lundi 21 décembre 2009 par Autre presse

Ils ont tous un point commun : donner de la dignité à leurs semblables. Neuf Faiseurs de paix ont été débusqués après des recherches pour se voir visiter par une équipe de journalistes et photographes. Les reportages et les photos sont publiés dans un catalogue. L'Institut-Goethe, qui s'est allié au réseau de journalistes Peace count project dans cette initiative, expose quelques photos de cette odyssée pédagogique. A découvrir jusqu'au 20 février.

La photo a ceci de magnifique qu'elle peut faire tomber un verdict inattendu. Alors que la Côte d'Ivoire était prise d'assaut par des inquiétudes massives nées dans la foulée du conflit armé, elle s'est payé le luxe d'avoir des Faiseurs de paix . Soldats silencieux de la bonne cause, ces hommes et ces femmes, le bénévolat en bandoulière, ont jeté au bûcher toute appartenance à un clan pour répondre à l'appel du don de soi et de l'altruisme. Ils sont issus de plusieurs régions du pays et leur engagement prenait avant tout le monde la route de la paix, thème qui ne les mentionne guère aujourd'hui dans sa feuille de route, et ça tombe bien. La discrétion est la demeure dans laquelle ils bâtissent des âmes nouvelles. Sortis de leur anonymat grâce au projet Peace count , ces Faiseurs de paix dévoilent dans des photos quelques facettes de leur histoire fascinante. Cinq photographes les ont suivis sur plusieurs jours pour mitrailler leur quotidien fait de solidarité et du désir de donner de la dignité à des personnes auxquelles la société a parfois tourné le dos. C'est le cas de Denise Kambou, éducatrice préscolaire de formation, qui a choisi d'accueillir dans son centre une cinquantaine d'enfants orphelins et abandonnés. La photographe Hien Macline a immortalisé cette brave dame au milieu de la cohue, avec sur une photo un enfant dans un bras et un biberon dans l'autre. Un exercice physique qui vole au secours de la force morale extraordinaire nécessaire à l'accomplissement d'un tel destin. Nourrice, mère, grand-mère, papa mais aussi parent d'élèves, la palette des obligations de Denise Kambou est aussi surprenante qu'interminable. Sur une autre photo prise de dos, elle tient la main de deux enfants de son centre qu'elle conduit à l'école. Autre photo, nouvelle preuve d'engagement, celle d'Adama Eulola pour qui la faim est le levier de la guerre. Son arme anti-guerre ? Labourer gratuitement des hectares de terrains d'ex combattants issus de la rébellion, en leur offrant au passage de l'engrais. Les sourires monumentaux de certaines femmes ayant bénéficié de cette bonté, visible sur une photo de Barnus, en disent long sur la joie qui les habite. Baha Michel et son ONG Source du bonheur occupent aussi les regards. Cet homme qui a frôlé la mort pour avoir été jeté, lui et sa famille, sur la route de toutes les craintes o ù certains de ses compagnons ont perdu la vie, a décidé désormais de répandre des messages de paix entre les personnes au bord de l'affrontement. Son physique de lutteur jure avec sa nouvelle vocation. A découvrir également Initiative citoyenne, une association qui a choisi comme slogan Débattre au lieu de se battre , et le beau travail effectué par la GTZ dans plusieurs régions du pays pour la réinsertion des anciens combattants. Précédant l'exposition, la caravane Peace count qui avait déjà investi l'intérieur du pays il y a plusieurs mois a bouclé ses tournées à Abidjan. La place Figayo à Yopougon et Inch Allah à Koumassi ont vécu dans la bonne humeur les commentaires enflammés du comédien Fortuné, qui donnaient à chaque histoire, qu'un écran faisait défiler en photos, le relief d'un conte flamboyant. Captivant. Peace count , c'est aussi un documentaire réalisé par le cinéaste allemand Mathias Luthardt, qui a voulu avant tout éviter le piège folklorique qu'un tel tournage appelle toujours dans son déroulement. Quand je lis un journal ici, je constate que la part belle est faite aux leaders politiques, comme s'ils n'existaient qu'eux. Le projet Peace count veut montrer qu'il y a beaucoup de personnes qui ?uvrent à la résolution des conflits, à la stabilité du pays , a expliqué Tilman Wörtz, l'un des concepteurs du projet, au vernissage de l'exposition.

Fortuné Bationo

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