vendredi 13 novembre 2009 par Le Repère

Si ce n'est le 29 novembre, ce sera quelques semaines après. Dans tous les cas, les candidats sérieux ont investi le terrain depuis. Mais en vérité, ils flippent tous devant des choses apparemment anodines. Les super champions de la politique ont peur d'être attachés mystiquement.

Pour comprendre plus ou moins, la peur bleue qui habite actuellement les candidats, il faut faire un bref tour en arrière, en se fondant sur les interprétations qui avaient été faites des événements, faits, gestes et autres coïncidences d'alors. On a beau être croyant chrétien, musulman, bouddhiste, rosicrucien, franc-maçon, on échappe toujours difficilement à l'influence du mysticisme africain.
En août 1999, le Front républicain battait son plein contre le régime PDCI-RDA que dirigeait le Président Henri Konan Bédié. C'est dans cette atmosphère tendue que le Président de la République d'alors partit en visite officielle dans ce qui était l'antre du RDR, plus que radicalisé par son accointance avec le FPI. Le Président Bédié avait alors parcouru toute la région des Savanes, comme il vient de le faire. A chaque étape en 1999, le Président prenait l'eau qui lui était offerte par ses hôtes, il prenait les présents. Il avait même essayé les tenues traditionnelles du Nord qui lui avaient été offertes. Il avait coiffé un chapeau traditionnel au stade de Korhogo. De retour de Korhogo, un coup d'Etat eut raison de lui le 24 décembre 1999. Des langues alors, n'ont pas hésité à clamer que le Président avait été "gbassé" par ses adversaires qui sont passés par les pouvoirs mystiques des Nordistes.
Aucune explication rationnelle n'enlève cette assertion de l'esprit de plus d'un. Et dans cette période électorale où tous les coups semblent permis, les candidats et leurs hommes de staff se gardent de bien de gestes et galanteries bien banales en temps normal. L'année dernière, le chef de l'Etat, Laurent Gbagbo, était en visite à Séguéla, à Korhogo et cette année, il a été à Man, à Touba, à Odienné. S'il a eu droit à la foule et aux présents, il s'est gardé de toucher directement aux vêtements, à la boisson (fût-elle de l'eau). Surtout que la partie nord et ouest du pays sont aux mains de ses adversaires politiques, il a choisi de se méfier des cadeaux, de peur d'être lui aussi "gbassé". Depuis, " le candidat des Ivoiriens " ne cherche même pas à être en contact avec les objets à lui offerts, même en pleine cérémonie. Et puis, si la Première Dame, Simone Ehivet Gbagbo est tant cramponnée à son idée de 40 jours de jeûne pour les pasteurs, on peut penser que ce n'est pas fortuit. Elle qui dit que les ennemis rodent encore autour de la Côte d'Ivoire, mais en fait, nous comprenons qu'il s'agit plus du pouvoir de son époux à préserver.
Le président des Républicains, le docteur Alassane Dramane Ouattara, candidat à la présidence de la République, en tournée sur les bases de Gbagbo, avait piqué une crise de paludisme au stade Biaka Boda de Gagnoa. La médecine a parlé de grosse fatigue générale. Mais les adeptes du mysticisme n'ont pas manqué de dire qu'il a été atteint par un "missile" des parents de Gbagbo pour qui sa parade à Gagnoa était une insulte. Dans tous les cas, le patron du RDR a du reporter la suite de sa tournée, mais depuis aussi, la sécurité est renforcée, les prières aussi et surtout la prudence est de mise. Il faut faire attention, les "gbasseurs" ne sont jamais loin.
Dans la guéguerre ouverte au sein de l'UDPCI, le candidat Mabri Toikeusse, n'est lui aussi pas à l'abri de quelques roquettes mystiques. C'est, du moins ce que soutiennent ceux qui ont encore et toujours en mémoire l'accident terrible dont il a été récemment victime sur l'autoroute du Nord, alors qu'il rentrait de Korhogo. Plus curieux, à peine l'accident s'est-il produit qu'un hibou, sorti d'on ne sait où, est venu se poser sur le capot encore fumant du véhicule. Le hibou fut pris et éliminé. Mais la menace est-elle pour autant éliminée ? Rien n'est moins sûr. Surtout quand on est de l'ouest et que là-bas, ce genre de choses sont à prendre très au sérieux. Fervent musulman, ayant fait le pèlerinage à la Mecque, Abdalah Mabri n'en est pas moins prudent en ces jours d'incertitude.
Quand il est allé le mois dernier dans la région du Zanzan, précisément à Bondoukou, pour investir son candidat Innocent Anaky Kobena, le MFA a eu la sueur froide. Un grave accident a endeuillé ce rassemblement. Le minicar qui transportait les militants du MFA mobilisés pour la convention d'investiture, a eu un accident qui a coûté la vie à plusieurs d'entre eux. Que s'est-il passé ? Nul ne se l'explique encore. Mais, des langues, une fois de plus, soutiennent que ce n'est pas simple. Il y a comme une main mystique qui a agi. Pas de quoi ébranler les esprits cartésiens, mais nous sommes en Afrique, et plus que quiconque, Anaky devrait savoir qu'il n'a pas que des amis. Pis, il a des ennemis, son parti le MFA aussi. Alors, confiance d'accord, mais prudence d'abord.
Ces exemples pourraient être multipliés par mille et s'étendre à tous les candidats tant à la présidentielle qu'aux élections à venir. Chacun des candidats évolue avec prudence, avec méfiance, même s'ils affichent en public une certaine sérénité.
Eddy Péhé



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