mercredi 24 février 2010 par Le Nouveau Réveil

Excellence Monsieur le Premier Ministre,
Le 14 février dernier, vous nous avez reçus pour un large échange sur la grave crise politique et sociale en cours, qui a connu son paroxysme avec la double dissolution par le Chef de l`Etat, de la Commission Electorale Indépendante (CEI) et du Gouvernement.
Vous nous avez exposé votre démarche qui était d`obtenir que les deux parties en présence, le RHDP auquel appartient le MFA, et le Camp Présidentiel, acceptent de calmer le jeu et que toutes les parties restent dans le cadre de l`Accord Politique de Ouagadougou (APO), et après une solution consensuelle au problème de la CEI, acceptent de participer au nouveau gouvernement dans l`esprit des Accords de Marcoussis et de la Conférence de Kléber.
Le MFA a, jusqu`à ce jour, avec les autres Partis du RHDP, participé à la grande mobilisation populaire pour faire barrière à cette décision anticonstitutionnelle de Laurent GBAGBO, qui ouvrait directement la voie à l`instauration d`une véritable dictature, surtout que son objectif, flagrant, était de continuer à retarder les élections, après un sixième report et cinq années d`illégitimité au pouvoir.
Le MFA est heureux d`apprendre que la session extraordinaire du Cadre Permanent de Concertation (CPC), tenue ce lundi 22 février 2010 à Abidjan, a abouti à un accord pour la remise en route de la CEI, enjeu principal de la grande mobilisation du RHDP depuis une semaine.
Mais, pour ce qui est de la participation au gouvernement, le MFA est au regret de décliner votre proposition, certain que le principal concerné par cette décision politique, à savoir le Peuple de Côte d`Ivoire, saura le comprendre.
Tout d`abord, dans son adresse de v?ux à la nation ivoirienne en janvier 2009, le MFA a annoncé son retrait du gouvernement et invité ses partenaires du RHDP à en faire autant.
Cette décision se justifiait par le fait que, l`opposition politique que constitue le RHDP, devait arrêter de se rendre complice de la gestion catastrophique de Laurent GBAGBO, mais surtout se désolidariser de la volonté clairement affichée du camp présidentiel de retarder la tenue de l`élection présidentielle.
Ces motifs demeurent, et se sont pratiquement tous aggravés. Il ne nous est donc pas possible, par solidarité avec la grande détresse du peuple ivoirien, de continuer à siéger dans un gouvernement sous l`autorité de Laurent GBAGBO.
Par ailleurs, depuis le vendredi 12 février 2010, le peuple de Côte d`Ivoire s`est, un peu partout, soulevé pour manifester contre ses conditions de vie lamentables et contre le régime de Laurent GBAGBO, qui l`affame et l`opprime tout autant.
Dans des localités telles que Divo, Gagnoa, Daloa et Abobo, les Forces de Défense et de Sécurité (FDS) et autres milices ont ouvert le feu sur des manifestants aux mains nues, et l`on compte une quinzaine de morts et une cinquantaine de blessés graves.
Ces voies de fait indignes et inacceptables ne peuvent nous permettre de siéger à la même table de conseil que le responsable de cette répression barbare, le sang des victimes étant encore frais.
Le MFA ne participera donc pas au gouvernement en cours de constitution, mais vous assure de son soutien à l`Accord Politique de Ouagadougou et à vos efforts inlassables pour conduire la Côte d`Ivoire, dans les meilleurs délais, à l`élection présidentielle qui ouvrira la porte de l`ère d`après crise.
Nous informons ce jour le Facilitateur, Son Excellence Monsieur Blaise COMPAORE, l`ONU et l`Union Africaine, de notre décision.
Veuillez agréer, Excellence Monsieur le Premier Ministre, l`expression de nos sentiments distingués.
Innocent Kobéna ANAKY
Président du MFA
Candidat à l`élection présidentielle


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