vendredi 13 novembre 2009 par Le Temps

De retour d'une tournée dans l'Ouest, le président Kima Emile s'est ouvert à Le Temps. Entretien.

Président Kima, vous revenez d'un meeting à Man. Est-ce le début d'une tournée dans les zones ex-assiégées ?
Effectivement. J'ai commencé à tourner dans les zones ex-assiégées. Il faut dire que l'étape de Man s'est bien passée. On ne demande pas plus que ça. Là-bas, nous avons décortiqué beaucoup de choses. Nous avons échangé, mais toujours dans le cadre de la paix. Et je peux m'en réjouir.

Quelles sont les préoccupations que vos compatriotes résidents à Man, vous ont exprimées par exemple, à l'endroit du chef de l'Etat ivoirien et du facilitateur ?
On parle de nos compatriotes assez souvent, parce que nous sommes la communauté la plus nombreuse en Côte d'Ivoire. Mais il y a nos frères de la Cedeao aussi : les Guinéens, Maliens, Nigériens et tout ce beau monde qui vit dans ce pays. Le vrai problème là-bas, c'est celui du foncier. Je pense que si quelqu'un travaille dans le respect, il ne peut pas avoir de problèmes. J'ai donc essayé d'apporter un plus à ce que le chef de l'Etat ivoirien a toujours dit concernant les problèmes de terre

Qu'est-ce que vous leur avez dit concrètement ?
Je leur dit que les problèmes de terre existent partout. Ce n'est pas seulement en Côte d'ivoire qu'il y a ce problème. En Europe, en Amérique, en Afrique il y a des problèmes de terre.
Mais il faut savoir les régler. J'ai dit à mes frères de la Cedeao, que quand ils viennent en Côte d'Ivoire et qu'on leur donne une parcelle de terrain à exploiter, ils doivent avoir la reconnaissance du ventre. C'est bien quelqu'un qui lui a donné cette terre. Qu'il lui rende le respect. Cela veut dire qu'il ne faut pas le narguer, parce qu'on a des biens. Il ne faut pas se foutre des propriétaires terriens. Parce que quand ils se sentent bafoués dans leur orgueil, ça devient palabre. Malgré ce que vous êtes devenus, ce sont vos tuteurs. Allez toujours vers eux, pour discuter, prendre des conseils auprès d'eux et leur faire honneur. S'ils se comportent ainsi, ça m'étonnerait que les Ivoiriens leur demandent de quitter les parcelles. Ce serait étonnant que l'Ivoirien se comporte comme ça.
Cependant, si les propriétaires terriens ont cédé leurs terres aux allogènes, que cela ne leur fasse pas mal. Ce sont eux qui ont donné. S'ils sont bien, c'est grâce à eux. Il faut les encourager. Quel que soit le problème, il faut qu'ils les appellent pour en discuter. Ils vont toujours trouver une solution à leur différend, sous l'arbre à palabre. Et la vie continue. Ce genre de problème ne se règle pas à la machette. Il faut qu'on ait le courage de le dire. Travaillons comme l'a dit le chef de l'Etat. Je leur ai aussi dit de ne pas écouter ceux qui viennent les intoxiquer. Qu'on arrête ça, aujourd'hui.

Quel a été donc le message fort que vous avez adressé aux Forces nouvelles (Fn) ?
Je leur ai lancé un message de paix. En leur faisant savoir que la Côte d'Ivoire est une et indivisible. Je leur ai parlé des élections futures. Pour dire la place de chacun. J'ai parlé de l'"ivoirité", des origines, de la suppression de la carte de séjour et du certificat de résidence etc. Parce que je ne peux pas parler de paix, sans dire la vérité. Je n'ai donc pas de problème avec les Fn.

Le Facilitateur Blaise Compaoré a dit aux Ivoiriens de prendre le temps d'organiser les élections, pour éviter qu'ils tombent dans les travers. Tout semble lui donner raison, aujourd'hui. Quel commentaire en faites-vous ?
Le Facilitateur est un chef d'Etat muri de beaucoup d'expériences. Quand il parle de cette façon, cela veut dire qu'il pense aussi à ses compatriotes en Côte d'Ivoire. Nous sommes plus de trois (3) millions ici. Organiser de bonnes élections ne fait pas de tort à quelqu'un. C'est bon pour la Côte d'Ivoire que nous aimons. Ce qu'il a dit est juste. Alors, je voudrais demander aux acteurs politiques ivoiriens de mettre de l'eau dans leur vin. Parce que si la date du 29 novembre 2009 n'est pas tenue, il n'y aura pas mort d'hommes. Ce n'est pas pour autant qu'on va dire qu'on n'a plus de Président. On a dépassé le plus difficile. Nous sommes à l'heure de la paix. Il y a 5 ou 6 ans on ne parlait pas d'élection. Que chacun soit logique dans ce qu'il dit. Ce n'est ni Gbagbo, ni les partis politiques, encore moins le facilitateur, Blaise Compaoré qui organisent les élections dans le pays. Il y a une structure, la Commission électorale indépendante (Cei), qui s'en occupe. Si la Cei dit qu'elle n'est pas prête, que les gens attendent. Pourquoi donc s'agiter ? J'appelle au calme. Car, ce ne sont pas seulement les Ivoiriens qui souffrent de cette crise. Les étrangers en souffrent aussi énormément. Quand c'est mélangé, tout le monde en pâti. Dieu a déjà touché le c?ur de chacun pour que la paix revienne. Personne n'est prêt à souffrir ou à aller dans les rues. Personne ne va accepter les palabres en ce moment précis. Je préfère la guerre des mots que celle des armes. C'est pour cela que je souhaite que chaque ivoirien et chaque ivoirienne ait son certificat de paix dans la poche. Et prier Dieu pour la Cei. Afin qu'elle fixe rapidement une date pour la présidentielle. Parce que je suppose que le Président Gbagbo est plus pressé que tous les autres candidats. Pour ce qui nous concerne, nous avons l'esprit collectif d'accompagner la Côte d'Ivoire à la paix.

C'est où et quand la prochaine étape de votre tournée ?
Je compte aller à Duékoué, Séguéla, Korhogo et à Bouaké. C'est pour très bientôt.
Même après les élections, je vais toujours prêcher la paix. Parce qu'on en a besoin.

Réalisée par Frimo K. Djipro
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