lundi 30 novembre 2009 par Nord-Sud

Après quelques jours de tergiversation, les réclamations sur les listes électorales en France démarrent ce matin à Paris. Sur les 16.024 personnes enrôlées, 5.000 sont invitées à rencontrer les agents de la CEI locale pour fournir des justificatifs.

Dans un garage du sous sol de l'annexe de l'ambassade de Côte d'Ivoire à Paris, sise au 24 boulevard Suchet, la liste électorale provisoire est placardée sur les murs. Le local de fortune, glacial et décrépit n'inspire pas confiance quant à la sécurité des usagers. C'est là que l'ensemble des pétitionnaires viendront dès ce lundi matin, et pour une durée d'un mois, poser leurs réclamations en vue de figurer sur la liste électorale définitive.

Selon des sources proches de la CEI France, ils sont 5000 personnes sur les 16024 enrôlées à figurer parmi les cas litigieux. Parmi eux, un millier d'électeurs sont frappés de suspicion de fraude qu'ils devront justifier à coups de preuves solides. Au risque d'être définitivement rayés du listing définitif.

Pour cette deuxième phase de l'enrôlement, la CEI France doit composer avec les moyens du bord. Selon son nouveau président, Mamadou Sylla (qui remplace Téti Gervais, démissionnaire), les autorités de l'ambassade ont été réticentes à accorder une salle digne du nom pour la poursuite des opérations. Les raisons : l'ambassade aurait été confrontée à divers problèmes lors de la phase d'enrôlement en juin dernier. De plus, l'organisation dirigée par Mambé Beugré, n'aurait pas respecté la totalité de ses engagements financiers vis-à-vis de la chancellerie.

Joint au téléphone hier matin, le Conseiller chargé des Affaires politiques et de la communication, Grégoire Ahononga a expliqué par le menu, les réticences de l'ambassade. Lors de la précédente opération, l'ambassade a dû engager des agents de sécurité à ses propres frais sans avoir été remboursée par la CEI. En outre, elle a reçu une lettre de protestation du député-maire du XVIème arrondissement (Ndlr : Claude Goasguen) relative aux nuisances et autres gênes occasionnées dans le quartier de l'Avenue Raymond Poincaré lors de l'opération de l'enrôlement , indique M. Ahononga. Pour cette deuxième phase, l'ambassadeur Pierre Kipré s'est vu dans l'obligation de solliciter le Quai d'Orsay et la Place Beauvau pour palier le volet sécuritaire. Ce à quoi il lui a été répondu que la chancellerie étant sur territoire ivoirien, seule une sécurité discrète pouvait être envisagée. Saisie à son tour, la structure dirigée par Mambé Beugré a esquivé la question. Dans ces situations, l'ambassade s'est donc engagée à minima en proposant le garage pour accueillir les cas litigieux. Toutefois, on indique à l'ambassade suivre de près l'évolution de l'opération et de nouvelles mesures pourraient être prises pour faciliter les opérations. C'est donc sous de mauvais auspices que commencent les réclamations dans l'Hexagone.

Samedi soir, quelques représentants de partis politiques et d'associations ont été mis au parfum de la situation par les responsables de la Cei locale. C'est depuis mercredi dernier que les listes ont été affichées à Paris, sans que personne n'ait été autorisée à les consulter. Les conditions n'étant pas réunies pour recevoir des centaines de personnes dans un local exigu. Malgré les écueils, les organisateurs ont pris sur eux la responsabilité de démarrer la phase des réclamations pour ne pas pénaliser ceux qui ont véritablement trimé pour se faire enrôler.

Mamadou Sylla et ses amis disent avoir obtenu la compréhension et des promesses d'aides de la part des partis signataires de Marcoussis. Autre source d'inquiétude : les Ivoiriens qui se sont faits enrôlés et identifiés dans les six autres villes françaises ne pourront pas effectuer leurs réclamations qu'à Paris. Ceux qui seront dans l'incapacité de se rendre dans la capitale n'ont d'autres choix que de remettre leurs plaintes et leurs justificatifs aux consuls qui les transmettront. Un mode de fonctionnement qui ne leur offre aucune garantie quant à une meilleure prise en compte de leurs plaintes. J'appelle cela de la foutaise que d'organiser les réclamations dans un garage. Je ne suis pas d'accord qu'il y ait tout ce dysfonctionnement et que les Ivoiriens de la province soient privés de réclamations. On ne demande pas l'aumône. Où est passé l'argent décaissé par la communauté internationale ? , a tempêté la représentante du FPI en France, Brigitte Kuyo. En réponse, Mamadou Sylla a expliqué que si la Cei locale refusait de s'exécuter sous le prétexte de manque de moyens, l'organe central est prêt à acter ce boycott et à priver les Ivoiriens de France du droit de vote.

Karim Wally, correspondant permanent à Paris

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