mardi 3 novembre 2009 par Le Temps

Dans le processus du recensement électoral, la France et le Rhdp se voulaient plus malins... Finalement, ils ont été pris à leur propre piège.

Il y a des candidats qui disent qu'il ne faudrait pas vous laisser éliminer des listes électorales. Mais, je voulais leur répondre que ce n'est pas moi qui ai été chercher la Sagem. Ce sont eux qui n'ont pas confiance dans leur pays, et qui sont allés chercher une structure privée et étrangère. J'ai dit qu'il n'y a pas de problème, parce que moi, je ne crains rien. La Sagem a travaillé et elle dit qu'il y a 1911000 personnes qu'on ne retrouve pas. Ce que la loi dit, c'est qu'on doit maintenant afficher la liste provisoire électorale. Même dans mon village, il y a 150 personnes qui ne sont pas sur la liste. Est-ce que j'ai dit aux gens de Mama de faire la bagarre ? Allez leur dire que le temps des bagarres est fini.

Maintenant, c'est le temps des élections. " Le samedi dernier, au Complexe Jessy Jackson de Yopougon, comme on le dit à Abidjan, Gbagbo a tout dit avec la franchise qu'on lui connaît. Parce que dans le marigot politique ivoirien, tout le monde est blanc, sans faute. Même les mains manipulatrices ensanglantées et prises sur les lieux du crime. Dans la crise ivoirienne, l'opposition qui veut se donner une virginité trompeuse, joue à fond la carte de l'Hexagone. Avec un discours et des actes qui plaisent bien à la grande France colonisatrice. Avec eux, tous les moyens sont bons pour arriver et se maintenir au pouvoir. Oubliant qu'au niveau de l'élite africain, le débat qui a cours, est l'indépendance totale de l'Afrique. C'est cette aspiration qui est charriée par la jeunesse ivoirienne. Mais jamais Bédié et Ouattara, n'ont une fois daigné aborder ce sujet-là. Pas un meeting, pas une interview pendant lesquels ils ont parlé de souveraineté de l'Afrique. Evidemment, sur ce terrain, ils ne sont pas à l'aise, de peur de heurter la sensibilisation de la France qui compte sur eux pour mieux faire main basse sur la Côte d'Ivoire. C'est pourquoi, dans le processus de sortie de crise, lorsqu'il s'est agi du recensement des électeurs, ils ont juré fidélité à Paris. Pour imposer Sagem, une multinationale française. Un complexe ? Peut-être. Mais c'est surtout une soumission aveugle à l'empire pour ce que tout le monde sait, Bédié et Ouattara qui ont géré ce pays au plus haut niveau, et qui savent donc l'expertise des structures comme l'Ins et même le Bnetd, se sont battus avec acharnement, pour que Sagem ait le jackpot dans ce processus. Plusieurs dizaines de milliards de francs Cfa sont donc allés dans les caisses de cette entreprise. Pour un travail qu'une structure ivoirienne pouvait faire à moindre coût. Pour donner du poids, à leurs discours, Bédié et Ouattara ont donné une dimension sombrement politique à une affaire qui était pourtant loin de l'être. " L'Ins est à la solde de Gbagbo ". A-t-on entendu au moment du choix. En imposant Sagem, N'Zuéba et son compère, voulaient certes faire plaisir à Paris. Mais en arrière-plan, il y a aussi l'idée de faire un bourrage du listing électoral avec du bétail qui leur offrira le pouvoir sans difficultés. C'est pourquoi, pendant le recensement électoral, des non Ivoiriens, malgré les campagnes de sensibilisation se sont fait inscrire. Sans pourtant en avoir en droit. La démarche étant d'importer en Côte d'Ivoire, la technologie estampillée Sagem qui a marché ailleurs.

Malheureusement pour eux, la Côte d'Ivoire ne sera jamais la Rdc. L'Etat ivoirien n'est pas dupe pour abandonner tout à la Sagem. L'Ins qui exporte aujourd'hui, son expertise en la matière a eu aussi son mot à dire. Après tout le travail, avec l'étape du croisement des fichiers, plus d'un million de personnes sont des cas douteux. En clair, des fraudeurs potentiels. Sur ce cas, la loi est bien claire. La liste doit être affichée sans eux. Plus simplement, ces personnes ne prendront pas part aux élections. Mais comme au Rdr, on a une peur bleue des élections, Ouattara a ressuscité le chiffon rouge de l'exclusion. En prêchant partout que plus personne ne sera exclu de la liste. Pourtant, dans ce processus, les portes des bureaux de recensement ont été fermées à des millions d'Ivoiriens. On voyait parmi eux, des partisans de Gbagbo. Paradoxalement, cela n'a pas heurté la conscience de la France qui entonne aujourd'hui, la chanson de Ouattara, pour dire qu'il n'y a jamais eu de liste parfaite.

Et donc, d'aller aux élections avec ce bétail qui n'a aucune trace sur aucun fichier. Une démarche pas digne d'un Etat moderne. La France et l'opposition pensaient piéger Gbagbo. Mais, ils sont pris à leur propre piège.

Guéhi Brence
gb08301660@yahoo.fr

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