jeudi 24 décembre 2009 par Le Nouveau Réveil

Je ne sais quel accueil le Président Nicolas Sarkozy fera de l`assertion de M. Bernard Kouchner, lorsqu`il affirme, d`une part, que " Gbagbo devrait gagner les élections " et qu`il confirme, d`autre part, être en désaccord avec le Chef de l`Etat français à propos des élections en Côte d`Ivoire. Faut-il pour autant que les partis d`opposition que nous sommes nous plaignions de cette déclaration de source autorisée, qui vient nous confirmer que Laurent Gbagbo est bien le candidat de l`étranger ? Je ne le pense pas. Car, en faisant de Laurent Gbagbo son candidat, Bernard Kouchner affirme son choix et probablement celui de la France. A moins que le raccourci du ministre français des Affaires Etrangères ne soit une bourde supplémentaire à verser dans le registre des bêtisiers du Quai d`Orsay.

La diplomatie est un art dont la maîtrise n`est pas à la portée de tous. C`est aussi un métier qui s`apprend dans la durée. Apparemment, cette dérive du " French Doctor " qui vient s`immiscer aussi grossièrement dans les affaires intérieures de la Côte d`Ivoire en affirmant ses choix électoraux, confirme bien les risques qu`il y a de confier cet exercice à ceux qui y sont les moins bien préparés.

Car, non seulement la divergence d`opinion avec le président Nicolas Sarkozy à propos du processus électoral en Côte d`Ivoire surprend mais elle laisse pantois devant le traitement discordant des affaires ivoiriennes en France ; elle inquiète quant à l`indigence des sources d`information dont dispose le Quai d`Orsay sur notre pays ; elle est affligeante si l`on songe aux immenses sacrifices consentis par la France depuis huit ans pour nous sortir du gouffre dans lequel Laurent Gbagbo nous a plongés.

Certains cercles malintentionnés dont les informations croisées servent des causes paradoxales existent partout en France comme chez nous. Je ne serais pas surpris que M. Bernard Kouchner s`abreuve à ces sources qui feignent de voir la réalité en Côte d`Ivoire au nom d`une idéologie socialiste en perdition et qui tentent par tous les moyens de sauver du naufrage l`ami Gbagbo.

Sinon, comment comprendre l`attitude du ministre français des Affaires Etrangères ? Sur quelles données s`appuie-t-il pour affirmer que " Laurent Gbagbo devrait gagner les élections " ? A-t-il connaissance de la cartographie électorale ivoirienne ? Quelle idée se fait-il de la société ivoirienne ? Quelle évaluation fait-il du bilan politique de Gbagbo et de son parti le FPI ? Sait-il que ce parti minoritaire n`a jamais gagné d`élection en Côte d`Ivoire, hormis la présidentielle d`octobre 2000 de laquelle les candidats des partis significatifs (le PDCI-RDA et le RDR) ont été de manière inique écartés ? Bernard Kouchner sait-il que Laurent Gbagbo a échoué dans tout et partout depuis qu`il est au pouvoir et qu`il n`a aucun bilan à opposer à celui de ses adversaires sinon de vagues intentions qu`il n`a jamais su traduire en actes, en dix années passées à la tête de l`Etat ?

En outre, M. Bernard Kouchner peut-il attester que la gouvernance de Gbagbo a été satisfaisante au point de lui valoir le suffrage des Ivoiriens après les tueries, les charniers, les viols, les détournements massifs des deniers de l`Etat, la partition en deux du pays, la ruine de l`économie d`une Côte d`Ivoire naguère prospère et si riche de ses succès sur la voie du développement mais aujourd`hui plongée dans le marasme et la pauvreté du fait des méthodes cruelles et de l`incompétence du FPI ! M. Kouchner ne sait-il pas que sous Laurent Gbagbo, tous nos équipements, nos infrastructures routières, l`école et la santé sont sinistrés ? Souhaite-t-il passer par perte et profit les morts, les viols et l`expulsion outrageante de plus de 8300 familles françaises par les milices tribales autoproclamées "patriotes" de Laurent Gbagbo ? S`il pouvait être mieux renseigné il s`apercevrait que le front social est en ébullition en Côte d`Ivoire depuis des semaines et que le mécontentement touche toutes les couches de la société qui crient leur ras-le bol !

Penser dans ces conditions que les Ivoiriens applaudiront à leurs propres souffrances en élisant leur bourreau, c`est les prendre pour des masochistes !

Pour terminer je voudrais dire que la France qui, au prix de sacrifices particulièrement grands dont nous ne saurons jamais assez la remercier, s`est engagée pour nous sortir de la mauvaise passe où Laurent Gbagbo nous a conduit, continue de suivre jusqu`à son terme, le processus électoral en Côte d` Ivoire en s`abstenant de faire des choix électoraux en lieu et place des Ivoiriens. Nous savons sur quel programme et sur qui porter nos voix. A l`heure du vote nous saurons choisir en toute connaissance de cause.

Abidjan, le 23 décembre 2009

Georges K. Amélékia

Président du collectif des Secrétaires Généraux de section du PDCI-RDA du District d`Abidjan

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