samedi 10 octobre 2009 par Notre Voie

Le microcosme politique ivoirien est agité par une sorte de débat surréaliste autour du report ou non de la présidentielle du 29 novembre 2009. Pour cause de retard dans l'exécution du chronogramme, il n'est pas impossible que le scrutin présidentiel soit de nouveau reporté. D'aucuns parlent du premier trimestre de l'année 2010. La Commission électorale indépendante, qui pilote tout le processus, n'a pu, ainsi que cela était prévu, publier les listes électorales provisoires pour que les partis politiques procèdent aux vérifications d'usage.

Or, tout le monde est d'avis aujourd'hui pour dire que la sortie de crise est conditionnée par des élections propres. Pour cette raison, tout doit être mis en ?uvre pour que le vote se passe dans de bonnes conditions, de sorte que le vainqueur, au soir de la tenue des opérations de vote, reçoive de la part de ses adversaires, les félicitations. Le Ghana, situé à un jet de pierre des portes de la Côte d'Ivoire, a donné un bel exemple lors de la compétition qui a vu la victoire du Pr John Atta Mills.

La Côte d'Ivoire, qui sort petit à petit d'une grave crise politico-militaire, ne peut se permettre un quelconque retour en arrière. Pour ainsi dire, elle est condamnée à parachever le processus de paix. Et les acteurs politiques sont au premier chef concernés. C'est pourquoi, on s'étonne que les présidents du RDR et du PDCI, Alassane Ouattara et Bédié, en l'occurrence, rejettent l'éventualité du report de l'élection présidentielle. C'est une question non négociable, disent-ils en ch?ur. Cette rigidité tend insidieusement à présenter le président Gbagbo comme celui qui refuse la tenue du vote.

Faut-il rappeler, à ce sujet, que sous prétexte que le directeur de cabinet du chef de l'Etat ivoirien, lors d'un séjour à Paris, a envisagé la possibilité d'un report de l'élection présidentielle, le président français s'en était pris vertement à son homologue ivoirien, le traitant d'indigne de confiance. Cette sortie n'était en rien justifiée dans la mesure où les élections ne sont plus organisées en Côte d'Ivoire par l'administration, comme c'est le cas en France.

Qu'à cela ne tienne, de tous les candidats qui briguent le fauteuil présidentiel, s'il y a un qui est le plus pressé pour la tenue du scrutin du 29 novembre 2009, c'est bien Gbagbo. Pour au moins trois raisons, le chef de l'Etat ivoirien souhaite, plus que quiconque, que le vote ait lieu dans les délais fixés.

D'abord parce qu'il voudrait recouvrer l'entièreté du territoire dont les Ivoiriens lui ont confié le destin. Lui-même l'a déjà dit, au plus fort de la crise. Ayant reçu de son prédécesseur 322 462 km2 de territoire, ce sont 322 462 km2 de territoire qu'il va léguer à son successeur.

Ensuite, il y a le fait que la guerre ne lui a pas permis de dérouler tout le programme sur lequel il a été élu. S'il gagne la prochaine élection présidentielle, ainsi que tous les signes le présagent, l'occasion sera fournie à Gbagbo de montrer qu'il est un redoutable joueur de ludo et de parachever le travail qu'il a entrepris, travail que des esprits chagrins ont stoppé brutalement une nuit de septembre 2002.

Enfin, tous les sondages qui ont été réalisés jusque-là donnent vainqueur le numéro un ivoirien. Que ce soit celui de TNS Sofres, Ipsos, Opi nionway et récemment Agitel Formation, tous donnent le président Gbagbo gagnant contre ses adversaires. Dans ces conditions, Gbagbo n'a aucun intérêt à man?uvrer pour un report. De tous les candidats, il est bien celui qui est le plus pressé à vouloir aller aux urnes. Il ne gagne rien à ce que les choses traînent. Ses adversaires le savent. Mais font preuve de mauvaise foi. Le retard abyssal qu'ils ont accumulé ne peut être comblé dans le laps de temps qui les sépare du 29 novembre 2009. Malgré le diable qu'ils ont au corps. Ce sont eux qui ont plutôt besoin de report pour essayer de refaire leur retard. L'honnêteté commande de le reconnaître. Mais ils veulent que les Ivoiriens prennent les vessies pour des lanternes.

Souleymane T. Senn
Journaliste

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