mardi 1 décembre 2009 par Le Nouveau Réveil

Si le 29 novembre, y a pas élection, vous allez faire quoi ?" lançait Gbagbo Laurent à ses opposants, il y a à peine deux semaines, lors d`une cérémonie de l`eau, à San Pedro, sud-ouest de la Côte d`Ivoire. Avant-hier dimanche, c`était le 29 novembre, jour où devrait se tenir le premier tour de l`élection présidentielle. Et effectivement, il n`y a pas eu d`élection et personne n`a bronché. Sixième report de la présidentielle, et les voilà qui réclament encore une nouvelle date à la Commission électorale. Quand prendra fin cette comédie populaire ? Quand arrêteront-ils de narguer ce peuple qui se meurt ? Quand se montreront-ils sensibles aux souffrances de ce peuple pris en otage ? Le dernier communiqué du Conseil des ministres fait des révélations importantes sur la question. Car Gbagbo a son plan à lui. Avant d`aller aux élections il tient à achever ses " visites d`Etat " et adresser un rapport au Conseil constitutionnel qui l`analysera et statuera sur la possibilité d`organiser le scrutin présidentiel.
Ce jeudi, les cinq acteurs majeurs de la crise ivoirienne se retrouveront une fois de plus à Ouagadougou, en présence du facilitateur Blaise Compaoré, pour faire le constat de leur échec et prendre de nouvelles résolutions dont eux seuls savent si elles seront respectées ou non. Le 29 novembre avorté, tout le monde est à présent braqué sur cette réunion du Cpc. On scrute l`horizon du côté de Ouaga d`où nous viendra, on l`espère, une nouvelle date des élections.
Bien sûr, ils ne ménageront aucun effort pour nous convaincre que cette autre date sera tenue parce qu`elle n`est pas comme les précédentes. On nous dira surtout qu`on n`a jamais été aussi proche des élections comme ils nous ont rassurés qu`avec la fin de l`opération d`enrôlement en juin 2009, on était proche du bout du tunnel. Ce n`est donc pas à l`étape de la gestion du contentieux sur la liste électorale provisoire que les signataires de Ouaga nous diront le contraire.
Mais à la vérité, le problème de la Côte d`Ivoire est-il vraiment un problème de chronogramme électoral ? Faut-il juste une nouvelle date et les élections s`offrent à nous ? Pour répondre à cette question, il ne suffit pas de regarder le reste du chemin à parcourir avant les élections mais explorer les raisons pour lesquelles les signataires de l`accord de Ouaga n`ont jamais pu honorer leur signature. On a en effet souvent parlé de retard. Mais quels sont ceux qui sont responsables de ces retards ? L`Etat, le gouvernement, le chef de l`Etat, le Premier ministre, la Cei, les partis politiques ou la société civile ivoirienne ? Laquelle de ces entités a posé des actes qui ont mis à mal ou retardé le processus électoral ? Tout le monde peut le confirmer, la société est presqu`inexistante dans ce processus de sortie de crise. Les partis politiques se sont, jusque-là, abstenus de poser des actes qui pourraient porter préjudice au retour de la paix. Même quand Gbagbo donne dans la provocation, le Pdci et le Rdr notamment, se sont abstenus de réagir pour ne pas donner de prétextes à celui qui n`est pas pressé d`aller aux élections. Quant à la Cei, il faut dire que malgré sa bonne volonté, ses marges de man?uvres restent réduites pour ne pas dire tributaire du pouvoir exécutif. La Cei n`est pas aussi indépendante qu`on pourrait le croire, elle n`est pas dotée d`une autonomie financière qui pourrait lui permettre de financer ses activités dans les timings fixés par le chronogramme. Car à la vérité, l`Etat a souvent brandi l`argument des tensions de trésorerie pour justifier les retards de décaissement. L`union Européenne a souvent volé au secours pour tirer la Cei de certaines impasses. Paradoxalement, cet Etat impécunieux a les moyens quand il s`agit de louer un Boeing pour permettre à Gbagbo d`aller passer une semaine dans l`hôtel le plus huppé de New-York avec une délégation de plus de 40 personnes. L`Etat a de l`argent quand il s`agit de financer des visites d`Etat d`un chef d`Etat candidat déclaré, en campagne. Où se trouve finalement la priorité pour nous les Ivoiriens ?

Un nouveau mécanisme
Au cours du dernier conseil des ministres, le chef de l`Etat a laissé entendre que c`est seulement après ses visites d`Etat, qui ne sont pas encore terminées, qu`il fera un rapport au Conseil constitutionnel qui statuera alors sur la possibilité ou non d`organiser l`élection présidentielle. "Aussi, à l`issue de ces visites d`Etat, dans les régions suscitées, le président de la République, conformément à la constitution, fera un rapport au Conseil constitutionnel qui statuera sur la possibilité de l`organisation des élections" indique le communiqué du conseil des ministres du 26 novembre. Si l`on comprend bien, on peut avoir une liste électorale propre, déployer tout le dispositif électoral mais tant que Gbagbo n`a pas fini avec ses "visites d`Etat" et saisi le Conseil constitutionnel de son cher ami Yao N`dré pour lui dire ok, on peut y aller, on va devoir encore attendre. Il faut en effet se rappeler qu`en octobre 2005, le Chef de l`Etat avait saisi par courrier le Conseil constitutionnel dirigé alors par, le juge Yanon Yapo pour lui signifier sur la base des articles 34 , 38 et 48 de la constitution que le pays étant coupé en deux et occupé par une bande armée, il était impossible d` organiser les élections. Bien entendu, le Conseil constitutionnel a déclaré cette saisine régulière en la forme et dans le fond " l`atteinte à l`intégrité territoriale est établie et le déroulement normal des élections compromis " Dès lors quel sens accorder à ces réunions du Cpc dont les recommandations seront mises encore sous le boisseau ? Bédié et Ouattara peuvent-ils continuer à participer à ces rencontres sans exiger des garanties particulières ? Parce que jusque-là, les recommandations non contraignantes de Ouaga n`ont pas permis d`atteindre les vrais objectifs. Il ne faut aussi pas oublier que récemment, YAO-Ndré a publiquement pris position pour le désarmement avant les élections. A l`instar de la dernière convention du FPI à Yamoussoukro. Des surprises, on pourrait en avoir après la liste électorale définitive.Car en fin de compte , c`est Gbagbo et YAO-Ndré qui décident.
Akwaba Saint-Clair

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