A la lecture du paysage politique ivoirien, l'on est en droit de se demander s'il n'est pas nécessaire de retourner au parti unique. Parce qu'en réalité, il n'y a pas d'opposition en Côte d'Ivoire. Là-dessus, il faut avoir le courage, l'objectivité journalistique et l'honnêteté intellectuelle de le reconnaitre. Même si le lièvre est ton ennemi, il faut reconnaitre qu'il court vite. Laurent Gbagbo depuis 1990 a enseigné aux ivoiriens et à toute l'Afrique ce que signifie le vocable ''opposition''. Gbagbo a été téméraire et respectueux des valeurs cardinales de la démocratie. Il a voulu le pluralisme politique et l'a arraché à Houphouët en 1990. Aujourd'hui, il existe en Côte d'Ivoire, plus de deux cent (220) partis politiques dont les plus-en vue sont le Pdci, le Rdr, le Pit, l'Udpci, le Mfa. Mais nous constatons depuis son accession au pouvoir que Laurent Gbagbo n'a vraiment pas d'opposant. En 2002 à Marcoussis, un accord dans le cadre du règlement de la crise ivoirienne avait été signé. Gbagbo Laurent s'étant senti forcé de signer un décret nommant un autre 1er ministre en la personne de Seydou Diarra a fait échouer cet accord et l'opposition n'a rien dit. Tous les autres accords qui ont suivi ont connu le même sort et l'opposition a tenté de marcher et elle a été copieusement matée. On a noté plusieurs dizaines de morts. Et depuis, tout le monde est rentré dans les rangs. En son temps, les militants de l'opposition ne sortaient pas sans leurs leaders qu'étaient Laurent Gbagbo et Djény Kobena. Contrairement à eux, ni Bédié, ni Ado, encore moins Wodié, Mabri et Anaky n'ont jamais pris la tête d'une marche pacifique en Côte d'Ivoire. Ont-ils peur de se faire arrêter ? Alors, autant ils prennent soin de leur vie, autant les militants prennent soin des leurs. C'est parce que les leaders ne sont pas aux côtés de leurs militants que ceux-ci sont brimés par les Fds. Les élections de 2006 ont été reportées dans l'indifférence de l'opposition, le même son de cloche s'est produit par les élections de 2008 sans que l'opposition ne soulève le petit doigt. Voilà qu'en 2009, les élections viennent d'être reportées et on se contente de s'en remettre au Cpc ou au conseil de sécurité de l'Onu. Si Laurent Gbagbo qui est un opposant historique à Houphouët manipule le processus électoral à sa guise, c'est parce qu'il sait qu'en face il n'y a vraiment rien. Au lieu d'aller au Cpc ou à l'Onu, que Bédié, Ado, Mabri, Wodié, Anaky, Oble, Gnamien N'Goran, etcprennent la tête d'une marche pacifique pour exiger enfin des élections en Eburnie. Ils verront que Gbagbo ne leur fera rien parce qu'il se veut un modèle achevé du démocrate. Tant que les opposants ne sauront pas copier l'exemple de Gbagbo en tant qu'opposant et qu'ils resteront frileux, ils ne feront que honte aux ivoiriens.
Rodolphe Flaha