mercredi 24 février 2010 par Le Nouveau Réveil

Guillaume Gbato, porte-parole de la commission paritaire, explique les avantages liés à la carte d'identité de journaliste professionnel. Dans cette interview, il appelle par ailleurs ses confrères à se mobiliser pour l'obtention de cette carte.

Depuis le lancement de la carte d'identité des journalistes professionnels, on a constaté que les journalistes ne se bousculent pas. Selon vous, quelles sont les causes de cette situation ?
Il y a plusieurs facteurs qui ont contribué à démobiliser les journalistes. La première raison est le décès du président de l'Unjci qui a un peu freiné la commission dans son élan. Parce qu'elle avait prévu un programme d'information et de sensibilisation dans les rédactions et sur l'ensemble du territoire. Nous avons commencé à rencontrer les organisations professionnelles du secteur des médias. C'est-à-dire l'Union nationale des journalistes de Côte d'Ivoire (Unjci), le Syndicat national de la presse privée de Côte d'Ivoire (Synappci). Nous avons un grand rendez-vous avec l'Umpci. Aujourd'hui, il y a un gros effort à faire au niveau des médias audiovisuels, les radios de proximité notamment. Beaucoup travaillent par ignorance. Et ça, c'est un gros problème. Les journalistes n'ont pas l'information exacte.

A quand la reprise de ce programme ?
Comme je le disais, nous avons été un peu freinés dans notre élan, par le décès du président de l'Unjci. Tout le monde a été un peu attristé. La présidente de la Commission, Mme Laurence Sautier, est membre du Conseil exécutif de l'Unjci avec beaucoup de membres de la Commission. Après les obsèques du président de l'Unjci au début du mois de mars, nous allons reprendre ce programme qui sera largement diffusé, pour que tout le monde soit plus informé sur l'enjeu qu'il y a à obtenir la carte de journaliste professionnel.

Pouvez-vous expliquer les avantages qu'un journaliste a à obtenir cette carte ?
Nous disons toujours que le premier avantage qu'un journaliste a à détenir la carte d'identité de journaliste professionnel, est sa sécurité professionnelle. Cela veut dire quoi ? Aujourd'hui, on regarde la loi en Côte d'Ivoire, ne peut être déclaré journaliste professionnel que le détenteur de la carte d'identité de journaliste professionnel. C'est ce document qui atteste la qualité de journaliste professionnel et qui permet d'avoir tous les droits reconnus à un journaliste professionnel. Il fait la démarcation entre ceux qu'on appelle des journalistes professionnels et les collaborateurs extérieurs. C'est-à-dire des gens qui peuvent collaborer avec les entreprises de presse, mais n'ont pas pour autant, la qualité de journaliste professionnel. Et au regard de nos textes, il y a un certain nombre de prérogatives qui sont liées à la qualité de journaliste professionnel. Notamment, la possibilité de faire son travail, un certain nombre de droits, notamment la convention collective, beaucoup de choses ! Est-ce que vous voyez ? Or, si vous êtes par exemple un chroniqueur occasionnel des médias, vous n'avez pas les mêmes droits qu'un journaliste professionnel, qui lui, exerce le métier à titre principal. Donc si vous travaillez dans un journal et que vous n'avez pas la carte de journaliste professionnel, vous ne pouvez pas le revendiquer. Je prends un exemple banal. Vous vous retrouvez sur un lieu de reportage et une autorité des forces de l'ordre veut vous interdire par exemple l'accès, cette autorité a le droit de dire, présentez-moi votre carte de journaliste professionnel. Si vous ne la présentez pas, cette autorité a, au regard de la loi, de vous expulser. Vous pouvez, après, protester, faire ce que vous voulez, au regard de la loi, le droit vous n'êtes pas journaliste. Car nous avons dans notre milieu ceux que nous appelons des "rats". C'est-à-dire des gens qui n'ont rien à voir avec le métier, des usurpateurs qui parfois escroquent de l'argent à des honnêtes citoyens, sous le couvert de journaliste ! Vous le savez, au plan international, il y a eu récemment au Mali, des espions qui se sont fait passer pour des journalistes. Ce n'est même pas national. Et aujourd'hui, partout dans le monde et les professionnels du secteur et les gouvernements tendent à interdire la situation. En Côte d'Ivoire, il est important qu'on puisse faire le distinguo entre un vrai journaliste et quelqu'un qui ne l'est pas. Le premier avantage est de vous mettre à l'abri en vous distinguant des usurpateurs. Le reste des avantages corporatistes, la Commission essaie de négocier des avantages avec des opérateurs économiques. J'avoue et je dis que ce genre d'avantages n'est rien devant la garantie que vous apporte la carte d'identité de journaliste professionnel face aux lois et règlements de la République.

A quand la date limite de dépôt des dossiers ?
Les pétitionnaires ont trois (03) mois. Au bout du premier trimestre, nous devons siéger pour attribuer de nouvelles cartes. Donc normalement tous les pétitionnaires ont jusqu'à la fin du mois de mars, et nous allons siéger début avril.

Y aura-t-il une chance pour les retardataires ?
Mais, on a encore du temps. Nous sommes encore dans le temps. Au lieu que les gens attendent d'être en retard, ils ont intérêt à aller maintenant, au siège de la Commission pour retirer les imprimés à remplir et les conditions d'attribution et de renouvellement. Nous les avons distribués un peu partout dans les rédactions, aux organisations professionnelles. Il faut que tout le monde prenne cela à bras le corps. Je le dis toujours, il faut que les journalistes ivoiriens comprennent une fois pour toutes, la presse ivoirienne va sortir de l'informel. Il faut que les gens le sachent !

Qu'en est-il des droits et frais de dossier jugés onéreux au regard même de la validité, de la durée de cette carte, qui n'est qu'un an seulement ?
La Commission a décidé de ramener les frais d'attribution et de renouvellement tout à 10.000fcfa. Je pense. Je crois. Deuxièmement, dans les 10.000 Fcfa, il y a le coût de fabrication de la carte elle-même, c'est-à-dire la quantité du document qui est fabriqué par des gens. Il y a aussi, quelques moyens que la Commission prend pour fonctionner. Je l'ai dit tout à l'heure, la Commission est en butte à des difficultés, notamment au plan financier, il faut dire les choses telles qu'elles sont ! La Commission n'a pas les moyens de faire un grand tapage. Alors que la loi nous donne un statut plus ou moins important. N'oublions pas que la Commission est aussi une structure de régulation. Qui a la possibilité de blâmer, de retirer la carte à un journaliste, s'il se comporte mal. Donc la Commission a besoin d'un peu de moyens pour fonctionner. Et vu le nombre réduit, nous avons environ 2000 et 2500 journalistes et professionnels des medias. Vu ce nombre-là, avec les coûts et la fiabilisation de la carte, vous ne pouvez dire que vous aller faire un travail pour assainir un milieu, et vous allez donner une carte que tout le monde peut fabriquer au coin de la rue ! Donc, tous ces impératifs font que nous sommes aujourd'hui à 10.000 Fcfa. Mais nous pensons que, pour un professionnel, obtenir une carte qui vous garantit votre profession, 10.000 Fcfa n'est pas cher payé. Je suis parfois choqué de savoir que des journalistes ne savent pas que la carte de journaliste professionnel a été instaurée par la loi. La Commission et la carte sont instaurées par la loi. La loi dit, si vous voulez être professionnel, la seule manière de le prouver c'est d'avoir la carte. Il vous faut la carte d'identité professionnelle. Et cela va se faire de plus en plus parce que nous allons rencontrer les ambassades, les institutions de l'Etat et la commission va prendre son envol. Aujourd'hui, les gens ont intérêt à se mettre en règle. Après c'est quand la situation se complique que les gens courent partout. Il ne faut pas attendre que ça chauffe. Quand on vous appelle à la justice et qu'on vous dit que vous un pirate, vous n'êtes pas un journaliste professionnel, vous écrivez certaines choses dans les journaux. Devant la loi vous êtes coincé. On aura beau grouiller, mais que peut-on bien obtenir ? Que chacun fasse donc un effort pour remplir les conditions. Des gens disent on n'a pas de formation. Mais aujourd'hui, il y a beaucoup d'écoles sur la place où tout est facilité. Il en existe pour des travailleurs.
Interview realisée par DJE KM
Coll : S Amany



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