samedi 19 décembre 2009 par Le Patriote

Il a bandé ses muscles. Face aux mouvements de grève auxquels il est confronté par sa propre faute, Laurent Gbagbo a décidé de mettre de côté la force de l?argument et d'opter pour l'argument de la force. Le couteau entre les dents, le chef de file de la Refondation a clairement fait savoir aux différents responsables syndicaux qui mènent la grève en général et aux médecins grévistes en particulier, que leurs larmes vont échouer sur le parapluie de son indifférence. C'est pourquoi, à la plate-forme revendicative des responsables syndicaux, il a opposé les menaces d'emprisonnement, de ponctions sur les salaires, de radiation. Morceaux choisis des décisions impopulaires et inappropriés prises par Gbagbo à l?endroit des médecins, telles que contenues dans le communiqué du Conseil des ministres de jeudi dernier: () 1. Le Président de la République a signé un décret portant réquisition des personnels de la santé sur l'ensemble du territoire. En conséquence, tous les personnels de santé sont requis d'être en poste dès demain vendredi 18 Décembre à partir de 7h30, sous peine d'être considérés comme démissionnaires et d'être radiés de la Fonction Publique. 2. Les forces de Défense et sécurité ont reçu instruction de sécuriser toutes les formations sanitaires sur toute l'étendue du territoire national.3°- Instruction est donnée au Ministre de la Santé et au Ministre de la Fonction Publique de procéder au recrutement de tout personnel de santé susceptible de contribuer à la prise en charge des personnes malades.4°- Les formations sanitaires militaires sont ouverts et à la disposition des populations sur toute l'étendue du territoire () Une belle façon de dire que sous lui, les grèves et autres mouvements sociaux sont interdits. Et que, à tout hasard, quiconque voudrait outrepasser cela sait à quoi il s'expose. Cette sortie pour moins musclée de l'ancien opposant socialiste achève de convaincre que Laurent Gbagbo a déjà déchiré le manteau de socialiste qu'il s'était confectionné, pour se parer de la toge des dirigeants qui ont décidé de se rapprocher de la dictature. Car, il n'y a pas une autre façon de qualifier l'attitude ces derniers jours de Laurent Gbagbo. En réalité, on ne le savait peut-être pas. Ou on ne l'a certainement pas vite su. Mais il y a longtemps que le chef de l ?Etat avait affiché des comportements et adopté des attitudes qui auraient pu mettre la puce à l'oreille sur ses penchants pour la dictature. Quand on a pris le pouvoir dans les ?'conditions calamiteuses'' et que le lendemain, il est découvert un charnier de 57 corps, comment peut-on qualifier celui qui est à la base de tout cela? Comment peut-on qualifier un régime sous lequel les chars se pavanent dans la ville et traumatisent les populations? Quand des éléments des Forces de l ?ordre et de sécurité se rendent dans les villages et enlèvent sans sommation de paisibles paysans sous prétexte qu'ils ne seraient pas suffisamment Ivoiriens à cause de leurs noms, comment faut-il appeler ce régime? Sous quel régime en effet, ces mêmes éléments des FDS se rendent dans les ?'casses'' pour y violenter de jeunes gens qui s'y débrouillent si ce n'est sous un régime peu enclin à la démocratie. La boucle est bouclée lorsque pour avoir entamé des mouvements de grève, le premier responsable de ce régime engage des poursuites judiciaires contre les membres des bureaux des syndicats et tout membre du personnel de santé impliqué dans un cas de décès lié à la grève actuelle () . Et annonce les sanctions disciplinaires de blâme avec inscription au dossier sont infligées aux dirigeants syndicaux qui ont appelé à une grève sans service minimum avec la suspension de solde de tous les grévistes pour le mois de Décembre 2009. Il y a quelque chose de pas claire lorsqu'on s'aperçoit de la dureté des mesures prises justes pour mettre un terme à une grève. Comment comprendre surtout que celui qui a fait des marches et autres mouvements de contestation son cheval de bataille sous le régime de feu Félix Houphouët-Boigny, en arrive à détester,-c'est le cas de le dire- ces mêmes méthodes lorsqu'il arrive au pouvoir. On se souvient comme si c'était d'hier, ce que Laurent Gbagbo disait des mouvements sociaux: Les marches, ça marche, tel était son slogan lorsque, à son appel, des milliers d'Ivoiriens battaient le pavé pour mettre à mal le régime d'Houphouët-Boigny. Pourquoi ?'les marches marcheraient'' sous Houphouët et seraient interdites ou réprimées sous Gbagbo? A moins sans doute, qu'il ne s'agisse encore là, d'une autre facette de sa ?'naïveté''.

Yves-M. ABIET

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