jeudi 1 octobre 2009 par Nord-Sud

L'âge n'est pas forcément signe de sagesse, dit-on. Et Adjo Jean Annan donne pleinement raison à ceux qui soutiennent cette thèse. Sous le poids de ses cinquante six ans, ce vieil homme né à Dabou n'a pas encore fait preuve de sagesse. Il a usurpé le titre de pilote d'avion. En effet, Adjo Jean s'est fait passer pour un ancien pilote de la compagnie aérienne Air France. Nanti de ce pseudo-titre, il arpente les rues de Yopougon avec une sacoche bourrée de documents. Annan vend l'illusion à tous ceux qui ont le malheur de se mettre sur son chemin. Il promet du travail à ses clients au Port autonome d'Abidjan (Paa). Selon Zouzoua Patrice, une de ses victimes, le faux pilote lui a fait croire qu'il a des liens très étroits avec Marcel Gossio, Directeur général du Paa. La mayonnaise prend. Il m'a présenté des documents authentiques pour étayer son argumentation. Cela fait trois ans que je suis à la recherche d'emploi. C'était donc une occasion en or pour obtenir du travail, affirme Zouzoua qui tombe ainsi dans le panneau. Annan lui donne la certitude qu'il peut décrocher le job. Néanmoins, celui-ci doit une contrepartie financière. Je lui ai remis 20.000 Fcfa pour les frais de dossiers. Sans compter, ses pourboires à chacune de nos rencontres pour faire le point de la situation. Mais au finish, aucun résultat. Je n'ai pas eu le travail espéré. Mon argent est aussi parti à l'eau, déplore-t-il. Comme Zouzoua, dix autres personnes connaissent la même mésaventure. Au total, Annan, empoche 220.000 Fcfa soit 20.000 Fcfa par personne et par dossier. Il prend par la suite la poudre d'escampette. Ces événements se déroulent en mai. Ainsi, Annan se livre au jeu du chat et de la souris. Et ce jeu de cache-cache entre lui et les victimes va durer quatre mois. Le 14 septembre en début d'après-midi, Zouzoua démasque le vieil homme escroc dans un maquis, à Yopougon-Camp Militaire. Appréhendé, il est conduit au commissariat de police du 19ème arrondissement. Annan reconnaît les faits d'escroquerie et d'usurpation de titre. A la barre du tribunal des flagrants délits à Yopougon, il fait son mea-culpa. Visiblement épuisé par les quinze jours de détention préventive, Annan aannonce d'un ton faible. Je voulais avoir un peu d'argent. Je suis malade et je n'ai pas d'argent pour me soigner. Je vous en prie, pardonnez-moi, ne cesse de plaider le prévenu tout en soutenant qu'il regrette profondément son acte. Le parquet demande la peine maximale : six mois fermes. Mais, la présidente du tribunal coupe la poire en deux. Annan purge une peine de trois mois fermes. Il doit verser, à sa sortie de prison, la somme de 220.000 Fcfa aux plaignants constitués partie civile. Cette expérience va-t-elle assagir Annan ?

OM

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