lundi 9 novembre 2009 par Nuit & Jour

Maire de Yopougon et directeur départemental de campagne (DDC) du président-candidat Laurent Gbagbo, Gbamnan Djidan Jean Félicien s'est visiblement oublié la semaine dernière lorsqu'il a appelé tous les chrétiens à voter Laurent Gbagbo lors du prochain scrutin présidentiel.

Recevant un groupe de personnes la semaine dernière, le maire Gbamnan Djidan Jean Félicien a demandé aux chrétiens de donner leurs suffrages au candidat Laurent Gbagbo.Le plus étonnant c'est que personne dans la classe politique, encore moins au FPI si prompt pourtant à dénoncer de telles dérives, n'a déploré ou condamné les propos du premier magistrat de yopougon. Et pourtant, ils sont d'une gravité extrême et auraient, semble-t-il, mérité que l'on y prêtât attention. En tout état de cause, le FPI que l'on a connu plus réactif en d'autres temps pour des dérives similaires, aurait gagné, ne serait-ce que par acquit de conscience, à rappeler Gbamnan Djidan Jean Félicien à l'ordre. D'autant plus opportunément que celui-ci est un militant du parti. Faut-il rappeler la querelle faite naguère par le FPI aux Imams accusés, à tort ou à raison, de rouler pour Ouattara et de faire planer le spectre d'une guerre religieuse sur le pays ? Et pour ne rien arranger, Alassane Ouattara lui-même avait dit qu'on le combattait parce qu'il est musulman. Il n'en a pas fallu plus pour que la Refondation l'accuse lui aussi de faire glisser le débat concernant sa nationalité sur le terrain religieux.

L'Etat-Fesci est une réalité

Et voilà qu'aujourd'hui, Gbamnan Djidan Jean Félicien qui est le DDC du candidat Laurent Gbagbo embouche la même trompette. Sans que cela ne suscite la moindre réaction du côté des Refondateurs. C'est le lieu de pointer la politique du ?'deux poids, deux mesures'' dont le pouvoir FPI semble avoir fait sa marque distinctive. Souvenons-nous. Lorsque les ?'jeunes patriotes'' ou la FESCI manifestent et cassent, il ne se trouve bizarrement personne du côté des forces de l'ordre pour les inquiéter. On a vu la FESCI effectuer de véritables raids dans des établissements scolaires ou perturber des veillées funéraires. En toute impunité.

Au final, tout se passe comme si leur proximité avec le pouvoir leur garantissait une totale impunité. Et comme il fallait s'y attendre, ils en usent et en abusent. Après moult dérives restées impunies, la Fesci et les jeunes patriotes passent désormais aux yeux de nombreux Ivoiriens pour des justiciables peu ordinaires pour ne pas dire des personnes au-dessus de la loi .On rappelle que la FESCI a fait pression sur la justice pour faire libérer des étudiants qui avaient pourtant été convaincus de vols et de voie de fait sur d'honnêtes citoyens. Désormais ?'l'Etat -FESCI'' constitue une réalité dans ce pays.
A contrario, les forces de l'ordre sont à cheval sur le respect de la loi lorsqu'il s'agit de la jeunesse de l'opposition ou de l'opposition elle-même. Remember. Les 25, 26 et 27 mars 2004 de triste mémoire, les FDS ont sauvagement réprimé une marche de l'opposition. En réalité, cette marche n'eut jamais lieu puisqu'elle a été étouffée dans l'?uf par les FDS qui ont battu comme plâtre les militants de l'opposition qui voulaient appliquer le mot d'ordre de leurs partis. Certains ont été trouvés à leurs domiciles où ils ont été bastonnés ou tués. Tout cela pour une marche qui ne s'est même pas tenue.

C'est fâcheux

Il est désormais clair que dans ce pays, l'on est condamné ou acquitté selon qu'on est dans l'opposition ou proche du pouvoir. Pour preuve, Gbamnan Djidan Jean Félicien qui est un militant du FPI donc proche du pouvoir a appelé les Chrétiens à voter Laurent Gbagbo sans que les Refondateurs ne s'en émeuvent outre mesure. C'est fâcheux. Imaginons un seul instant que ce soit un maire musulman qui ait demandé aux musulmans de voter Alassane Ouattara lors du prochain scrutin présidentiel.

Assurément, cela aurait provoqué un beau tollé et suscité une levée de boucliers chez le FPI que l'on sait, on l'a dit, très réactif sur ces questions-là. On en aurait fait une affaire d'Etat et l'imprudent maire aurait été cloué au pilori voire voué aux gémonies. Il est sûr qu'il aurait été appelé à faire amende honorable. A défaut, il aurait été frappé, toutes choses étant égales, d'une ?'fatwa'' de la part des partisans des autres candidats. Singulièrement les militants et autres sympathisants du FPI. C'est pourquoi, l'absence de réaction de ce parti après ce qui peut bien être considéré comme une maladresse de la part du maire de Yopougon est insupportable. C'est au mieux un soutien tacite, au pire de l'indifférence. Mais, dans un cas comme dans l'autre, l'attitude du Front Populaire Ivoirien autant que le comportement du premier magistrat de Yop qui s'est rendu coupable d'un grave dérapage langagier sont condamnables.

Jean Henri Kwahulé

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