lundi 2 novembre 2009 par Le Quotidien

Le milieu du show-biz ivoirien est de plus en plus gagné par des artistes qui préfèrent séduire par le physique et les tenues attirantes.

Je crois que quand on est artiste, on met tout les atouts de son côté afin d'attirer mais surtout de plaire à ceux qui vous écoutent et vous regardent. Le métier d'artiste, c'est du marketing, il faut savoir se vendre. Moi j'utilise ce que j'ai de beau pour séduire. Ces propos sont de Dothy Z qui répondait à notre préoccupation de savoir ce qui motive son envie poussée d'exhiber ses jambes à chacune de ses prestations. Kandice renchérit de son côté : Je ne fais pas de la provocation mais j'adore être sexy. J'adore être regarder. Cette façon de penser et de paraître est épousée par plusieurs artistes ivoiriens qui ont décidé de se faire remarquer autrement que par leur seul talent. Choquer pour plaire, voici le credo de ce type de chanteurs qui n'hésite pas à innover, aussi bien dans des concepts musicaux, que dans la mise vestimentaire. En son temps, des paroles comme casses-moi le kpêtou là d'Erickson le Zulu, c'est dans la douche-là que papa à touché maman de Taboth Cadence ou encore debout kéi nan dedans-dèh de DJ Monkonzi accompagnées de danses frisant le striptease avaient inondé les petits écrans et les antennes des chaînes de radios. Des images langoureuses de clips vidéo, avec des artistes et des danseurs et danseuses abhorrant des tenues moulantes et très sexy ne se comptaient plus.

Ce genre d'attitude avait emmené les responsables de la Radiodiffusion télévision ivoirienne (Rti) à prendre une décision ferme pour interdire presque d'antenne tous ceux dont les tenues vestimentaires, les danses et les refrains laissaient à désirer. Mais cet ''embargo'' n'a nullement freiné l'ardeur des artistes adeptes des scènes et tenues osées. Chasser le naturel, il revient au galop, dit l'adage. Les tenus obscènes et les phrases vides de sens refont surface. Qu'est-ce qui explique une telle attitude ? Selon les sources issues du milieu musical, l'argent, la célébrité, l'influence des rythmes latino-américains et l'intérêt manifeste, de plus en plus grand, du public pour le sexe seraient les principales causes qui emmènent les artistes à opérer le choix de ''l'indécence''. Etre sexy, ça vend. Vous savez, avec la piraterie, les cassettes ne s'achètent plus, les producteurs se font rare, il faut donc faire preuve d'imagination, surtout pour les femmes que nous sommes pour plaire et se faire des gombos, explique B.T.K., conceptrice d'une danse qui se caractérise par le déhanchement. Aujourd'hui, des chanteuses de la nouvelle tendance comme Claire Bahi, Nastou, Shola Sticker, Shola Bobaraba, B.B. Truche, Ivoire Chocolaté, MJ 30ont réussi à tirer leur épingle du jeu et à se faire une petite renommée grâce à leurs atouts physique. DJ Lewis, Jean Jacques Kouamé, Gadoukou La Staret même Doh Kanon (le comédien qui campe le rôle d'homosexuel) sont aussi aimés pour avoir exhibé leur potentiel corporel, porté des fringues provocantes pour percer dans cet univers difficile du show-biz.

Attention au revers de la médaille

Ce qu'il faut cependant craindre, ce sont les effets néfastes de la désacralisation du sexe dans le showbiz ivoirien. Chanter, c'est surtout véhiculer un message. Cet aspect n'est plus mis en exergue avec les artistes adeptes des tenues osées. Le public est uniquement impressionné par la beauté du corps et non celle des compositions. Il y a aussi l'image de femmes légères ou d'hommes faciles qu'on prête à ces artistes. Des artistes dont nous taisons les noms ont avoué être victimes de harcèlement sexuel de la part d'homosexuels (pédé et lesbiennes), de voyeurs ou de certaines autorités qui ne demandent qu'à les entraîner dans leur lit. Ces m?urs débridées des artistes influencent aussi des adolescents, voire les tout-petits qui veulent les imiter. En effet, les artistes sont pris la plupart du temps pour des personnes qui, du fait de l'ultra médiatisation dont elles font l'objet, comme exemples. Le plus triste de tout cela est la mort programmée de la culture et de la musique de recherche. Ils sont nombreux, les mélomanes qui croient encore, avec ce qu'il est donné de voir, que la culture ivoirienne ne se résume qu'à sa première syllabe (cul).

Jean Marc Futhey

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