mardi 10 novembre 2009 par Le Temps

A la fin d'une projection de "Camp de Thiaroye", le film de feu Sembène Ousmane qui met en images, une boucherie de l'armée française dans un camp militaire à Dakar après la seconde guerre mondiale, Sidiki Bakaba ne s'est pas empêché de s'étonner : "On ne peut pas comprendre que des gens qui ont vécu l'Occupation puissent faire de telles choses". S'interrogeait le comédien réalisateur, lors des débats qui ont suivi la projection. Parce que ce camp de Thiaroye, c'était l'horreur. Un carnage longtemps caché à la jeunesse africaine. Des militaires d'africains, par mépris appelés "Tirailleurs sénégalais" ont été sauvagement tués après avoir participé à la Libération de la France des canons des nazis. Et que leur reprochait-on ? Le fait d'avoir réclamé leurs soldes que l'Hexagone leur avait promis. Et ce film très culotté de Sembène Ousmane a été censuré au pays des Droits de l'Homme et des libertés. Il a même été violemment critiqué et moqué par la presse parisienne. Au Sénégal, aucune autorité n'osera ouvrir ce dossier pour demander réparation. Aujourd'hui, les temps ont changé. Les hommes aussi du côté de la France. Mais pas les méthodes. L'objectif étant de protéger les intérêts de l'empire par tous les moyens, souvent avec une rare cruauté. Par le passé, des crimes à grande échelle pouvaient être commis, sans que les auteurs ne soient inquiétés par un tribunal international. Parce que le monde n'était pas organisé. Ce qui n'est plus le cas maintenant.

La France ne va pas passer son temps à demander pardon

Surtout pour les Etats les plus faibles. A la limite le monde est devenu une jungle organisée avec les lois des plus forts, et maîtres des différentes juridictions qu'ils ont créées à l'échelle mondiale. Sur le continent africain, la France se trouve fortement impliquée dans des massacres de populations sans qu'elle ne soit inquiétée. Au Rwanda, plus près de nous, elle a été citée dans le massacre de plusieurs milliers de civils. Parce qu'elle voyait d'un mauvais ?il, l'arrivée du Fpr de Paul Kagamé au pouvoir. La France a apporté assistance aux génocidaires par l'encadrement, l'instruction et des moyens techniques. Des rescapés de ce génocide, ont vu des forces françaises sur le front des opérations. En clair, la France a offert l'allumette et la paille qui ont embrassé le Rwanda. Mais elle n'a jamais été inquiétée au moment où les rwandais cités dans ce génocide sont recherchés et condamnés par la justice internationale. Acculé dans ce drame, un ancien ministre français ne s'est même pas empêché de narguer le peuple rwandais. "La France ne va passer tout son temps à demander pardon". S'est-il justifié en s'appuyant sur la toute puissance de son pays dans le concert des Nations. Alors même que ce génocide n'a pas fini d'émouvoir l'opinion occidentale. Par exemple, Roméo Dallaire, l'un des officiers de l'armée canadienne en poste à Kigali pendant ce drame n'a pas manqué de crier sa colère une fois rentré chez lui. J'ai serré la main du diable. C'est le livre cri de c?ur qu'il a écrit pour dire son horreur. Mais ça, la France en a cure. Aucune de ses autorités ne pouvant être inquiétée.

Au total, 90 morts et 2537 blessés

Pis, elle continue de narguer le pouvoir rwandais, en trouvant des génocidaires parmi les proches de Kagamé. Cette même France, oubliant son passé, fait partie des Etats occidentaux qui réclament la tête du Président soudanais Omar El Bechir. Pour crime contre l'humanité au Darfour, au sud du Soudan. Une injure presqu'aux Africains. Et aux Ivoiriens qui commémorent ces jours, des crimes commis par la France en Côte d'Ivoire, en novembre 2004. Jamais cela n'a été l'objet d'un débat à Paris. Aucun média n'ose en parler. Même au Palais de Bourbon, les quelques rares députés qui avaient cherché à voir clair dans le dossier ivoirien ont été rappelés à l'ordre. Evidemment, ils sont rentrés dans les rangs sans crier gare. Pourtant, en novembre 2004, la France qui en voulait terriblement à Gbagbo a massacré des jeunes aux mains nues. " Des Ivoiriens aux mains nues ont été les victimes de la force française Licorne sur différents sites : corridors de Daloa et de Guessabo, aéroport de Port-Bouët, pont Général de Gaule, pont Félix Houphouët-Boigny et esplanade de l'Hôtel Ivoire. Au total, 90 morts et 2537 blessés dont une centaine d'handicapés à vie. " A déclaré le chef de l'Etat qui a toujours manifesté sa solidarité aux victimes. Mais un jour, l'Histoire jugera, la France et ses complices locaux.

Guéhi Brence
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