jeudi 24 décembre 2009 par Notre Voie

En raison de la fête de Noël ce vendredi, qui est jour férié, nous publions aujourd'hui le numéro des causeries du vendredi du secrétaire national chargé des élections du FPI. Martin Sokouri Bohui répond à Hamed Bakayoko qui a revendiqué le coup d'Etat contre Bédié et la guerre contre Gbagbo. Notre Voie : A deux jours de la fin officielle du contentieux électoral, est-ce que La majorité présidentielle est satisfaite de l'opération ? Martin Sokouri Bohui : L'objectif du contentieux est, d'une part, de faire entrer nos militants et sympathisants sur la liste électorale provisoire et, d'autre part, d'extraire les fraudeurs de cette liste-là. La direction nationale de campagne de La majorité présidentielle, qui prend cette opération très au sérieux, avait envoyé sur le terrain 25 délégations pour une mission de supervision. C'est ce matin-même que ces délégations vont faire le point de cette mission. C'est donc après cette séance que nous donnerons un point de vue plus complet. Mais d'ores et déjà, je peux dire que vue sous les deux angles ci-dessus indiqués, l'opération n'a pas tout à fait répondu aux attentes de La majorité présidentielle. Parce qu'à quelques jours de la fin de l'opération, la moyenne de ceux qu'on a pu faire entrer oscille autour de 30%. Ce qui est largement en deçà de l'objectif qui est de faire entrer les 100% de nos partisans pour rendre la victoire du président Gbagbo plus éclatante. Mais il y a des raisons objectives qui expliquent le faible taux des cas litigieux réglés. A savoir, entre autres, l'éloignement des cei locales des populations ; les difficultés pour se faire établir un certificat de nationalité et la réticence de certains pétitionnaires. A cela s'ajoute la grève des greffiers qui a duré 18 jours. Cette grève a constitué un blocage réel qui ne peut être imputé aux populations. On remarque que le travail qui devrait être fait en un mois conformément à la loi, n'a été effectué qu'en 12 jours en réalité. Il nous apparaît dès lors nécessaire et logique de rajouter les 18 jours pour respecter le délai d'un mois. Sur l'autre volet, par endroit, par peur de représailles, certains militants ont eu du mal à dénoncer les fraudeurs qui se sont infiltrés aussi bien sur la liste provisoire que sur celle des cas litigieux. N.V. : Est-ce que des dispositions ont été prises pour ne plus que les militants aient peur de dénoncer les fraudeurs ? M.S.B. : Bien sûr ! La majorité présidentielle (LMP) travaille à la transparence des élections. C'est pourquoi nous nous battons pour que tous les fraudeurs soient démasqués. Quand nous avons constaté que, par endroit, nos militants avaient peur, nous avons mis en place un collège de juristes pour apporter un appui à ceux qui hésitent encore à dénoncer les fraudeurs. Pour ce faire, nous demandons simplement à toutes nos DDC qui ont des cas de fraude avérés de saisir ce collectif basé au QG de campagne. Ceux-ci se chargeront de déposer les plaintes auprès des juridictions compétentes, afin d'extraire les fraudeurs de la liste provisoire et aboutir à une liste propre. Une liste propre étant bien entendu le début de la transparence des élections. N.V. : Malgré tous les clignotants qui marquent rouge pour le RDR, ce parti clame toujours haut et fort qu'il va gagner l'élection. A votre avis, qu'est-ce qui peut expliquer une telle sérénité ? M.S.B. : Oh, c'est une pseudo sérénité. Sinon le RDR sait très bien que les dés sont jetés pour lui. Car tous les responsables de ce club de soutien et leur mentor savent qu'ils sont rejetés par les Ivoiriens. Est-ce que vous connaissez un seul signe qui peut laisser croire que le RDR peut gagner une élection présidentielle ? Moi je n'en connais pas. Ce que je sais par contre, c'est que son candidat a toutes les tares qui ne peuvent pas lui permettre d'être élu président de la République. Premièrement, son parti est un club de soutien. Voire un cercle fermé de fanatiques initiés où tous ceux qui ne sont pas initiés sont rejetés automatiquement. Deuxièmement, Ouattara lui-même a une nationalité douteuse. Et il est de ce fait rejeté par la grande majorité des Ivoiriens. Troisièmement, il est notoirement connu comme le père de la rébellion qui a endeuillé les Ivoiriens et défiguré notre pays. Avec cette guerre, il a confirmé qu'il n'est pas Ivoirien, car un bon Ivoirien, qui aime bien son pays, ne peut pas envoyer la guerre parce qu'il veut simplement être candidat. Il a montré que la Côte d'Ivoire en tant que Nation libre, ne l'intéresse pas. Ce qui l'intéresse, c'est de prouver un jour que, lui, Ouattara a été capable de s'imposer à la tête d'un pays qui n'est pas le sien et d'avoir partagé les richesses de ce pays avec ses soutiens extérieurs. Mais malheureusement pour lui, les Ivoiriens le savent très bien, si bien qu'ils ne peuvent pas lui permettre de réaliser une telle ambition démesurée. Quatrièmement, la force d'un candidat, c'est aussi ses directeurs de campagne. Or en l'espèce, Ouattara n'en a pas un seul qui fasse le poids sur le terrain. Depuis que je parcours le pays, je n'ai pas encore vu un directeur de campagne de Ouattara qui fait bouger les choses autour de lui, contrairement à Issa Malick qui depuis sa nommination fait bouger vers la majorité présidentielle l'électorat en général et en particulier l'électorat du Nord. Dans chaque département, leurs activités se limitent à leur cercle d'initiés dans les chefs-lieux de département ou de sous-préfecture. Mais jamais dans les villages. Avec toutes ces tares, il est évident qu'on ne peut pas gagner une élection présidentielle. N.V. : Dans sa parution du mercredi 16 décembre, le Patriote barrait à sa Une, Ils ont oublié les causes de la guerre. Trois jours après, le ministre Hamed Bakayoko déclare à Korhogo : Ceux qui ont joué avec nous ont vu. Ceux qui veulent jouer avec nous verrons. Est-ce que vous ne vous sentez pas interpellé par ces propos ? M.S.B. : Quand je dis que le RDR ne peut jamais gagner une élection présidentielle, c'est pour toutes ces raisons. Le RDR est un parti violent qui ne prospère que dans la violence. Par ces deux déclarations, le RDR confirme d'une part que c'est bien lui l'auteur du coup d'Etat contre Bédié et le PDCI. Peut-être que Bédé le comprendra enfin. Mais ça c'est son problème. D'autre part, ce parti revendique la sale guerre qui a endeuillé les Ivoiriens. Le RDR vient donc d'avouer à la face du monde que c'est bien lui qui endeuille la Côte d'Ivoire depuis 2000. Quand ils disent : Ceux qui ont joué avec nous ont vu, qu'avons-nous vu ? On a vu des Ivoiriens massacrés ; on a vu des gendarmes égorgés et jetés dans une fosse commune; on a vu des Ivoiriens pourchassés pour ce qu'ils sont ; on a vu des femmes violées ; on a vu des générations entières décimées en une seule nuit ; on a vu des Ivoiriens perdre tous leurs biens en une seule nuit (Guitrozon et Petit Duékoué); on a vu. on a vu. Oui on a vu la guerre de Ouattara qui a coupé la Côte d'Ivoire en deux. Peut-on être fier de toutes ces atrocités au point de se taper la poitrine ? Ce genre de discours, qui est de nature à compromettre le processus de paix, m'inspire de la pitié pour leurs auteurs. Mais au fait qu'allons-nous voir encore ? Une autre guerre de Ouattara ? Eh bien, si hier nous dormions quand ils nous ont attaqués, aujourd'hui nous avons les yeux grandement ouverts de jour comme de nuit. Qu'ils sachent donc que nous ne nous laisserons plus surprendre. Nous dormions quand ils nous ont attaqués et ils n'ont pas gagné la guerre. Ce n'est donc pas au moment où nous avons les yeux ouverts 24h/24 qu'ils vont nous effrayer. On a déjà vu la guerre de Ouattara, il ne peut donc pas nous effrayer avec une autre guerre. Ce qu'on demande donc à cet homme, c'est qu'il abandonne totalement la voie de la violence et de la guerre pour s'inscrire dans la voie de la démocratie. C'est de cette façon seulement qu'il peut se faire accepter par les Ivoiriens, ce peuple si attaché à la paix. Ce dont la Côte d'Ivoire a besoin, c'est que ces fils et filles de tout bord s'unissent pour sortir le pays de la crise, pour créer les conditions de son développement, et non des chefs de guerre. Ce dont les peuples africains ont besoin, c'est que nos intellectuels s'unissent et unissent leurs intelligences pour faire face aux grands défis mondiaux, pour permettre à nos différents Etats de se hisser au rang des pays développés, et non des chefs de guerre. Il y a un temps pour faire la guerre, et il y a un temps pour faire la paix. Aujourd'hui, après 7 ans de recul du fait de la guerre, tout Ivoirien soucieux du développement de ce pays ne devrait plus être habité par aucun sentiment de guerre, parce qu'on ne développe pas un pays avec la guerre.

Entretien réalisé par Boga Sivori
bogasivo@yahoo.fr

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