mardi 22 septembre 2009 par Notre Voie

La police des airs et frontières a pris des dispositions pour sécuriser le passeport biométrique. Jeudi 10 septembre 2009. Sûreté nationale, il est 11 heures. Les couloirs du service passeport sont engorgés. L'on nous indique que ce décor prévaut au quotidien dans cette administration placée sous l'autorité du commissaire Blé Gisèle, sous-directeur de la police des airs et frontières, depuis l'institution du passeport biométrique le 31 juillet 2008. Le précieux document, indispensable pour tous les Ivoiriens qui aspirent à sortir de la Côte d'Ivoire, remplace le passeport ordinaire dont la validité expire le 31 décembre prochain. Au milieu de la foule de requérants, D. F., la quarantaine révolue, tente de se frayer un passage pour entrer dans un des bureaux. C'est celui du lieutenant Tiégnon Blaise, coordonnateur du service passeport. Il en ressort cinq minutes plus tard, l'air préoccupé, voire soucieux. Après quelques instants de réflexion, l'homme décide de s'en aller en marmonnant. Nous l'approchons pour en savoir un peu plus sur ses préoccupations. Croyant certainement avoir affaire à une âme secourable, D. F. se confie à nous. Je cherche depuis un mois à me faire établir un passeport biométrique. Les gens me disent de venir avec mes parents. Je n'ai pas de parents à Abidjan. Ils (ndlr : les parents) sont tous à Odienné. Le temps et les moyens ne suffisent plus pour aller chercher un parent à Odienné. Je dois voyager lundi, explique-t-il. D. F. n'est pas seul dans cette situation. Il ressort de nos investigations que plusieurs pétitionnaires sont soumis à audition après examen de leurs dossiers. Sont concernés par cet exercice de routine, les personnes dont les dossiers présentent des anomalies ou nécessitent des compléments d'informations.

Des noms et autres mentions saisis sous des caractères différents, des documents administratifs visiblement falsifiés, des signatures d'autorités imitées, des photos scannées qui cachent mal les marques de la fraude, etc. K.K., ressortissant du département d'Aboisso a vu son dossier recaler pour complément d'information. Il devra lui aussi passer en audition. Un officier de police, rencontré sur l'un des quatre sites d'enrôlement établis à Abidjan, précise sous le couvert de l'anonymat que l'audition et les enquêtes subséquentes ne sont pas dirigées contre une catégorie de personnes : Tout le monde est susceptible de passer à l'audition. Que vous soyez originaire du Nord, du Sud, du Centre ou de l'Ouest, si votre dossier présente des anomalies ou des insuffisances on vous auditionne.

Les propos de l'officier seront étayés par des exemples assez éloquents donnés plus tard dans le milieu des demandeurs du passeport. Il est revenu, en effet, que de nombreux pétitionnaires originaires du Centre, de l'Ouest et du Sud du pays ont été soumis à l'audition. Tout le monde vient ici. Moi, mon nom, c'est Tapé. On m'a dit de venir avec un parent. J'ai faits venir mon oncle d'Issia qui a témoigné. Il n'y a pas eu de problème, témoigne un pétitionnaire qui a reçu son passeport après s'être soumis volontiers à l'audition. Bien entendu, l'opération n'est pas couronnée de succès pour tous les auditionnés. Certains esprits malins, qui tentent de se faire délivrer indûment le passeport biométrique, tombent généralement dans les filets des fins limiers de la police des airs et frontières. Dans ce chapitre, nos sources révèlent qu'environ 30 à 50 faux dossiers sont démasqués chaque jour. Dans la foulée, une vingtaine de fraudeurs ont été arrêtés et traduits devant les tribunaux. Il s'agit généralement d'étrangers qui se font établir des papiers ivoiriens pour postuler au passeport biométrique. Les non-nationaux bénéficient dans la plupart des cas de la complicité des Ivoiriens. Un Congolais pur sang qui s'est octroyé une mère yacouba avec la complicité de sa copine ivoirienne a subi la rigueur de la loi. Un autre quidam répondant aux initiales de T.M., passé maître dans la confection de fausses pièces d'identité et les faux témoignages lors des auditions, a été conduit à la MACA (Maison d'arrêt et de correction d'Abidjan). T.M a comparu comme témoin pour plusieurs personnes auditionnées avant son arrestation. Véritable cerveau de la fraude sur les documents administratifs, T.M avait un grand registre où étaient fichés tous ses clients. Le gros lot des requérants aux dossiers douteux préfère s'évanouir dans la nature quand la procédure de vérification est enclenchée. La liste est loin d'être close vu que les responsables de la sous-direction de la police des airs et frontières semblent bien déterminés à extirper les fraudeurs. L'objectif ici étant de sécuriser le passeport biométrique et rehausser l'image de la Côte d'Ivoire à l'extérieur.

Junior Dekasan

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