jeudi 1 octobre 2009 par Nord-Sud

Les employés du ranch de la Marahoué sont dans la misère. L'Etat traîne vis-à-vis d'eux des arriérés de salaires estimés à un demi milliard.


Les 192 travailleurs du ranch de la Marahoué, à 75 kilomètres de Séguéla et à cheval sur les trois départements du Worodougou, Séguéla, Mankono et Kani, ne savent plus où donner de la tête. Ce n'est pas exagéré de dire que leur misère a atteint le seuil de la pitié. La rentrée scolaire qui se conjugue avec les problèmes financiers en rajoute au calvaire. Les concernés en sont venus à la conclusion qu'ils sont les damnés de la société. Sur le visage du personnel que nous avons rencontré dans la matinée du 25 septembre, se lit le désespoir. Le collectif des délégués du personnel dirigé par un principal, Mamadou Binaté est formel. Depuis 2003, l'Etat reste devoir 26 mois de salaire aux travailleurs. Au 23 juin 2009, les impayés s'élevaient à 455.325.187 Fcfa. Le tableau en termes de mois s'établit comme suit : 5 mois d'impayés en 2003, 4 en 2006, 2 en 2007, 9 en 2008 et 6 mois en 2009. Ces difficultés ont une grande incidence sur la production des travailleurs dans cette structure étatique. La démotivation gagne chaque jour du terrain et l'espoir d'un lendemain meilleur s'éloigne. Conséquence, la structure connaît aujourd'hui des problèmes. Dans un courrier de réclamation, au trésorier régional de Daloa, qui reçoit leur état de salaire et dont ampliation a été faite au président de la République, au Premier ministre, à plusieurs ministres et guides religieux, les travailleurs du Ranch n'ont pas manqué de dire que par esprit de patriotisme, ils ont bravé les armes pour défendre cette structure de l'Etat. Souvent au prix de leur vie, car 31 de leurs camarades travailleurs ont péri dans les conséquences de la guerre. Ce qui ne les a pas découragés à protéger ce patrimoine. Effectivement, les bureaux, logements, laboratoires, le centre de formation et le parc ont été épargnés. Outre ces acquis en matériels, les travailleurs ont pu sauver plus de 1.000 têtes de bovins. Important pour la relance de l'élevage post crise en Côte d'Ivoire. Pour les délégués, la situation inquiète, car c'est peu dire que plus de la moitié de leurs collègues végètent. Le 14 juillet 2008, la promesse qu'a faite le chef de l'Etat lors de sa visite à Séguéla, avait suscité un réel espoir chez les travailleurs. Mais celle-ci est restée lettre morte. A cette occasion, le président Laurent Gbagbo avait promis donner des instructions au gouvernement afin que la situation soit régularisée. Pour les travailleurs, le traitement dont ils sont l'objet les pousse à se demander s'ils ont eu tort d'être restés à leurs postes pendant la crise pour préserver ce patrimoine public. Le délégué principal et les travailleurs qui affirment avoir entrepris des nombreuses démarches en plus des courriers, se disent à bout du souffle. Et jusqu'ici, ils ne savent pas à quel niveau se trouve le n?ud de leur problème. Ainsi, souhaite-il rencontrer le chef de l'Etat pour que leur situation ait une solution. Cela leur permettra de quitter cette situation de désespoir total et d'être rétablis dans leur dignité devant leurs femmes, leurs enfants et leurs parents. Ce début d'année scolaire est un moment opportun et idéal. Car, ils ne savent pas comment scolariser les enfants. Selon M. Binaté, par manque de moyens financiers, des décès ont été enregistrés à domicile dans le rang des travailleurs du ranch qui sont à la merci de la maladie, de la faim. Le désespoir les ronge chaque jour. Une situation qui ne fait qu'affecter le rendement dans ce vaste patrimoine de 100.000 hectares et où plus de 3.000 bêtes sont encore dispersés depuis le déclenchement de la crise. Il faut noter que le ranch fournit des taurillons de traction pour la relance agricole après la crise. Il dispose d'un programme d'installation des jeunes éleveurs modernes de bovins dans la région. La belle cité que représentait le ranch avant la guerre est un triste souvenir. Les installations et le parc auto tombent en ruine, faute d'entretien. Les maisons de construction moderne sont désormais englouties dans les broussailles. Pas d'électricité, ni téléphone ni eau courante. Ce patrimoine de l'Etat a été créé en 1975. Il renferme 400 logements, des bureaux, des écoles lieux de culte, une maternité, des terrains de sports etc.

Bayo Fatim, Correspondant régional

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