samedi 13 février 2010 par Fraternité Matin

Grand Akoudzin, village natal de Joëlle C. A une semaine de la date anniversaire de son décès, nous nous sommes rendus dans cette localité de 11800 âmes. C'est le calme plat. La place publique, qui abrite également la gare du village est peu animée. Normal. Ce n'est pas vendredi, jour de marché. Les quelques rares commerçants et commerçantes s'affairent devant leurs étalages.

Un peu plus en retrait, sous un hangar, trois hommes échangent, près d'une cabine téléphonique. Ils semblent surpris de voir le véhicule de Fraternité Matin. Surtout qu'il n'y a aucun évènement pouvant nécessiter la présence de la presse. Il y a eu un décès certes, mais la personne a été inhumée, il y a deux jours et la plupart des habitants se sont rendus aux champs. Quelques-uns sont allés au domicile du défunt pour des cérémonies.

A cette même place publique, il y a deux ans, était présente une foule compacte pour les obsèques de Joëlle C., celle qui a marqué ce grand village.

Nous voici chez le chef du village, conduit par un émissaire. Dans sa cour, nous attendent quelques personnes. A la cuisine, les femmes fabriquent l'attiéké, certainement destiné à être commercialisé et d'autres concoctent le repas du L'accueil est empreint de civilité comme le recommande la coutume en pays Attié. Le comité d'accueil est pour la circonstance, composé des proches collaborateurs du chef. Il s'agit de Yapi Achi Ruffin, son secrétaire Gbakou Sonna maxime, porte-canne Adoma M'Gocho Germain et Assi Kouassi Jérôme; les notables, Achi Affos Hélène, s?ur du chef, et de Yapo Séka Zépherin, cousin de Joëlle C.

Pour nous situer sur la place qu'occupe Joëlle C à Grand Akoudzin, le secrétaire du chef, après un clin d'?il à la presse sur l'exploitation faite de la mort de Joëlle C. s'explique en ces termes: Joëlle est une illustre et digne fille de Grand Akoudzin. Son père Séka Djako (décédé et inhumé à grand Akoudzin) et sa mère Yapo Apo Api sont de ce village. L'artiste qui n'était pas la seule célébrité du village, puisqu'il y a Anouma Brou Félix, faisait la fierté de notre localité. Et voilà que la mort est venue précipitamment l'arracher à notre affection.. Il marque une pause, comme s'il cherchait dans ses souvenirs des épisodes refoulés sur lesquels il ne souhaite pas revenir. Puis, il reprend la parole, en évoquant la polémique (lieu de son inhumation, cause de sa mort, etc.) autour de ses obsèques.

L'un des notables et le cousin de la défunte ajoutent: L'essentiel c'était d'enterrer dignement notre fille.

Le secrétaire, porte-parole de la délégation, consterné, précise: La seule évocation du nom de Joëlle C, nous rappelle des souvenirs douloureux. Et, parfois, quand nous entendons sa musique, nous sommes à la fois fiers que ses morceaux soient toujours prisés, mais attristés et souvent en larmes du fait de son départ si jeune pour l'au-delà..

Pour ce dernier, elle est toujours présente dans son quotidien. Il nous demande, séance tenante, de composer son numéro de téléphonie mobile. Sa mélodie est un titre de l'artiste. Qui, à l'en croire, n'est pas n'importe qui, elle a marqué positivement le village.

Et même au-delà. Tous les 14 février et 1er novembre, c'est-à-dire, à l'occasion de la Saint valentin, relate-t-il, les gens viennent se recueillir sur sa tombe et y déposer des fleurs.

A Grand Akoudzin, renchérit Yapo Séka Zépherin, à la date anniversaire de son décès, la famille demande une messe en sa mémoire.

Dans la localité, les rares personnes qui ont bien voulu se prêter à nos questions, semblent très peinées pas la disparition tragique de Joëlle C. Pour ce deuxième anniversaire de sa mort, l'artiste talentueuse, à la voix suave, pleine de vie, joviale, manque terriblement à sa communauté et demeure encore dans les esprits. Tous ne disent que du bien d'elle. Car, précise-t-on, elle prenait une grande part aux activités du village.

Envoyée spéciale

Marie Chantal Obindé

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