mercredi 30 septembre 2009 par L'intelligent d'Abidjan

Suite à l'arrestation de Dr Louis Esmel Amari, président de l'Eglise protestante méthodiste de Côte d'Ivoire par le Préfet de Dabou M. Zogbo Ahipeaud, les fidèles Protestants sont descendus, le lundi 28 septembre 2009, dans les rues pour exprimer leur mécontentement à l'administrateur civil. A cette occasion, Serge Agnero, membre du bureau politique du FPI, cadre de la région et président de ?'Racine'' s'est prononcé sur cette arrestation qui perturbe fréquemment la quiétude de Dabou. Pour lui, le responsable des tensions n'est autre que le Préfet M. Zogbo. Et il en appelle à son remplacement. Entretien M. le président, pourquoi avoir attendu si longtemps avant de prendre ce problème des protestants méthodistes à bras le corps ? Je voudrais d'abord vous dire que je suis catholique. Je peux vous dire que je fais partie de ceux qui ont lutté avec Laurent Gbagbo pour donner non seulement la démocratie mais, pour rendre la Côte d'Ivoire souveraine. Par conséquent, tout homme dans ce pays doit être libre. Donc, c'est une affaire dont j'ai été informé par l'un de mes amis qui m'a dit que quelque chose se passe à Dabou entre l'Eglise protestante méthodiste et l'Eglise méthodiste unie. Et je lui ai dit que je ne souhaite pas qu'il y ait un problème de guerre religieuse parce que ce sont des situations qu'on n'arrive jamais à maîtriser. C'est le dimanche 27 septembre 2009 au soir que j'ai été saisi par l'ami conseiller économique et social qui m'a dit que le préfet vient d'arrêter le leader de l'Eglise protestante méthodiste. En même temps, j'ai saisi le préfet pour lui dire de le libérer parce que la période est trop sensible pour qu'on procède à des arrestations arbitraires. Si le préfet procède à des arrestations arbitraires, c'est qu'il est contre le pouvoir en place. Parce que Laurent Gbagbo, avec cette période sensible, n'est pas celui qui doit venir libérer ceux qui sont arrêtés arbitrairement. Moi, je suis un leader ici à Dabou. Cela ne se décrète pas. C'est Dieu qui choisit ses leaders et dans tous les villages Adjoukrou, je suis sollicité. Je ne peux pas admettre qu'il y ait beaucoup de bruits. Le préfet ne m'a pas écouté. Et vous avez vu ce matin, la mobilisation des fidèles. Je ne serai pas venu à Dabou, le préfet ne serait pas sorti vivant de son bureau. Moi, ce que je demande au président de la République, c'est de le muter le plus rapidement possible pour qu'on ait des élections apaisées. Si ce préfet reste à Dabou, le jour des élections, il y aura une guerre parce que d'abord, il est fondamentalement Rdr. Dès l'instant qu'il est Rdr, un parti putschiste, le préfet ne peut que créer des situations de putsch. Je suis catholique et je suis venu soutenir les protestants parce qu'ils sont dans la vérité. Je ne suis pas les gens parce qu'ils ont l'argent. Mais, on dit que la Côte d'Ivoire est un Etat laïc où chacun est libre de prier comme il veut. Moi, ce qui me réconforte c'est que pendant cette guerre, il a fallu les hommes de Dieu pour ramener notre pays à la situation normale. Parce qu'au moment où on attaquait, on n'avait pas d'arme. Donc, je crois fermement en Dieu et en l'Homme créé à l'image de Dieu. D'abord, on ne pas pas dire qu'on gère les gens et quand ils ont des problèmes, on reste à Abidjan pour les gérer. C'est pourquoi, je suis avec eux ici, à Dabou sous le soleil. Les marcheurs ont décidé de camper jusqu'à ce que le préfet quitte la ville de Dabou. Que leur avez-vous dit ? J'ai pu obtenir d'eux de ne pas camper ce soir (lundi 28 septembre 2009). Que le préfet comprenne que c'est un avertissement et que le peuple Adjoukrou est pacifique. Quand ce peuple ne peut plus accepter, personne ne peut l'arrêter. Nous avons dans notre culture la démocratie la plus achevée parce que chez nous, le passage d'un pouvoir à un autre se fait non seulement en douceur, mais en or. C'est pourquoi, je demande au président de la République de se saisir de ce problème-là, lui-même. Je pense que dans ce problème, il y a trop de parti pris. Lui, comme moi nous regardons et nous savons que nous n'avons pas droit de prendre parti. Et le préfet, dès l'instant qu'il a pris parti pour un groupe de population, il n'est plus préfet. Je ne le considère plus comme préfet. Quelle a été sa réaction ? Il n'a pu dire un seul mot car il ne sait quelle lutte nous avons menée. Je voudrais vous rappeler pour l'histoire qu'en 1990, j'étais avec Gbagbo à Korhogo et Bombet a eu les mêmes problèmes, les mêmes comportements. Nous lui avons dit de quitter la ville dès lors qu'il a pris position pour le Pdci, nous ne pouvons plus le respecter et nous sommes restés à Korhogo jusqu'au lendemain matin. Ce préfet de Dabou tant qu'il prendra position pour une partie, je ne pourrai plus le considérer comme préfet de ma ville. Que savez-vous des actes peu recommandables posés par le préfet ? Le préfet a toujours choisi un chef à sa solde au détriment de celui mis en place par les populations. Rien qu'à cause des ristournes. Un tel préfet n'arrange pas le président de la République. Parce qu'il a créé des conflits dans tous les villages. Je peux citer infiniment les villages. A Yassap, Youbline, Gbogol, Ousrou, Badjam, il a créé les mêmes problèmes. A Okpoul, il a créé des problèmes plus graves en destituant le chef qui a été élu devant Mme le sous-préfet. Le préfet a fait remplacer le chef élu par un arrêté en appelant Benso pour le remplacer et former un bureau. Peut-on avoir une certaine idée de la date de son départ ? Lui-même doit prendre sa décision et démissionner. On ne démissionne jamais en Côte d'Ivoire... Les gens ne démissionnent pas parce qu'ils n'ont aucune dignité. Je ne suis pas le seul cadre de Dabou, mais je suis le seul à être avec les protestants. J'ai été malheureux d'apprendre que le maire et le président du conseil restent inertes face à ce problème jusqu'à ce qu'ils attendent qu'ils soient informés officiellement. Toute chose que je condamne avec la dernière énergie parce qu'ils ont failli à leur mission. On prend des religieux pour aller mettre en prison et ils ne disent rien. Ces religieux ont fait quoi ? Ils ont tué qui ? Ils ont volé quoi ? Ils ne prêchent que la parole de Dieu. Je voudrais qu'on retrace l'histoire des protestants et des unis pour savoir qui a raison. Dès lors que le bishop a reconnu qu'il n'y a pas d'assemblée générale pour changer le nom de l'Eglise, le bishop n'a fait que ce qui est réglementaire. Dès qu'il n'y a pas eu d'assemblée tout ce qu'il a fait est nul et de nul effet. Malgré cela le tribunal les a renvoyés dos à dos... Je suis malheureux de savoir que mon tribunal envoie les gens dos à dos sachant bien que la vérité est quelque part. Aucun tribunal ne peut renvoyer les gens dos à dos. Ici, il y a un délit pénal parce que le nom a été changé unilatéralement. C'est qu'il y a du faux. On ne va pas condamner Jésus et libérer Barabas.
Propos recueillis par M. Ouattara à Dabou

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