lundi 2 novembre 2009 par Le Mandat

Une poubelle abandonnée, de la farine mal protégée, des mouches partout et des toilettes situées à moins de deux mètres de la cuisine. C'est cette situation d'insalubrité insoutenable qu'il nous a été donné d'observer lors de la visite de certaines boulangeries d'Adjamé. Le pain qui, de plus en plus occupait une place de choix dans l'alimentation de nos populations a aujourd'hui du mal à attirer les consommateurs. " Les farines utilisées dans la fabrication du pain sont parfois impropres à la consommation du fait de la présence de moisissures ", nous révèle un expert. En effet, ces nombreuses boulangeries installées aux arrières cours sont le plus souvent confrontées : à un déficit de matériels adéquats pour la fabrication du bon pain, à l'absence de formation pratique complète sur l'ensemble de la chaîne de fabrication, et au manque de moyen de distribution du pain. D'où le transport de ces aliments se fait quelque fois sur des bicyclettes, foulant ainsi aux pieds les règles élémentaires d'hygiène. " Comment peut-on libéraliser un secteur aussi sensible dans un pays en émergence ? ", s'interroge dame Kouamé Amenan Madeleine, fervente consommatrice de la farine. Et Djiro Benjamin de répondre : " Cette libéralisation a été faite à l'encontre des professionnels du secteur et aussi des consommateurs. Dans notre société en émergence, celui qui a l'espace peut fabriquer du pain et le livrer à toute personne désireuse de s'en procurer. " Nous sommes tous à la merci des faux boulangers. En somme, des gens qui sont animés par les gains faciles ", regrette le sieur Balla Samassi, cadre de banque. Dans cette grisaille, l'Etat est interpellé. " Le ministère du commerce doit jouer son rôle régalien en veillant à ce que les exigences légales s'appliquant aux denrées alimentaires et aux objets usuels soient respectées à toutes les étapes de la fabrication, de la transformation et de la distribution, et en particulier à garantir la protection de la santé humaine, ainsi que l'utilisation des denrées alimentaires et des objets usuels dans des conditions hygiéniques irréprochables. En d'autres termes, un cahier de charges doit être imposé aux professionnels de ladite filière. Lequel cahier devrait définir, à la longue, si ce monsieur doit continuer ou pas. Car, il faut éviter que cette libéralisation soit encombrante pour ceux qui viennent dans le secteur ", conseille notre interlocuteur. Pour réorganiser les 800 boulangers et pâtissiers de Côte d'Ivoire, la Fédération Interprofessionnelle des patrons boulangers et pâtissiers de Côte d'Ivoire annonce un recensement général des acteurs du secteur. En attendant, 4 millions d'emballages servant à la protection du pain, ainsi que des véhicules appropriés pour le transport de cet aliment sont en instance d'acquisition. " Les consommateurs doivent cesser de payer le pain dans la rue, mais au guichet de la boulangerie ", conseille Ahuili François, le premier responsable de ladite fédération.
Evariste Nguessan
nguevas@yahoo.fr

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