lundi 21 décembre 2009 par Le Patriote

Le pays vit depuis un bon moment, au rythme des grèves. Tous les secteurs d'activités, ou du moins la plupart d'entre eux, exigent l'application des promesses à eux faites par Laurent Gbagbo. Et comme solution à ces nombreuses grèves, le chef de l'Etat brandit le bâton, en lieu et place des négociations ou du dialogue qui ?'est l'arme des forts'' comme l'a dit Félix Houphouët-Boigny. Mais, ce n'est pas toujours que les menaces portent leurs fruits. Et ce n'est pas toujours qu'il faut menacer là où on n'est pas visiblement en position de force. La preuve, les menaces d'emprisonnement n'ont pas fait fléchir les médecins contrairement aux greffiers qui se sont déculottés par la faute de leur premier responsable Roger Dakoury. La grande question est de savoir pourquoi Gbagbo se croit toujours obliger de tenir un langage de menace à l'endroit des grévistes. Oubliant que son rôle en tant que premier magistrat du pays c'est aussi et surtout d'apporter des réponses aux préoccupations des uns et des autres. Et là il n'a pas de réponse immédiate, tenir un langage qui concilie, qui réconforte, qui rassure. ?'C'est la bouche de l'homme qui le condamne, mais c'est aussi cette même bouche qui le libère'' dit un dicton bien connu. Il aurait peut-être fallu d'un petit mot, juste bien placé et tout aussi bien choisi pour calmer la colère justifiée d'ailleurs des médecins, à qui il a fait des promesses. Et ce sont ces promesses non tenues qui ont provoqué la grève des hommes en blouse blanche. Lorsqu'il faisait ses promesses aux médecins et à tous ceux à qui il a promis quelque chose, il avait sans doute oublié qu'il parlait au nom de l'Etat, car comme le dit la constitution, ?' le Président de la République incarne l'Etat''. Par conséquent, tout ce qu'il dit, est frappé du sceau de l'officialité et engage l'Etat. Quand par exemple Gbagbo dit qu'il va prendre un décret pour donner un nouveau statut aux médecins, aux greffiers et à tout autre corps, c'est bien l'Etat de Côte d'Ivoire qui a parlé. Et un chef de l'Etat qui a un sens élevé du devoir et de l'Etat, ne fait des promesses sans en avoir tous les contours. Comme par exemple ce que ces promesses en question peuvent avoir comme répercussions sur la masse salariale ou sur le budget de l'Etat. Ne l'ayant pas compris vite, le chef de ?'président-naïf'' a réussi l'exploit-sans doute-de faire entrer tous les secteurs d'activités du pays dans de vastes mouvements de contestation. Quand on incarne l'Etat, on ne parle pas à l'emporte-pièce. Et l'Etat ne doit pas promettre aux citoyens, ce qu'il ne peut pas leur donner. L'Etat, c'est ce qu'il y a de plus sérieux et de plus solennel. C'est pourquoi, être naïf pour celui qui l'incarne, représente un danger pour tout le pays. La preuve.

Yves-M. ABIET

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