vendredi 6 novembre 2009 par Le Temps

Alassane Ouattara à la Primature a été le bourreau de la jeunesse ivoirienne, qu'il a en plus loubardisée. En temps de campagne, tous les moyens sont bons pour se faire passer pour un agneau. Même s'il faut se faire amnésique en essayant de gommer un passé sombre, qui a été douloureux pour les autres. Arrivé à la Primature pour redresser l'économie ivoirienne, Alassane Dramane Ouattara, qui s'est présenté comme un technocrate hors pair, a été au final, un piètre technicien. Sa méthode, appliquer aveuglément les drastiques programmes d'ajustement structurel imposés par les bailleurs de fonds internationaux aux pays du sud. Evidemment sa politique manquait de visage humain. "Il n'avait aucune politique sociale. Et la jeunesse a été la plus grande victime du passage de Ouattara à la Primature". Reconnaît aujourd'hui, un jeune cadre qui au début de la décennie 1990 fait partie des étudiants qui ont terriblement souffert de la répression estampillée Ouattara. Sous son pouvoir, en tout cas, il n'était pas bon d'être étudiant. L'homme ne travaillait plus pour la jeunesse. Il travaillait plutôt contre la jeunesse. Il travaillait plutôt contre elle. C'est par exemple avec lui que les conditions de vie dans le milieu estudiantin ont commencé à se dégrader. L'argument était tout trouvé dans son camp pour se dédouaner. " La Côte d'Ivoire n'avait plus d'argent". Avant lui, les étudiants ivoiriens étaient transportés gratuitement par des bus de la Sotra que l'Etat subventionnait. C'est lui qui a supprimé ce système qui a pourtant permis à des milliers d'étudiants d'aller au cours chaque jour. En clair, avec Ouattara, l'élève et l'étudiant et donc l'avenir n'étaient pas les chouchous de la Côte d'Ivoire. Ils n'étaient plus transportés gracieusement. Ils devaient donc payer, au grand dame de ceux qui n'avaient pas les moyens. "Mes parents au village n'ayant pas les moyens, cette décision a perturbé mes cours à l'Université". Se souvient dame Ya K, qui a dû stopper ses études seulement en 2e année. Et ils sont nombreux, les jeunes Ivoiriens qui ont subi cette politique du champion des républicains. Beaucoup parmi eux sont aujourd'hui, sur la touche. Car, avec le " Brave tchè ", il n'y avait pas de place, ni de mérite pour les jeunes jeunes issus des familles modestes. Désormais, élèves comme étudiants, chacun devant payer le titre de transport pour aller au cours. Et ce n'est pas tout. Puisque dans les cités universitaires, la misère s'accentuait avec la modification du système des bourses. Et même dans le secondaire aussi. La bourse d'étude était finalement devenue un luxe. Certes, les garçons en souffraient terriblement. Mais c'était beaucoup plus dur pour les filles. " C'est même le point de départ de la prostitution à grande échelle dans le milieu estudiantin". Fait remarquer un confrère de la place qui a aussi vécu l'époque Ouattara dans toute sa laideur.
Gare à celui qui n'était pas heureux de sa misère
Avec Ouattara, se loger et se nourrir étaient devenus un chemin de croix pour un étudiant. Ces décisions impopulaires les unes que les autres s'alignaient au fil des ans. Il encourageait volontairement les licenciements par vagues surtout à la fonction piblique. Il appelait ça assainissement. Pourtant, un père de famille dans la rue, ce sont au moins 2 à 5 jeunes qui se retrouvent aussi dans l'élan de la galère. Evidemment, ses mesures provoquent la colère surtout des jeunes qui avec lui, voient des horizons s'assombrir. Malheureusement, avec l'homme, on ne discutait pas. On se mettait à ses ordres parce qu'il était le plus intelligent de la Côte d'Ivoire. Il voit alors les étudiants en ennemis, en adversaires politiques. Il dissout de ce fait, la Fesci que quelques années plutard, il tente de courtiser sans remords. L'Université était donc devenue un champ de bataille avec la présence permanente des Fds sur le campus. Une violation flagrante des franchises universitaires. Des rafles quotidiennes sont organisées, comme au temps de l'occupation en France. Les étudiants sont arrêtés dans les bus, dans la rue et jetés au violon. Leur seul crime avoir demandé à Ouattara des conditions décentes de vie. Même les protestations des organisations de défense des Droits de l'Homme n'y font rien. Ouattara voulait gouverner sans tenir compte des pleurs qui proviennent du peuple. Comme si c'était hier, c'est avec lui que l'armée a organisé une expédition punitive à la cité universitaire de Yopougon, aujourd'hui cité policière. Tout le monde connaît la suite de cette nuit tragique que le gouvernement de Ouattara a minimisé avec un cynisme digne d'un Etat sauvage. Face à la résistance des étudiants, il va monter une autre jeunesse droguée et payée à coup de millions. Pour lui, il n'était pas question de laisser les étudiants l'empêcher de tourner en rond. Parce qu'il était sûrement convaincu de ne pas réussir la mission a lui confiée. C'est lui qui va instrumentaliser les loubards qu'il va mettre aux trousses des étudiants dans les cités universitaires et les campus. Ils avaient pour mission de mettre au pas avec la force des muscles, tout étudiant contestataire. Les Ivoiriens ont encore en mémoire la tragédie Ziébié à la cité Mermoz. En clair, c'est le président du Rdr qui a introduit la violence à l'école. L'un des acteurs de cette violence et qui est aussi son homme de main, est aujourd'hui ministre. Malgré lui-même, il gère un département auquel il n'y comprend rien. En 2000, sous la transition militaire, Ouattara rend compte que pour la conquête du pouvoir, il a besoin des jeunes. Surtout, la jeunesse estudiantine. Mais, il n'a pas l'humilité des grands. Pour lui, tous les moyens sont bons pour atteindre certains objectifs. Même s'ils sont entachés de sang. Ouattara tente alors de récupérer la Fesci qu'il diabolisait quand il était au pouvoir. Malheureusement pour lui, il se heurte à l'opposition des étudiants. L'homme se pose alors des questions. Il offre des machettes à la place des stylos à bille aux quelques étudiants qui lui sont proches. La mission est bien claire. Taillader tous ceux qui ne veulent pas lui offrir le mouvement. Beaucoup d'étudiants revivent aujourd'hui difficilement cet épisode. Une véritable période sombre dont les stigmates sont portés par plusieurs jeunes. En réalité, loin de toute politique politicienne, Ouattara a été le bourreau de la jeunesse ivoirienne. Sur le plan social, qu'elle est son action en faveur des jeunes ? L'histoire ne retient rien de grand. On sait seulement qu'il a drogué et armé des jeunes qu'il a transformés en guerriers pour endeuiller la Côte d'Ivoire. Il a les moyens de les transformer en kamikazes pour ses ambitions. Ne lui demandez donc rien d'autre. Comme sur le terrain politique tous les chats sont gris. L'homme se présente aujourd'hui comme le "candidat des jeunes". Mais sur ce point, c'est Blé Goudé qui a la réponse appropriée. "La jeunesse ivoirienne est mâture". Un loup ne sera donc jamais agneau.
Guéhi Brence
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