samedi 17 octobre 2009 par Le Nouveau Réveil

Norbert Navaro, (Rfi)
M le candidat Laurent Gbagbo, vous n'avez pas eu le temps de développer vos idées en matière internationale, je veux vous poser une question à ce sujet. Vous avez dit que la Cote d'Ivoire traverse en ce moment une période où on passe d'une phase à une autre. Mais moi, j'ai l'impression que c'est une bonne partie de l'Afrique de l'ouest qui passe d'une phase à une autre parfois de façon tragique avec tout près la Guinée ou le Gabon où les hommes passent et une page se tourne. Monsieur le candidat Laurent Gbagbo, quelle place envisagez-vous si vous êtes élu président de la Republique de nouveau, de donner à l'Afrique ? Quel rôle entendez-vous jouer en ce 21e siècle ? Et quelle relation comptez-vous entretenir avec les partenaires de la Côte d'Ivoire, notamment avec le premier d'entre eux la France ?
Je n'ai pas à répondre à la question sur la France parce que je crois que le premier ministre a répondu et a très bien répondu. Mais ce que je veux expliquer, c'est que le monde, depuis la 2e guerre mondiale, a connu une période dramatique qui est la période de la guerre froide. Qui a commencé dès que les alliés de l'ouest et de l'est sont rentrés dans Berlin, dès que les troupes américaines, anglaises et soviétiques sont rentrées dans Berlin. La guerre froide a pris fin formellement en 1989 bien que les boucliers anti-missiles de Bush nous aient rappelé à un moment donné les relents de la guerre froide. Heureusement et je le dis tout net, je suis d'accord avec la position prise par Barak Obama de ne pas implanter à nouveau ces missiles pour réchauffer inutilement l'atmosphère internationale. Mais pendant cette période, les pays développés ont tous sans aucune exception, y compris celui que vous avez cité, soutenu les partis uniques en Afrique. Et nous autres, nous luttions dans l'obscurité mais c'était les partis uniques qui régnaient. Aujourd'hui, nous sortons des partis uniques parce que la guerre froide s'est achevée. Donc nous tâtonnons, nous sortons de la guerre froide comme des poussins qui sortent des ?ufs. Et nos soubresauts que nous remarquons en Afrique sont des sauts d'enfants qui apprennent encore à marcher, ils tombent. Je ne suis pas inquiet pour l'Afrique, l'Afrique s'en sortira. Quand la guerre froide s'est arrêtée, on a dit des choses effroyables. Nelson Mandela qui était considéré comme un terroriste, on l'a sorti de prison et on lui a donné le prix Nobel de la paix pour le présenter comme le plus gentil de tous les hommes d'Afrique. Mobutu qui était encensé à Paris, New York, Washington, Londres, est mort dans une maison au Maroc, misérablement. Il a même demandé un visa pour rentrer en France dans ses maisons, on le lui a refusé. Savimbi qui était adulé, qui était soutenu, pour lequel on organisait des ponts aériens pour lui amener des armes, est mort sous un arbre. Donc le monde change et l'Afrique avec. L'Afrique est le dernier à changer. On a des soubresauts dans certains pays et là, mais tout ça, je vous donne rendez-vous, Monsieur le journaliste, dans dix, vingt ans et vous allez voir que l'enfant qui, hier, titubait, marche droit.
Excusez-moi, sur l'appellation président, candidat, moi je vais vous dire une chose, je suis président à 100% et je suis candidat à 100%. J'exercerai toutes mes fonctions de président de la Republique et j'exercerai aussi tous les attributs de candidat. Je suis président et je suis candidat.

Boga Sivori (Notre voie)
Monsieur le président de la République, avant de déposer votre candidature, vous avez envoyé 20 délégations parcourir la Côte d'Ivoire pour informer les Ivoiriens. C'est un fait inédit, Monsieur le président de la Republique. Quel sens donnez-vous à une telle démarche ?
Je vous ai dit que la période que nous connaissons est une période elle-même inédite, exceptionnelle. C'est la Côte d'Ivoire qui a été attaquée. Je ne suis pas assez orgueilleux pour dire que c'est Gbagbo Laurent qui a été attaqué. C'est la Côte d'Ivoire qui a été attaquée pour ce qu'elle est. Terre d'accueil, terre d'hospitalité, elle a été attaquée pour son essence. Et c'est ensemble que les Ivoiriens ont riposté, résisté. Tous ceux avec qui j'ai résisté depuis 2002, il était important que je les informe, que je demande leur avis sur mon intention de briquer une autre candidature parce que c'est ensemble que nous allons encore continuer ce combat. Voilà pourquoi j'ai envoyé des délégations partout, les nouvelles qui nous sont revenues sont bonnes, c'est pourquoi je suis devant vous ce matin. Nous qui avons fait ce pays, sommes candidats nous tous. Villageois, citadins, ouvriers, paysans, nous sommes tous candidats dans ma candidature et nous sommes candidats pour gagner.

Christophe Koffi (Afp)
Monsieur le président-candidat, lors de la récente visite du révérend Jessi Jackson, vous affirmiez attendre beaucoup de cette campagne électorale qui, selon vous, permet de mettre en exergue deux types de candidats, ceux qui défendent les intérêts vitaux de la Côte d'Ivoire et les autres. On sait dans quelle catégorie vous êtes situé. Après le dépôt de votre candidature, est-ce que vous estimez qu'il y a des candidats qui sont à la solde de l'étranger ?
Je ne vais pas vous mentir ni masquer ma pensée. Je pense que dans ce pays depuis 1945, il y a toujours des gens qui roulent pour les autres. Houphouët leur avait donné un qualificatif en 1946 que j'ai oublié. Jacques Chirac leur avait donné un autre qualificatif pour ceux de chez lui, il les a appelés les partis de l'étranger. Je pense qu'il y a des hommes dont l'existence politique ne repose que sur les liens qu'ils ont avec l'étranger. Moi, mes liens reposent avant tout sur les liens que j'ai avec la mère nourricière, la terre de Cote d'Ivoire et ses habitants. C'est ce que je peux dire aujourd'hui, je ne vais pas aller plus loin.

Adolphe Zadi (radio Ci)
Je voudrais exprimer une inquiétude. Je fais le constat que la liberté de circuler, d'aller et venir sur toute l'étendue du territoire national n'est pas encore totale. Récemment, il y a une mission conduite par Gervais Coulibaly partie à Korhogo pour investir des partisans du camp présidentiel a été arrêtée, elle a eu quelques problèmes avec des éléments des Forces nouvelles. Dans cette situation, est-ce qu'on peut aller aux élections ? On n'a pas encore commencé les élections qu'on a arrêté une mission.
Et puis, vous avez attendu le dernier jour pour déposer officiellement votre candidature. Qu'est-ce que vous voulez démontrer ?
Je crois que vous avez posé une question et je vais répondre à celle-là. Parce que la deuxième, il y a un délai et je ne suis en dehors. Et chaque candidat s'arrange à l'intérieur de ce délai, donc je ne vois pas le bien fondé de la deuxième question. Donc je voudrais répondre à la deuxième question. Je voudrais dire ceci, nous sommes dans une zone où il y a eu beaucoup de guerres. Il y a eu 17 ans de guerre civile au Libéria, il y a eu au moins 6 à 7 ans de crise en Sierra Léone, la Guinée a été fréquemment ravagée par les incursions de la guerre civile du Libéria. Donc, nous sommes dans un pays où avant même notre guerre, les armes légères circulaient de façon surabondante. Avant notre guerre civile, il y a des délégations qu'on arrêtait sur les routes, il y a des gens qu'on arrêtait sur les routes. Donc il ne faut pas croire que c'est parce qu'on a déclaré qu'on va faire la campagne électorale, brusquement les armes vont disparaître, ce n'est pas vrai. Je serai un mauvais candidat si je vous le disais. C'est après les élections que nous allons résoudre le véritable problème du désarmement par les armes. Nous allons désarmer par les armes. Oui ! Mais on ne peut pas aujourd'hui être inquiet. Coulibaly Gervais est là, on l'a empêché d'aller, il est revenu, il va repartir. Vous-même vous pouvez partir à Korhogo si vous le voulez, vous pouvez aller jusqu'à Tengréla et revenir. Il s'agit aussi des jeunes gens qui ont faim et qui demandent des choses. Ce n'est pas ça qui va empêcher la Côte d'Ivoire d'avancer vers les élections, ce n'est pas ça qui va empêcher l'histoire de la Cote d'Ivoire de s'écrire. C'est après les élections que le vrai désarmement va arriver. On fera le désarmement telle que c'est prévu par la loi, dans les accords. Nous allons sécuriser. Les militaires, gendarmes et policiers sont prêts, c'est parce que nous n'avons pas beaucoup d'argent, nous attendons quelques jours avant les élections avant de les envoyer partout sur tout le territoire national. Donc partout il y aura des policiers, gendarmes, des gardiens de prison, partout il y aura des gens. Des incidents comme ça, il en aura encore mais ce n'est pas ça qui va empêcher l'histoire de la Côte d'Ivoire de s'écrire.


Mot de fin
Je vous remercie d'être venus, allez et dites partout que Gbagbo a déposé ses dossiers. Allez et dites partout que Gbagbo est candidat pour la Côte d'Ivoire, que le combat est engagé contre ceux qui n'aiment pas la Côte d'Ivoire. Allez et dites partout que la Cote d'Ivoire ne peut pas et ne doit pas perdre cette bataille.

Propos recueillis par Paul Koffi

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