérateurs. Il nous faut prendre ce problème à bras le corps parce qu'il constitue un facteur bloquant dans la compétition sous-régionale. Si nous ne faisons rien, les autres ports vont nous ravir notre place , explique Jean-Pierre Wombléhon, gérant d'une société de transit basée dans la zone de Vridi. Ce n'est pas tout. Les opérateurs économiques se plaignent aussi de l'évolution du taux de fret et des surcharges appliqués par les armateurs. Pour les acteurs, il s'agit d'un sujet de vive préoccupation. Ils affirment que depuis l'année dernière, les taux de fret maritimes ont quasiment triplé. La Banque mondiale confirme que les coûts restent élevés pour l'exportateur ivoirien, atteignant en moyenne 8,5% de la valeur des exportations (5% des coûts d'importation des matières premières et 3,5% des coûts d'export). Selon les armateurs, les coûts sont fixés à l'international par les pools maritimes et tiennent compte parfois des politiques et des impératifs nationaux qui se résument généralement en la nécessité de rentabiliser les équipements pour la sûreté portuaire. Mais de l'avis des experts, ce désordre est le résultat du démantèlement des armements nationaux et surtout de la disparition des conférences maritimes. Les dysfonctionnements nés de ces situations placent les coûts de transport maritime (la première voie dans les opérations import/export) hors de portée des secteurs publics et privés. En effet, mentionne le directeur général de Ivoire Trade, Basile Kouassi, la non-maîtrise des opérations oblige les exportateurs à limiter leurs prestations à la porte de l'usine ou par devers le quai. C'est le cas du bois. La plupart des importations liées à cette matière première sont traitées FOB (Free on board). Cela signifie que ce sont les importateurs de bois qui prennent en charge le transport maritime et terrestre ainsi que tous les services liés, émiettant les dividendes de leurs activités. Pour dénouer le n?ud, les ministres en charge des transports maritimes d'Afrique de l'ouest et du centre se sont réunis à un symposium international du 28 septembre au 2 octobre à Cotonou, en vue de prendre des résolutions censées minimiser les difficultés. A cet effet, une rencontre est prévue en mars prochain à Paris.

Lanciné Bakayoko

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