lundi 26 octobre 2009 par Nord-Sud

L'Abissa 2009 a débuté hier. Durant trois semaines, les populations de la première capitale de la Côte d'Ivoire vont renouer avec la tradition.

Le peuple N'Zima de Grand-Bassam va marquer un coup d'arrêt pour faire le bilan de ses actes et critiquer sa société à travers les festivités de l'Abissa 2009. Danse sacrée, l'Abissa apparaît comme une institution du peuple lagunaire. Agbroffi Diamoi Joachim, socio-anthropologue à l'université de Bouaké, et Kangah Ezoulé Miezan, professeur d'anglais dans le même institut, ont co-animé une conférence de presse samedi, à l'espace culturel Apolloni'art de Grand-Bassam, à l'occasion du lancement de cette fête. Les échanges avaient pour but d'indiquer les apports de l'Abissa dans la construction et le développement de la société N'Zima. Agbroffi Diamoi a souligné que deux actes fondent l'Abissa. Les critiques sociales des méfaits et la reconnaissance suivie de la récompense des succès. La critique concerne tout ce qui n'a pas marché au cours de l'année, notamment les actes et attitudes négatifs. Il s'agit aussi des comportements à l'origine des échecs et des imperfections. Pour ce qui est de la reconnaissance et des récompenses, il s'agit de reconnaître les prouesses, la formation et le développement des aptitudes, des qualités de façon publique et récompenser les auteurs. Le socio-anthropologue a souligné que cette manière de faire la critique incite la société à s'améliorer. Ce qui participe sur un fond démocratique à sa construction et à son développement. A en croire le professeur, la société N'Zima est un modèle dans ce sens, car vieux, adultes et enfants, sans aucune distinction, passent au peigne fin tout ce qui est fait au cours de l'année. A cet effet, il pense que l'Abissa a des aspects de développement qualitatif et quantitatif. C'est un acte louable qui mérite d'être vraiment analysé , a-t-il apprécié. Ailleurs, dans d'autres sociétés, dira-t-il, ce sont quelques personnes qui font les programmes de développement. Et quelques intellectuels font la critique au profit de la société , alors que chez les N'Zima, ce n'est pas le cas. L'Abissa a débuté hier avec le Siédou qui s'étend sur une semaine. Il précède la danse sacrée. C'est la période au cours de laquelle le tam-tam sacrée, l'Edo-Ngbolé (la voix grave, le tam-tam majeur), est retiré dans un lieu bien déterminé. Le 8e jour de sa retraite, il y a la cérémonie du Gouazo (manifestation publique) qui marque le premier jour de danse de l'Abissa. Le gouazo dure aussi une semaine. Durant cette période, l'Edo-n'gbolé fait son apparition sur la place publique. Pendant le Gouazo, il y a la journée des jeunes, suivie de celle de purification de l'Edo n'gbolé où le roi fait une première sortie. Ensuite suivront les journées des femmes, des travailleurs et des chefs coutumiers. Au soir de la danse sacrée de l'Abissa, il y a une deuxième sortie du roi. Et, l'Ewoudolê, (manifestation de joies à travers des cris et des chants) et le Boukezo annoncent la clôture de l'Abissa. A cet effet, le roi adresse son message de nouvel an à son peuple. Des groupes de danse N'Zima paradent, suivis de la présentation des v?ux des représentants des différentes couches sociales au roi. Le tam-tam sacré restera pendant trois semaines dehors avant de retourner dans la cour du chef de famille des N'Vavilé (les gardiens du tam-tam sacré).

Emmanuelle Kanga, Correspondante régionale

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