mercredi 2 décembre 2009 par Le Temps

La phase des réclamations ouverte pour se dérouler en 38 jours, est une équation à plusieurs inconnus pour la Commission électorale indépendante. L'avenir de la Côte d'Ivoire est en jeu.

Prévu pour se dérouler dans un intervalle de 38 jours, le délai de l'étape du contentieux électoral semble très court au regard des nombreuses difficultés observées dans tous les bureaux d'affichage de la liste provisoire. Le président de la Commission électorale indépendante, Robert Beugré Mambé, a été très catégorique, avant-hier, à sa sortie d'audience avec le Président de la République. "Il n'y aura pas de prorogation. La loi ne permet pas de prorogation. 30 jours pour traiter, pour que les personnes concernées se présentent et la dernière qui se présente le trentième jour, nous avons huit jours pour le magistrat pour régler la question qui la concerne. Il n'y aura pas de prorogation. 30 jours, ça suffit largement pour faire ce travail", a insisté le patron des élections en Côte d'Ivoire. Le président de la Cei affirme et persiste que le délai imparti pour le déroulement de la période des contentieux sur la liste électorale, est largement suffisant. Le disant, Beugré Mambé a certainement pris soin de répertorier tous les obstacles. Parce que depuis l'affichage de la liste électorale, ils sont nombreux les requérants dont les noms et affiliations ont été mal écrits. D'autres pétitionnaires ne figurent même pas sur la liste électorale provisoire. C'est le cas du village de Guéguigbeu 2 dans la sous-préfecture de Grégbeu, département de Zoukougbeu qui a été purement rayé de la liste électorale. Le seul département de Zoukougbeu enregistre plus de 5000 cas litigieux. Hier, notre confrère gouvernemental, Fraternité Matin relevait que le préfet de Dabou et le Directeur départemental de campagne de Gbagbo n'étaient pas sur la liste électorale. Il n'y a pas longtemps, le chef de l'Etat déclarait à San Pedro que sa génitrice, Mme Gado Margueritte, n'avait pas son nom sur la liste électorale provisoire. Dans les centres de gestion du contentieux, on assiste à une demande très forte. Les populations électorales litigieuses prennent d'assaut les sièges locaux de la Cei en vue de poser leur réclamation. Le constat qui se dégage partout où notre équipe de reportage est passé, c'est le nombre très élevé des cas litigieux. A Yopougon, le siège local de la Cei a des difficultés à contenir les pétitionnaires à problèmes. Il en est de même dans d'autres quartiers du district d'Abidjan et villes de l'intérieur. Les populations sont obligées, pour poser leur réclamation, de se rendre uniquement à la Cei locale qui se trouve pour certaines, à des dizaines de kilomètres. Il se pose ici un problème de transport. Les villageois déjà éprouvés financièrement pourront-ils se déplacer jusqu'à la Cei locale pour rectifier l'erreur commise sur leur identité par les agents recenseurs. Ils seront nombreux ceux qui abandonneront faute de moyen. Dans la formule arrêtée par la Cei, en cas de non satisfaction à leur réclamation par la Cei locale, les populations doivent se rendre dans un tribunal pour saisir un juge. Qui lui a huit jours pour statuer sur le dossier. Le problème qui se pose à ce niveau, c'est qu'il y a des départements qui ne disposent pas d'une section ou d'un tribunal de justice. Ce qui veut dire que les populations de Toulépleu, Guiglo, Duékoué, Bangolo, Zoukougbeu, Issia, Vavoua, sont obligées de se rendre au tribunal de Daloa pour poser leurs préoccupations. L'insuffisance des bureaux de gestion du contentieux et l'inadéquation du ratio judiciaire à travers la Côte d'Ivoire peuvent être de véritables obstacles au respect du délai fixé pour la phase des réclamations. Réfléchissons ensemble à ces deux préoccupations qui semblent primordiales à la gestion du contentieux. Partageons surtout l'idée du président du parti communiste ivoirien, Gueu Droh, qui demande que l'on prenne le temps qu'il faut, pour régler, définitivement, le problème d'identité dans ce pays. "La question de l'identification est une question de fond et non électorale. Le plus important donc, ce n'est pas la date des élections mais de finir avec la question de l'identification. Il y va dans la sécurité de la Côte d'Ivoire", a-t-il conseillé. Si pour un problème de papier; dit-on, des Ivoiriens ont porté le glaive à la patrie, il est tout à fait normal de le régler, une bonne fois pour toutes. Se précipiter pour aller aux élections, c'est replonger la Côte d'Ivoire de le gouffre. Si nous sommes d'accord avec le président Mambé qu'il n'aura pas de prorogation, il est préférable de créer toutes les conditions pour vider tous les contentieux.

Zéré de Mahi

www.225.ci - A propos - Plan du site - Questions / Réponses © 2023