jeudi 8 octobre 2009 par Nord-Sud

Pas de commentaires . Laurent Gbagbo ne croyait pas si bien dire mardi au sujet de la liste électorale provisoire que venait de lui remettre la Commission électorale indépendante (Cei) via le Premier ministre.

Certains détails révélés par le président de la Cei, Robert Mambé Beugré, hier, en rajoutent aux surprises du traitement des données issues de l'opération d'identification et d'enrôlement. Plusieurs types de fraude ont été décelés, selon Beugré Mambé. Le premier concerne les personnes qui se sont fait enrôlées plusieurs fois avec la même pièce dans des lieux différents. Le deuxième met en scène une seule personne qui se fait enrôler avec plusieurs pièces, au même endroit ou en des endroits différents. Le troisième cas est sans doute révélateur des réalités sociologiques de bien d'Ivoiriens. Il s'agit de plusieurs personnes qui se sont fait enrôler avec une seule pièce (Par exemple à Abidjan et dans la région d'origine). C'est avec beaucoup de précautions que le président de la Cei a manipulé ce dernier type qu'il a qualifié de délicat car relatif à des problèmes sociaux bien connus . Et, il a recommandé de faire le moins de tapage autour. Chacun de nous sait d'où ça vient , a-t-il pris à témoin les représentants de partis politiques et la nation. Combien d'Ivoiriens n'ont-ils pas utilisé les pièces d'un frère cadet pour poursuivre les cours et intégrer plus tard l'administration sur concours ? Un sujet assurément délicat qui repose la question de la sécurité de l'état civil.

En plus de ces petits arrangements mis à nu, les chiffres obligent le pays à affronter une autre réalité sociologique et historique : le cas des 2 752 000 personnes enrôlées et introuvables sur la liste de 2000 et tous les fichiers historiques des Ivoiriens. L'on note bien que la question devient pesante. Si ces personnes vivent sur le sol ivoirien, comme le laisse croire l'opération d'enrôlement, quelle nationalité leur donner ? D'où les précautions prises pour expliquer le cheminement technique qui a abouti à ces résultats. Comme s'il s'agissait, pour Guillaume Soro et les structures techniques, de bien faire comprendre que les opérations de traitement n'ont été dirigées contre personne. Ensuite, le président de la Cei et le directeur général de l'Institut national de la statistique (Ins), Meleu Mathieu, ont proposé quelques pistes de réponse, sensées rassurer l'opinion. Mais, visiblement, il faudra plus pour y parvenir.

Au-delà du choc émotionnel consécutif à une telle découverte, il faut noter que s'ils sont utilisés à bon escient, les chiffres de la liste provisoire pourraient permettre au pays d'asseoir les fondations d'un Etat moderne. Ils indiquent que la numérisation de l'état civil est une nécessité de la bonne gestion de la population.

Surtout, la bonne résolution de la question des disparus , sera sans conteste l'un des socles de la nation ivoirienne. Et, la responsabilité des politiques est très grande de ce point de vue.

Kesy B. Jacob

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