jeudi 3 décembre 2009 par Nord-Sud

Mercredi 2 décembre, il est 10 heures, la population est privée d'électricité depuis deux heures dans la ville de Grand-Bassam. Ce fait n'est pas nouveau. A l'hôpital général de la ville, les parents des malades préfèrent attendre sous les arbres pour échapper à la chaleur. Les malades, allongés sur les lits médicalisés, n'ont pas le choix. Les portes et fenêtres des quelques chambres climatisées restes ouvertes. On se sert d'éventail pour se soulager un temps soit peu de la chaleur. Au service de la petite chirurgie, où on effectue les soins primaires comme les pansements, le personnel a seulement lavé le matériel (plateau et pinces). Ce matériel n'a pu être stérilisé, faute d'électricité. Nous, personnel de santé, chaque fois qu'il y a coupure de courant, notre inquiétude est grande parce que en cas d'urgence, nous serons obligés d'évacuer le malade sur Abidjan. Le seul groupe électrogène, de faible capacité, dont dispose l'hôpital est hors d'usage il y a un an. Les soirs, en cas de coupure de courant, l'hôpital est plongé dans le noir. Nous soignons les malades avec des lampes tempêtes, explique un agent de santé qui a requis l'anonymat. Au bloc opératoire, où une intervention chirurgicale était prévue dans l'après-midi, l'on n'est pas mieux logé. A notre passage, il était question d'un probable report si le courant n'était pas rétabli dans les premières heures qui suivent. En cas de coupures de courant, on arrête le service. Plusieurs fois, il est arrivé que nous soyons en pleine opération et une coupure arrive, déplore le médecin-chef Laurent Djouka. Le personnel travaille dans des conditions difficiles. Les conséquences sont lourdes, précise-t-il, même si aucun cas de décès n'a encore été enregistré. Les splits de l'hôpital sont régulièrement endommagés et le bistouri électrique prend souvent un coup , dit-il, invitant la Compagnie ivoirienne d'électricité (Cie) à prendre des mesures exceptionnelles pour épargner les services sensibles. Un peu comme elle le fait en ce moment à Anyama où l'hôpital, la gendarmerie et les appareils de pompage sont alimentés malgré le problème général de délestage dans la ville. De l'autre côté de l'hôpital, se trouve la morgue, endroit discret. Là-bas, le personnel de ce service se plaint aussi de ces coupures à répétition. La chambre froide connaît des pannes. Mais pour le personnel, les dégâts risquent d'être incalculables en cas de coupure prolongée. A la morgue, nous utilisons l'élec­tricité à plein temps. Nous craignons les coupures prolongées. Si le courant est interrompu deux à trois jours, les conséquences seront énormes. Nous avons besoin d'électricité pour alimenter les chambres froides.

Emmanuelle Kanga à Grand-Bassam

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