jeudi 15 octobre 2009 par Le Temps

Tout porte à croire que la France se substitue à l'opposition ivoirienne. Sans penser à ce que cela pouvait susciter comme réactions, le Secrétaire d'Etat français à la Coopération, Alain Joyandet, a déclaré mardi dernier, sur une chaîne internationale, qu'il fallait " absolument " organiser l'élection présidentielle en Côte d'Ivoire, le 29 novembre, comme prévu. Ce discours n'est pas nouveau. C'est le refrain quotidien de l'opposition ivoirienne. Chaque fois que l'occasion lui est offerte. Sans exception, les leaders des partis politiques, réunis au sein du Rhdp, ne cessent de mettre la pression sur la structure en charge de l'organisation des élections dans le pays. Mais il y a une préoccupation : celle du cas litigieux des 2 752 181 individus enrôlés, qu'on ne retrouve sur aucun fichier historique de la Côte d'Ivoire. Ont-ils pensé au temps que leur traitement pourrait exiger et qui pourrait même amener la Commission électorale indépendante (Cei) à bousculer, malgré elle, la date du 29 novembre 2009 ? Un report ? Ils n'en admettent aucun. Parce que leur directrice, la France, qui leur dicte et la conduite et les paroles, veille, la chicotte à la main. "J'espère que les élections qui doivent se tenir, qui devraient se tenir, en novembre se tiendront effectivement à ce moment-là. Je n'ai pas de voyage prévu en ce moment ". confiait le ministre français des Affaires étrangères, Bernard Kouchner, cette année même, à Dakar au Sénégal. A ceux des partis de l'opposition, comme le Mouvement des forces d'avenir (Mfa), qui ne trouvait aucune gêne que l'on décale la date d'un (1) ou deux (2) mois, juste le temps de parfaire la liste électorale, M. Joyandet rappelle : " quand il y a 6 millions et demi de personnes qui sont recensées en Côte d`Ivoire d'une manière sérieuse, peut-être qu'il n'y en a pas assez, mais en tout cas, ça permet d'organiser une élection qui soit le reflet de ce que souhaitent les Ivoiriens. Et je pense qu'il faut maintenant rapidement aller à cette élection et ne pas la reporter ". Précisant que " les listes ne seront jamais parfaites. Elles ne sont d'ailleurs nulle part jamais parfaites ". Une idée déjà exprimée par Alassane Dramane Ouattara, en d'autres termes. "Nul ne sera exclu de cette liste. Car c'est la liste de la vérité ", a déclaré Alassane Dramane Ouattara, président du Rdr, depuis Guiglo, le mardi 6 octobre dernier. Ce ne sera donc pas assez que de dire que la France se substitue à cette opposition. Même si elle reconnait que ce n'est pas à elle de faire en sorte que " le processus d'inscription puisse aller à son terme. Libre et indépendante est la Côte d'Ivoire, et nous tenons à ce qu'elle le reste ", de l'avis du premier des diplomates français. Pourquoi diable, ne veut-on pas laisser les citoyens de ce pays mener à terme leur processus électoral ? Pourquoi veut-on précipiter la Côte d'Ivoire dans des élections bâclées et dont les conséquences pourraient être énormes ? Si elle veut que ces élections soient contrôlées, et qu'elles puissent se dérouler dans des conditions de sécurité, cette même France doit pouvoir cesser de faire semblant d'ignorer ce qu'une élection sans une liste fiable, peut entraîner. Alors seulement, l'on pourra apprécier son retour en Côte d`Ivoire, avec beaucoup d'espoir et de fraternité.

Frimo K. Djipro
koukoudf@yahoo.fr

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