jeudi 3 décembre 2009 par Le Patriote

Des délégations de feu pour une rencontre tout aussi de feu. La sixième réunion du Cadre permanent de concertation (CPC) qui s'ouvre ce matin même dans la capitale burkinabé , sous les auspices du Facilitateur Blaise Compaoré, ne sera pas de tout repos. Les quatre majeurs de la scène politique ivoirienne que sont le chef de l? Etat Laurent Gbagbo, le Premier ministre Guillaume Soro, le président du RDR, Alassane Dramane Ouattara et le président du PDCI, Henri Konan Bédié en sont tellement conscients qu'ils se sont faits accompagnés à cette réunion, par les plus proches et précieux collaborateurs. C'est hier dans la mi-journée que les candidats du RDR et du PDCI ont foulé le sol burkinabé à bord des jets de l'ONUCI. ADO était accompagné pour la circonstance de Henriette Dagri Diabaté,( secrétaire générale), Ally Couliably (Porte-parole et patron de la communication), Amadou Soumahoro,(Secrétaire général adjoint chargé des affaires politiques), Ibrahim Ouattara, (membre des instances du parti, Secrétaire nationale chargé des finances et jeune frère d'ADO), Coulibaly Mamadou Sangafowa ( Directeur de campagne chargé de la Logistique), et bien sûr Mamadou Sanogo (Secrétaire national chargé des élections et Directeur de campagne en charge des questions électorales) . Sans oublier la présence de Sidi Touré (chef de cabinet). Vous l'aurez certainement compris. Les rôles sont donc tout partagés.

Le président du PDCI Henri Konan Bédié a à ses côtés, Alphonse Djédjé Mady (Secrétaire général), le ministre Jeannot Ahoussou (Juriste attitré), Zion Kah Denis (secrétariat national chargé de la communication), la présidente des femmes du PDCI, Mme Dao Henriette Coulibaly et le président de la jeunesse Kouadio Konan Bertin (KKB).

Du côté des Forces nouvelles, il y a Alain Lobognon Michel (Conseiller spécial chargé de la communication et des médias), Diarra ssouba Mufogo Youssouf (Chef de cabinet adjoint), Sindou Méité (Porte-parole du Premier ministre), Kamagaté Souleymane plus connu sous le pseudonyme de Soul To Soul (Directeur du Protocole à la Primature) pour ne citer que ceux-là.

La délégation du camp présidentielle est conduite bien entendu par Laurent Gbagbo, qui séjourne à Ouaga depuis le mardi 1er décembre dernier. Il aura à ses côtés son porte-parole Gervais Coulibaly, l'Ambassadeur Alcide Djédjé, Konaté Navigué (Président de la Jeunesse du FPI et Directeur des affaires politiques au Ministère de l'Intérieur). Tous deux sont des habitués des négociations inter-ivoiriennes à Ouaga. L'on a vu également, le ministre de la Fonction Publique Hubert Oulai, Kuyo Téa Narcisse (chef de cabinet de Gbagbo) et le commandant Ahouman Brouha Nathanaël (du Groupe de Sécurité de la Présidence de la République), Silver Nébout (Conseiller spécial chargé de la communication. A eux s'ajoutent au moins une dizaine de personnes membres de la sécurité et du Protocole.

Quant à la Commission électorale indépendante (CEI), sa délégation est conduite par son président Robert Beugré Mambé, qui est accompagné de Bamba Yacouba (Porte-parole adjoint et Secrétaire permanent), Alain Dogou (représentant du Ministère de l'Intérieur), et Konaté Faky (Avocat). Hier tout ce beau monde se côtoyait dans le hall de l'Hôtel Lybia Ouaga 2000, où ils sont tous logés. Il fallait être à Ouaga pour les voir. Tous habillés en ?'décontracté''. La plupart d' entre eux scotchés au téléphone. Les uns donnant les nouvelles à Abidjan, les autres prenant des nouvelles du pays depuis qu'ils ont décollé.

Toutes les délégations ont donc affiché complet en attendant aujourd'hui, le grand jour pour la tenue de cette rencontre qui est très attendue par les Ivoiriens. La CEI le sait. La structure présidée par Mambé Beugré n'est pas sans ignorer qu'elle est très attendue. De bonnes sources, elle a déjà rédigé son rapport qu'elle exposera ce matin devant le CPC. Blaise Compaoré et les acteurs politiques ivoiriens membres de cette structure écouteront attentivement le quart d'heure dont disposera la CEI pour faire un bilan de la conduite du processus électoral depuis le dernier CPC du 18 mai 2008. Dénommé ?'Chronogramme de sortie de crise'', c'est un document d'une dizaine de pages qui récapitule ce qui a marché, ce qui ne l ?a pas été et qui établit un nouveau délai pour la tenue de l'élection. Du côté des autres délégations, le temps était à la concertation hier. Il s'agit d'effectuer les derniers réglages internes. Les différents états-majors sont en tout cas très occupés. Et l'importance de la tâche ne doit pas cacher la fraternité. C'est ainsi que le Premier ministre Guillaume Soro s'est rendu à 19 h , à l'Hôtel où logent les autres délégations pour leur souhaiter ?'la bonne arrivée''. Le Représentant du Facilitateur Bouréima Badini a été aperçu hier dans le hall dudit hôtel où il a eu quelques minutes de ?'tête-à-tête'' avec Bamba Yacouba, de la CEI. A propos justement de la CEI, c'est autour d'elle que l'ordre du jour sera focalisé. Selon des informations en notre possession recoupées auprès d'autres sources proches de la Médiation, c'est Mambé qui sera ce matin, ?'la star du jour''. Son exposé sera essentiellement basé sur le contentieux électoral, qui constituera selon des indiscrétions l'unique point à l'ordre du jour de la rencontre de ce matin. Si la question est mal réglée, c'est sûr que les élections seront organisées, tenez-vous bien, en fin 2010 voire même 2011. Pourquoi? Voici l'explication telle que nous l'a donnée hier, une source très introduite. Si l'on veut que tous les noms de tous ceux qui sont sur la liste du contentieux soient corrigés, et remis dans le fichier normal, il est impossible de tenir la présidentielle en janvier ou février. Il est même possible qu'elle ne soit jamais organisée. Parce que contrairement à ce que l'on pense, le délai de 30 jours va s'avérer très insuffisant pour y arriver. Si en plus l'on veut procéder à la distribution des cartes d'électeurs et des cartes d'identité des millions d'Ivoiriens. Que faire alors? Il est question selon toujours nos sources, de trouver un palliatif qui est à peu près celui-ci. Distribuer les cartes d'électeurs et d'identité telles quelles, c'est-à-dire avec les erreurs et anomalies qui s'y trouvent. Et aller à la présidentielle avec. Puis, procéder à la correction des erreurs et autres anomalies, lorsqu'il va s'agir des autres élections, principalement locales que sont les municipales, les législatives et les départementales, étant donné que les candidats à ces différentes élections auront l'obligation de présenter des dossiers sans aucune faute. La Sagem ayant déjà donné son avis sur la question et déclaré que cela est possible. Aujourd'hui donc, tous les regards seront tournés vers la CEI. C'est elle qui confirmera celle complexité de la question du contentieux électorale et dira qu'il faut délivrer les cartes d'électeurs et d'identité avec des erreurs pour sauver ladite élection. La tâche, on l'imagine, sera très ardue pour elle. Car Laurent Gbagbo que la gestion du contentieux telle que nous le décrivons, arrange énormément, pèsera de tout son poids pour exiger que l'on épuise complètement la question du contentieux. Il pourra ainsi rester au pouvoir ad vit aeternam. Etant entendu que le règlement du contentieux prendra des mois, de très nombreux mois et même des années. Le CPC d'aujourd'hui sera aussi un test pour ADO et Bédié. S'ils se laissent coiffer au poteau par Laurent Gbagbo qui va plaider pour le règlement complet du contentieux, ils devront faire le deuil de leurs ambitions de devenir présidents de la République. Au nom des Ivoiriens qui aspirent au changement, au nom de leurs militants, et en leurs noms à eux, ils devront arracher l'organisation de l'élection présidentielle à ce CPC et à Laurent Gbagbo. Vous avez dit une rencontre de feu ce matin à Ouaga? Ce CPC-là s'annonce vraiment enflammé. Au sens figuré et tout aussi propre de l'expression.

Yves-M. ABIET
Envoyé spécial à Ouaga

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