mardi 3 novembre 2009 par Le Patriote

Les opérateurs économiques du Nord de la Côte d'Ivoire auraient décidé d'apporter leur soutien au Président Laurent Gbagbo. C'est ce qui ressort de la rencontre qui a eu lieu le vendredi dernier à Yamoussoukro. Relayée par le quotidien Fraternité matin des samedi et dimanche derniers, cette information a fait l'effet d'une bombe. Mais aujourd'hui, les commentaires vont bon train quant au choix opéré par ces hommes d'affaire sur la personnalité de Laurent Gbagbo. De sources bien introduites, ces opérateurs jurent la main sur le c?ur qu'ils ne sont pas allés apporter leur soutien au chef de l'Etat mais que le journal pro-gouvernemental a tronqué l'information. Si tant est que ce journal a tronqué l'information, que sont allés faire alors ces personnalités jusqu'à Yamoussoukro ?
Pourquoi ne font-elles pas de déclarations pour démentir l'info ? En tout cas, ce silence est troublant d'autant que les militants des partis d'où sont issues ces personnalités attendent des explications. Mais à l'analyse, l'on se rend compte effectivement que ces opérateurs économiques ne jouent pas franc jeu avec leur parti politique respectif. Ils y étaient selon des sources pour ??signer des contrats'' avec le président Gbagbo. Pourquoi ? Pour bon nombre de ces opérateurs économiques, les activités sont soit à l'agonie, soit en veilleuse ou n'existe quasiment plus. Lorsqu'on prend le cas de Koné Dossongui, l'on se rend compte que cet homme d'affaires, malgré ses nombreuses activités, éprouvait certaines difficultés à honorer ses engagements. Des problèmes avec un associé au Burkina ont occasionné une décision judiciaire contre lui, étouffée par les autorités ivoiriennes.
A la tête d'un établissement bancaire épinglé par la Commission bancaire de l'Umoa, Dossongui a encore bénéficié de l'appui des plus hautes autorités de la Côte d'Ivoire. Dans sa conquête d'Air Ivoire, Koné Dossongui a eu à faire face à des concurrents très teigneux qui méritaient même de lui ravir la place. Mais au final, il a réussi à obtenir cette affaire suite à un ordre venu du sommet de l'Etat. Il n'y a pas longtemps, selon certaines indiscrétions, Koné Dossongui devait encore perdre Air Ivoire. Henriette Lagou, Pca de cette compagnie, proposait un autre schéma de privatisation qui aurait pu éjecter Koné Dossongui. Mais là encore, il y a eu une autre intervention en haut-lieu. Ouattara Zanga, grand opérateur économique qui faisait partie de la délégation du Nord qui a rencontré le chef de l'Etat a, lui, subi les affres de la guerre. Une dizaine de ces cars de transport a été incendiée et depuis 2002. Il n'a plus sa prospérité d'antan. Cette visite au président Gbagbo n'est donc pas fortuite. Même son de cloche chez Inza Diaby, de Stif. Ce grand opérateur a vu ses cars disparaître suite à une mauvaise gestion de ses affaires. Et depuis lors, l'homme ne s'est plus retrouvé alors que d'autres transporteurs prospèrent. Occasion donc rêvée pour expliquer ses déboires au chef de l'Etat. Samba Coulibaly, ancien de la Cidt (Compagnie ivoirienne de distribution du textile) lui, ne pouvait ne pas faire partie de cette délégation, puisque le Président lui a été d'un grand apport dans le règlement d'un litige avec la Loterie nationale de Côte d'Ivoire (Lonaci) dirigée par un cacique du Fpi. En outre l'ex-patron de l'Union régionale des entreprises de coton des savanes (URECOSCI), Soro Seydou est des opérateurs économiques que tient Gbagbo. Il a besoin d'une part de couvrir ses nombreuses malversations dans la structure cotonnière mais d'autre part il sera nommé bientôt conseiller économique. Pour ces opérateurs économiques, Gbagbo est comme un sauveur et ils lui doivent désormais tout. Ces mis en cause sont même prêts à faire sonner trompette et clairon pour lui. Car ils savent qu'en contrepartie, ils peuvent bénéficier d'abattements fiscaux, grâces fiscales, décaissements de sommes colossales pour redémarrer leurs activités. Cette rencontre était donc une occasion pour le président Gbagbo de démontrer à ces opérateurs qu'il a le droit de vie et de mort sur eux. Et qu'il peut les amener à recouvrer leur prospérité pourvu qu'ils acceptent de faire campagne pour lui. Quand on sait que de nos jours tout est guidé par l'argent, ces personnalités, ne croient plus en un idéal politique mais plutôt à un idéal pécuniaire. Et Gbagbo le sait si bien qu'il utilise l'argent pour les amadouer, eux qui sont désormais sous son parapluie financier tant qu'ils acceptent de jouer les griots pour lui.
Une action qui pue le chantage mais dont semblent s'accommoder ces opérateurs économiques qui ont perdu leur dignité. La plupart des vrais marchés sont les marchés publics en Côte d'Ivoire. Et cela, Gbagbo l'utilise pour avoir le contrôle des cadres de certains partis.
Jean Eric Adingra

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