vendredi 20 novembre 2009 par Le Repère

Quel avenir politique pour les Forces nouvelles ? La question semble prématurée. Cependant, elle est pertinente quand on décrypte le comportement et les discours des principaux responsables des Fn. Des faits et des gestes qui ressemblent à bien des égards à ceux posés entre 2000 et 2001, par le général Robert Guéi.
Guillaume Soro a beau clamer que le problème de fond qui a causé le clash fratricide entre lui et son ex-mentor, le "major" Ibrahim Coulibaly dit IB, est le fait que ce dernier voulait transformer le mouvement de contestation militaro-civil en parti politique de soutien à sa propre personne ; personne aujourd'hui ne le croit. En effet, c'est bien la recherche du pouvoir exécutif surtout, qui l'a conduit à accepter l'idée de dialogue direct qui a abouti à l'accord politique de Ouagadougou qui rentrera dans quelques mois dans sa troisième année. C'est bien le goût pour le pouvoir et moins pour les causes à défendre (lutte contre l'Ivoirité, contre le racket et la mauvaise gouvernance, instauration de la démocratie, etc) que le patron aujourd'hui incontesté des Forces nouvelles a dû se séparer du redoutable chef de guerre de Séguéla, qui a toujours montré son hostilité pour le compromis de Ouaga.
A quelques mois d'une hypothétique présidentielle, maintes fois reportée, les observateurs s'interrogent sur l'avenir des Forces nouvelles, à tout le moins sur l'avenir de Guillaume Soro.
La question reste taboue au sein du mouvement du 19 septembre 2002. Si les délégués des Fn (équivalent des préfets) ou encore les commandants (militaires) de zone ne l'évoquent pas officiellement ou en public, la question de l'avenir du mouvement est en réalité sur nombre de lèvres dans les cercles des ex-rebelles.

Motus sur les ambitions
La stratégie du silence sur un sujet délicat, après une crise meurtrière dans laquelle des responsabilités individuelles comme collectives ne sont point à négliger, pour l'heure est payante. C'est cette stratégie qu'avait adoptée il y a neuf ans, le président du Comité national de salut public (Cnsp), le général Robert Guéi. Motus donc, et bouche cousue sur les ambitions politiques immédiates. Dans le secret cependant, comme le général Robert Guéi, Guillaume Soro positionne ses hommes dans les sphères de décisions de l'administration publique et privée. Dans les partis politiques qui ont pour base sociologique le nord, à savoir le Rassemblement des républicains (Rdr) ou l'Alliance nouvelle pour la Côte d'Ivoire (Anci de Zémogo Fofana, transfuge du Rdr), le premier ministre positionne des personnes. En politique, le renvoi de l'ascenseur n'est pas toujours évident mais l'ex-leader de la Fédération estudiantine et scolaire de Côte d'Ivoire (Fesci) sait que l'enjeu vaut qu'il prenne des risques. Dans chaque département, à l'instar de la galaxie patriotique de Charles Blé Goudé, les Forces nouvelles ont des hommes plus ou moins influents qui sont prêts à s'engager dans la bataille électorale post-présidentielle.
Comme Robert Guéi, Guillaume Soro compte bien sur les élections législatives pour espérer positionner ses hommes, ravir quelques postes notamment au nord (Katiola avec "Vetcho", Morou Ouattara à Bouna) en vue de la constitution d'un groupe parlementaire d'élus indépendants.
Après quoi, comme Robert Guéi avec l'Union pour la démocratie et la paix en Côte d'Ivoire (Udpci), Guillaume Soro pourrait susciter un parti politique qu'il ne tarderait pas à présider. Et qui devrait continuer à peser sur l'échiquier politique ivoirien.
Prince Béganssou

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