mercredi 4 novembre 2009 par Le Patriote

Kélémory Coulibaly :
Houphouët avait réussi parce que les membres de la famille Gbon étaient unanimes autour de lui
C'est vrai qu'Houphouët s'était appuyé sur le vieux Gbon pour avoir le pouvoir. Mais il faut noter que les contextes sont différents. Houphouët s'était conduit avec beaucoup de dignité et d'honnêteté. Cette condition n'est pas valable pour le cas d'espèce. Ici, la famille Gon est approchée d'une façon malhonnête et de surcroît après un bain de sang. Gbagbo ne peut pas bénéficier de la caution de la famille Gon dans la mesure où les membres de la famille ne sont pas d'accord sur le principe. Houphouët avait réussi parce que les membres de la famille Gon étaient unanimes autour de lui. En ce qui me concerne, je pense que c'est un fiasco qui s'annonce.

Lancina Coulibaly dit Bill :
descendant de la famille maternelle du vieux Nanguin, le fondateur de la cité de Korhogo :
Les membres de la famille que Gbagbo a choisis
ne sont rien à Korhogo
C'est vrai qu'à l'époque, Houphouët s'était appuyé sur le vieux Gbon pour avoir le pouvoir. Mais aujourd'hui, il est erroné de penser que le Président Gbagbo bénéficie du soutien de Korhogo parce qu'il a avec lui des membres de la famille Gbon. Ce n'est pas possible parce que les membres de la famille sur lesquels s'appuient Gbagbo ne sont rien et ne peuvent rien faire à Korhogo. Dans les années 80, on aimait bien Laciné Gon, du temps où il avait la mairie. Mais, depuis qu'il est parti de la mairie, il n'est plus rien à Korhogo. Quant à Malick, le directeur de cabinet de Laurent Gbagbo, c'est aujourd'hui qu'on le découvre véritablement ici. Il n'était pas vraiment connu. Je conclus donc que Gbagbo n'a pas bien choisi ses hommes. Il a choisi des personnes qui ne s'intéressent qu'à ce qu'il va leur donner à manger sans pouvoir produire de résultat.

Bema Coulibaly,
petit-fils du vieux Gbon :
Je ne peux pas soutenir quelqu'un qui veut me nuire
Je ne suis pas de ceux sur lesquels Gbagbo peut s'appuyer dans la famille pour avoir le pouvoir. Nous avons reçu la visite des Sukkoï ici. Si ces avions avaient tout détruit, qui serait là pour voter le président Gbagbo aujourd'hui ? Quand Houphouët se confiait au vieux Gon, celui-ci était vivant. Moi je pense qu'on ne peut compter sur l'appui d'un cadavre. Beaucoup de choses se sont passés pendant la guerre. Nous avons trop souffert. Je ne peux pas soutenir quelqu'un qui veut me nuire. En tant que petit-fils du vieux Gbon, je ne suis pas d'avis que Gbagbo vienne s'appuyer sur nous pour avoir le pouvoir en Côte d'Ivoire. Aujourd'hui c'est le multipartisme. Chacun est libre de choisir son parti. En ce qui me concerne, je suis au RDR et personne ne peut me soustraire de ce parti et je souhaite vivement l'arrivée d'ADO au pouvoir.

Coulibaly Beh dit Pandja Beh,
membre d'une des familles alliées à la famille Gbon Coulibaly :
Gbagbo ne peut pas
s'allier le Nord
Cela m'étonnerait que le président Gbagbo arrive à s'allier le nord, surtout les petits-fils du vieux Gbon pour avoir le pouvoir. Gbagbo se trompe en pensant qu'il peut avoir le soutien des enfants du vieux Gbon comme ce fut le cas pour Houphouët qui avait bénéficié du soutien du grand-père. Gbagbo utilise la force pour s'introduire pendant qu'Houphouët s'était montré diplomate et amical. Quand Houphouët est venu solliciter l'appui du vieux Gon pour reprendre le pouvoir aux blanc, le vieux lui a demandé : tu veux prendre le pouvoir aux blancs. As-tu des armes ? Non a répondu Houphouët. As-tu des combattants ? Non plus avait-il répondu. Le vieux lui a dit : si c'est pour prendre le pouvoir grâce à tes idées, je vais t'aider. N'utilise ni arme ni force C'est alors qu'il lui a transmis de grands secrets et des bénédictions qui ont aidé Houphouët. Mais, pour ce qui est de la méthode du président Gbagbo, lui, il pense qu'il peut acheter les hommes. Il se trompe. Les gens vont prendre l'argent qu'il va leur donner. Mais, il n'aura plus ce pouvoir. Il a essayé plusieurs manières pour détruire le nord sans y parvenir. Suite à une marche, des nordistes retrouvés dans le charnier de Yopougon avaient été tirés de chez eux et tués à Abidjan. Il a fait venir les avions à Korhogo. Ce sont des choses que les hommes ne peuvent pas oublier. Nous sommes plus intelligents qu'il ne le pense. Il nous prend pour des poulets qui vont courir picorer les grains de céréales qu'il verse pour que nous oubliions nos enfants diplômés qui n'ont pas de travail. Il bloque la réussite de nos enfants. Il n'y a pas de médicaments dans les Hopitaux. Nous en avons marre de payer des frais de coges pour que nos enfants aillent à l'école. Tout cela nous fait mal. Nous donnerons le pouvoir à ADO pour diriger la Côte d'Ivoire comme le faisait Houphouët.

Coulibaly Bintou Nonhounon, l'une des doyennes des femmes de la famille Gbon de Korhogo :
Nous nous méfions
de Gbagbo
J'ai vécu l'alliance entre Houphouët et notre grand-père quand j'étais jeune fille. Houphouët avait adopté Korhogo qui le lui rendait bien. Quand tu arrivais à Abidjan et qu'on savait que tu viens de Korhogo, tu bénéficiais d'un véritable respect. Mais depuis que Gbagbo est président, ce que nous avons subi comme préjudice est énorme. Sinon, nous n'avons rien contre sa personne. Cependant nous avons peur de son mode de gouvernement. Nous avons subi plus d'une semaine durant l'interruption de l'eau et du courant. Le jour où les avions ont attaqué Korhogo fut très difficile pour nous tous. Deux de nos enfants qui venaient d'enterrer une de nos s?urs ont été lâchement abattus dans un cimetière à Abidjan. Quelle réaction Gbagbo a-t-il eu face à ces exactions ? S'est-il indigné de l'arrivée de avions à Korhogo parce que c'est le village de Gbon ? S'est-il élevé contre l'assassinat de nos enfants qui sont des membres de la famille Gbon ? Quand la crise a commencé, j'étais à Abidjan avec certaines de mes soeurs. Pendant neuf mois nous nous sommes cachées avec la peur d'aller à la mosquée ou même de parler notre langue dehors. C'est Amadou Gon qui nous a aidées à revenir à Korhogo par avion en passant par le Mali. La famille ne s'est pas encore rapprochée de Gbagbo et voilà ce qu'il nous fait vivre. Qu'en sera-t-il si nous étions parmi ses proches. En tant qu'être humain, nous aimons tout le monde comme nous-mêmes. L'homme n'est rien s'il n'aime son prochain, rien s'il n'accepte pas l'étranger, rien s'il ne respecte pas les autres. Donc, nous ne détestons pas Gbagbo. Mais, pour tout ce qu'il nous a fait vivre, nous nous méfions de lui. Chacun est libre de son choix politique mais, nous ne pouvons demander à personne de voter Gbagbo. Si nous le faisons, l'esprit de Gbon va s'interroger sur notre geste.
Que le pays retrouve la paix.

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