mercredi 16 décembre 2009 par Nuit & Jour

Encastré dans les dédales de sa vie finissante, Paul est non moins perdu dans ses remords et ses regrets. De constater qu'au soir de sa vie, son existence ne lui a rien rapporté. Ne sachant à quel saint se vouer ni où mettre la tête, Paul accuse tout ce qui bouge d'être à la base de ses déboires longtemps accumulés. A ses yeux, tout le monde est méchant de ne pas lui apporter l'aide et la compassion voulues. Ses voisins qui ne lui disent plus bonjour le matin. Ses parents proches et lointains sont à ses yeux des ingrats, " maintenant qu'ils ont réussi ", fulmine-t-il. Sur fond d'un chagrin et d'une aigreur impossible à doser, Paul monologue à longueur de journée avec son ère patibulaire comme pas deux. Paul accuse même Dieu de l'avoir oublié (ou pas assez comblé, c'est selon). Tout le monde est dans le viseur négatif et culpabilisateur de Paul, et pourtant. A l'analyse, Paul apparaît comme le responsable N° 1 de ses malheurs. Il faut donc remonter la machine du temps de la vie de Paul trente ans en arrière, pour voir comment l'homme s'ensevelit lui-même à travers ses mauvais réflexes... et ses mauvaises intentions. Fraîchement sorti de la FAC et cadre supérieur après un stage de luxe, Paul s'est inscrit dans la débauche. D'office, il a mis une croix sur toute notion d'épargne, au propre comme au figuré. Bâtir un logis pour sa progéniture était le dernier des rares soucis de Paul. Entreprendre de petites affaires pour rentabiliser ses sous, n'a jamais effleuré l'esprit de Paul. L'illusion du salaire et la saveur de la vie artificielle des mondanités, constituaient l'essentiel des non moins rares préoccupations de Paul. Les fins d'années étaient pareilles chez Paul, avec tous les ingrédients de la suprême bamboula. Le quartier, le grand cercle des amis forcés, la famille, le village, la sous-préfecture et même la tribu de Paul en profitaient, à satiété. En ces temps-là, évidement, Paul était beau, bon et gentil, sans pareil au monde. Pour ne pas perdre son époux, Mme Paul ne s'en souciait guère. Pour ne pas s'attirer son courroux, elle s'accommodait de ses nombreuses rivales qui meublaient ses alentours. Quoi qu'il advienne, pas question de contrarier le tout-puissant Paul. Les années ont donc passé à l'insu d'un Paul enivré par les délices d'une existence certes prépayée, mais sans suite. Aujourd'hui, Paul récolte la rançon de cette insouciance qui, malheureusement, a pignon sur rue en Eburnie. Alors qu'il eut été plus profitable pour Paul de parcourir le sens contraire, il est malheureusement passé de la vitesse du cheval à la nonchalance du caméléon. Les Paul, il y a eu des tas à maints coins de rue. En fin d'une course inutilement folle et agrémentée que de futilités, ils se serrent les doigts à longueur de journée, plein d'aigreur et de remords. Ils en veulent au monde entier, surtout aux pseudo sorciers, gratuitement accusés de fautes qu'ils n'ont même pas pensé commettre. Aseptiser son c?ur et procéder à un examen constant de conscience, en accordant ses actes aux intentions, lorsque celles-ci sont sans tâches. Voilà l'exercice auquel, il faut s'adonner en permanence, afin de ne pas finir comme Paul. Une prise de conscience collective s'impose donc pour réduire les Paul à l'avenir. A mercredi prochain, si Dieu le veut.

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