mardi 22 décembre 2009 par Le Temps

Dix ans après le coup d'Etat du 24 décembre 1999, un militaire ayant participé à l'opération, accuse Alassane Ouattara d'en être le commanditaire.

Pourquoi avez-vous renversé le régime de Bédié?

Nous l'avons chassé. Parce qu'il a créé le concept de l'ivoirité qui a divisé les Ivoiriens. En plus, ce monsieur a fait trop de tort aux Ivoiriens. Précisément aux populations du Nord et aux musulmans. Contrairement à ce qui a été rapporté dans un journal, IB était bel et bien le cerveau du coup d'Etat de décembre 1999. Est ce que vous ne vous rappelez pas de la phrase d'ailleurs vous n'êtes plus président? C'est IB qui l'a prononcée à la résidence du Président Bédié à Cocody Ambassade devant lui et ses ministres. Je ne comprends pas pourquoi des gens veulent le disculper. Vous pouvez demander à Bédié. Il est encore en vie, D'ailleurs, je me rappelle comme hier que IB avait donné instruction à Zaga Zaga qui était embusqué avec d'autres éléments autour de la résidence. C'était le 24 décembre à 5h du matin alors qu'on jouait avec l'esprit des gars de Bédié en attendant que le Général Guéï rentre à Abidjan. Donc il fallait trouver les astuces pour tuer le temps. IB avait dit à Zaga Zaga: si je rentre dans la résidence et que pendant un moment vous ne parvenez plus à me joindre sur mon téléphone, considérez que je suis pris en otage, sans réfléchir, ne tenez pas compte de ma présence dans les locaux, réduisez la résidence en cendres. Diarassouba, autrement dit Zaga Zaga et ses hommes étaient lourdement armés.

Vous êtes en train de présenter IB comme le cerveau de ce coup d'Etat, alors que d'aucuns parlent plutôt de Boka Yapi et de Diomandé Souleymane dit La Grenade?

C'est la stratégie qui a prévalu qui font que des gens disent cela. Je les comprends La Grenade était à la poudrière, Boka était le chef du groupe d'appui et IB était le vrai meneur. J'étais dans son groupe. Quand on prenait un coin, c'est lui qui désignait qui devait contrôler cette zone. Déjà le soir du 23 décembre, nous avons reçu à la poudrière de l'ancien camp militaire d'Akouédo le Colonel Major Mathias Doué qui était le chef de Cabinet Militaire du ministre de la Defense Bandama N'Guetta. Il nous a promis la somme de 50 millions et un stage d'officiers en Allemagne si nous acceptions de renoncer à notre soulèvement. IB a refusé. Pour tout dire, IB n'était que le cerveau militaire. Il y avait des cerveaux politiques. IB n'avait aucun moyen pour nous financer. Il avait le courage et la volonté, c'est vrai. Mais nous rendons grâce à Dieu mais nous rendons surtout grâce à Ado (Alassane Ouattara, Président du Rdr, Ndlr) C'est lui qui nous a aidés financièrement. Je pense que le peuple doit lui être reconnaissant pour avoir contribué dans l'ombre à mettre fin à un moment donné à la souffrance du peuple. C'est un homme de parole et d'honneur. Il a dit quand il était en France: Je rentrerai avant la fin de l'année. Et il l'a fait. Il n'a pas accepté de trahir ses collaborateurs qui étaient emprisonnés à la Maca. Il nous a appelés le 23 décembre aux environs de minuit pour nous dire de ne pas lâcher prise, sinon si Bédié revenait à contrôler la situation, qu'il nous ferait la peau. On savait dès lors que c'est un homme averti qui venait de parler. Sinon nos revendications concernant l'argent de nos frères d'armes qui revenaient de la mission de maintien de la paix en Centrafrique étaient certes des problèmes réels mais on avait notre plan. On nous a dit que Bédié n'accepterait pas les revendications que nous avons ajoutées pour nous. C'est en entrant dans la résidence où la discussion finale devait avoir lieu que IB a ajouté la revendication concernant la libération des prisonniers politiques du Rdr (Rassemblement des Républicains de Alassane Ouattara, Ndlr). C'est à la main qu'il a écrit, sur une voiture qu'on avait arrachée à quelqu'un, c'était un véhicule administratif.

Pourquoi votre choix s'est porté sur Guéï alors qu'il y avait des généraux sur place à Abidjan?

Vous auriez pu désigner quelqu'un parmi vous pour conduire la transition, comme c'est le cas actuellement en Guinée?

Justement, notre choix n'était pas Guéi mais plutôt le Général Lassana Palenfo. Il a désisté, Ado nous a alors conseillé le Général Guéï qui bénéficiait de sa générosité quand il tirait le diable par la queue à Gouessesso.

Le 24 décembre est pratiquement le seul coup d'Etat que vous avez réussi parmi tant de tentatives.
Vous parlez comme si nous on a fait de notre métier les coups d'Etat. Ce n'est pas bien. Souvent les coups d'Etat s'imposent quand la démocratie fout le camp. L'exemple de la Guinée est salutaire. Jerry Rawlings a été applaudi en son temps. Le facilitateur de la crise ivoirienne, Son Excellence Monsieur Blaise Compaoré est arrivé à la suite d'un coup d'Etat. Le président malien, Amadou Toumani Touré a réussi à instaurer la démocratie au Mali. C'est ce que nous voulions pour notre pays. La Côte d'Ivoire est résolument engagée dans la voie de la paix après des années de conflit armé.

Etes-vous aujourd'hui dans une logique de réconciliation et de retour dans la République ?

Moi je suis déjà dans la République depuis la loi d'amnistie. Je suis à Abidjan. J'ai introduit mon dossier pour réintégrer les Forces de Défense et de Sécurité, J'attends le résultat D'ici là, je fais mes activités. J'exhorte tous les frères exilés à rentrer dans la République, le Commandant Adama Sidibé, Le Général Mathias Doué, le Sergent Chef IB, et tous les autres. La liste est longue mais ceux que j'ai cités sont les plus connus. Je souhaite vivement que la paix définitive revienne en Côte d'Ivoire et que tous les enfants se pardonnent mutuellement.

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